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Les démocrates du monde entier réunis à Tunis

swissinfo.ch

«La Tunisie est en transition, tout comme la démocratie directe dans le monde…» Ainsi commence la déclaration finale adoptée dimanche à Tunis au terme du 5e Forum global, placé cette année sous le thème «La décentralisation par la participation». Un bon résumé des quatre jours de débats qui ont réuni plus de 600 participants du monde entier et que swissinfo.ch a suivi heure par heure.


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La Déclaration de Tunis

Ce contenu a été publié sur La Tunisie change. Ainsi c’est le cas de la démocratie directe partout dans le monde. Nous somme Tunisiens, Africains, Européens, Asiatiques ou Américains, nous sommes venus de différentes communautés de partout dans le monde. Parmi nous il y a des scientifiques, des syndicalistes, des journalistes, des militants, des élus, des organisateurs d’élections, des dirigeants d’organisations…

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14h00, 17 mai: «Beslama!»

Reflet des débats du Forum, le texte de la déclaration finale a donné lieu à des débats passionnés entre les participants à propos des passages concernant la relation entre l’Islam et la démocratie.

«Il y a des personnes qui ont dit que la démocratie est impossible dans le monde arabe, clame finalement la déclaration. Mais nous sommes ici, en Tunisie, la première démocratie du monde arabe. Il y a des personnes qui ont dit que la démocratie et l’Islam ne sont pas compatibles. Mais, encore une fois, nous sommes ici, en Tunisie. Et nous avons entendu ici que les principes islamiques n’ont pas besoin d’être encontradiction avec la démocratie, et vice versa.»

S’il fallait résumer ce forum en cinq mots? Pour reprendre les termes de Joe Matthews, le coprésident de la manifestation: «Local, décentralisation, femmes, participation, Islam.»

La déclaration n’oublie pas non plus que les Tunisiens ont encore «un très long chemin à parcourir dans leur voyage vers une meilleure démocratie».

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Le prochain forum se tiendra sur l’autre rive de la mer Méditerranée, à Saint-Sébastien, en Espagne, du 19 au 22 novembre 2016. Au nom de toute l’équipe de swissinfo.ch, je vous dis donc à bientôt et vous remercie d’avoir suivi ce blog. 


12h30, 17 mai: Les participants veulent des municipales le plus vite possible

Après avoir voté pour l’interdiction des emballages plastique et la dépénalisation du cannabis, les participants au forum de Tunis se sont prononcés à 76% pour que des élections municipales soient organisées le plus vite possible en Tunisie, lors d’une expérience de démocratie directe par SMS et internet. Un vœu pieux: le vice-président de l’Instance supérieure indépendante pour les élections en Tunisie, Mourad Ben Mouelli, venait d’annoncer quelques minutes auparavant qu’il est impossible de donner une date pour la tenue du scrutin.


11h45, 17 mai: Aucune date pour les municipales, pas de référendum contraignant

Le vice-président de l’Instance supérieure indépendante pour les élections en Tunisie, Mourad Ben Mouelli, a déclaré qu’il n’était pas possible d’avancer une date pour les élections municipales avant que les textes de loi nécessaires ne soient élaborés.

Interpellé également au sujet du référendum, mentionné dans l’article 3 de la constitution tunisienne, il a aussi précisé que «la constitution ne permet pas l’organisation de référendum permettant la prise de décision». 


«Le Maroc est une démocratie de façade»

Le monarque accapare tous les grands pouvoirs, dénonce le journaliste marocain Ali Anouzla, de passage à Tunis, qui a connu la prison en 2013.

Où en est le Maroc?

Il y a une démocratie de façade. Le monarque accapare toujours les trois grands pouvoirs: législatif, exécutif et judiciaire. Dans les régimes autoritaires, les outils de la démocratie sont utilisés pour créer une démocratie de vitrine. Ces outils, ce sont les élections, la plupart du temps trafiquées, ou une certaine pluralité, mais qui ne reflète pas les grands courants de la société.

Vous permettez-vous toutes les critiques?

On doit oser. Le devoir d’intellectuels, de journalistes indépendants, est d’essayer de donner l’exemple et de toujours dépasser les lignes rouges.

Quel a été l’impact de la révolution tunisienne sur le Maroc?

Nous avons connu un mouvement populaire qui s’appelait le Mouvement du 20 février, qui a milité pendant presque une année pour des réformes démocratiques, pour plus de liberté. Malheureusement, nous n’avons pas pu obtenir beaucoup de réformes, mais nous avons dépassé le mur de la peur.

Où en est ce mouvement aujourd’hui?

Il reste toujours son esprit, qui nous donne l’espoir que demain sera meilleur qu’aujourd’hui.

Une révolution similaire à celle de la Tunisie est-elle possible au Maroc dans les prochaines années?

Je ne pense pas. Les ingrédients qui ont poussé les autres peuples arabes à se révolter sont là, mais le peuple marocain fait preuve de conservatisme. Il ne donne pas cet espoir-là de voir une vraie révolution survenir demain.


18h30, 16 mai: «On en a marre de la démocratie!» (étudiante tunisienne)

Youssef, Zaïri et Mohamed. La démocratie, ça vous parle? Benjamin Keller, swissinfo.ch

Le Forum mondial sur la démocratie directe moderne de Tunis se tient à l’Institut national agronomique (INAT). Il y a donc des étudiants sur le site. Allons à leur rencontre.

La plupart n’ont aucune idée de pourquoi une flopée d’étrangers (et de Tunisiens) a soudain fait son apparition au beau milieu de leur campus. «Nous n’avons pas été informés», s’étonne une jeune femme. Alors, quand on leur demande ce que signifie pour eux la démocratie directe… «Les municipalités?», tente une étudiante. «La démocratie, c’est évident, mais la démocratie directe…», sèche un autre.

Revenons-en donc à la démocratie tout court. «La démocratie, c’est la liberté dans tous les domaines», considère Mohamed, que l’on a interrompu pendant qu’il discutait avec deux amis durant la pause de midi, appuyé contre un mur. Ses collègues approuvent de la tête. Et en Tunisie, cette liberté existe-t-elle? «Pas complètement», répond Zaïri, assis sur le même mur. C’est-à-dire? Haussement d’épaules. La barrière de la langue n’aide pas.

«On en a marre de la démocratie, on ne fait que parler de ça!», lance une fille d’un autre groupe. «Non, on n’en a pas marre, objecte une camarade. Mais c’est encore en développement, on découvre.»

Peu ont participé aux dernières élections de fin 2014. Pourquoi pas? «Tous les politiciens promettent la vie en rose, ce n’est que du blabla», s’afflige un autre Mohamed. Mais encore? «C’est comme ça, on ne sait pas pourquoi», ajoute Imen à ses côtés. «On n’est pas intéressés», tranche Mohamed.

Allez, on vous laisse les étudiants. A demain pour le dernier jour à Tunis!

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«J’aimerais que les médias sociaux innovent»

Ce contenu a été publié sur En marge du débat sur l’état des médias sociaux en Tunisie, l’appel de Yassine Bellamine, journaliste du site d’information tunisien NawaatLien externe, fondé avant la révolution par des cyberactivistes.

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16h30, 16 mai: «Legalize it»

C’est oui à la dépénalisation du cannabis! Une courte majorité (55%) des démocrates réunis à Tunis l’a emporté. Question du jour: faut-il organiser des élections municipales le plus rapidement possible en Tunisie? Réponse demain, comme d’habitude.


15h30, 16 mai: Pourquoi la Tunisie a-t-elle réussi là où les autres ont échoué?

Pourquoi la Tunisie est-elle le seul Etat du «printemps arabe» à avoir mené à bien sa transition démocratique? Lors d’un bilan sur les workshops qui se sont déroulés à Tunis, Mehdi Ben Mimoun, coordinateur du comité local d’organisation du Forum sur la démocratie directe, a synthétisé quelques éléments de réponse: l’homogénéité de la société, le rôle de la société civile et des syndicats, le choix du consensus par les partis politiques et l’environnement international ont joué un rôle.

Les défis actuels? La mauvaise santé de l’économie, les menaces qui pèsent sur les libertés, l’influence de pays étrangers, l’essoufflement des révolutionnaires, l’argent sale, le retour des barons de l’ancien régime, le manque d’engagement des jeunes et le déséquilibre entre les régions. La démocratie directe peut fournir une solution à certains de ces problèmes, a conclu Mehdi Ben Mimoun.


swissinfo.ch a posé la question aux internautes tunisiens. Voici une sélection des commentaires reçus. 

– R.B.:  “La femme est devenue le principal objectif de guerre (rien qu’à entendre les discours à droite et à gauche de certains que je ne nommerai pas) pour la ramener à l’ère de l’asservissement, de la soumission, de l’obscurantisme, etc… Une guerre continue pour préserver ses droits acquis depuis la révolution. Heureusement que les bases de notre éducation n’ont pas fléchi, la femme tunisienne reste quand même intelligente, brave, responsable et avec une volonté de fer (en majorité)”.

– H.M.: “Ça nous a fait revenir en arrière, mais étant libres, instruites et fortes rien ne peut nous casser. Nous nous battons chaque jour contre l’obscurantisme et les idées extrémistes que les islamistes essayent de nous imposer”. 

– D.T.: “Nous avons appris et découvert beaucoup de choses qu’on avait ignoré surtout en politique: toutes les mensonges, les désinformations, les arnaques et j’en passe. La fourberie des wahabites, cette secte anti-Islam créée par les Anglais pour détruire le vrai Islam qui a tant apporté au monde. L’émancipation de la femme a commencé avec l’islam. L’Islam lui a donné respect, droit et égalité dans le savoir”.

– G.T.: “Il faut penser sérieusement à une première ministre ou à un président femme, c’est mieux pour la Tunisie. Plus que les hommes, les femmes ont accompli leurs devoirs en tant que citoyennes libres pour protéger les acquis de la nation contre l’obscurantisme et le fanatisme religieux. Elles travaillent dur dans tous les domaines alors que les hommes se baladent dans les rues et les cafés. Et sans créer de polémique, 80 pour cent d’entre elles ne sont pas génétiquement arabes”.

– S.B.A.: “La révolution a limité notre liberté. On se sent plus en sécurité le soir quand on sort pour se distraire…. La liberté de s’habiller a divisé les femmes qui ne sont plus unies comme à l’époque de Bourguiba…”


13h00, 16 mai: Le workshop sur les médias sociaux en six citations

Médias sociaux: la parole aux femmes. Au premier plan, Magdalena Karolak, de la Zayed University (Emirats arabes unis). Benjamin Keller, swissinfo.ch

«Il est quasiment impossible de garantir la fiabilité de l’information que l’on trouve sur les médias sociaux.» Asma Charfeddine, ingénieure en environnement au sein de la Fondation Heinrich BöllLien externe à Tunis

«Quand une information est répétée des centaines de fois en ligne, elle se transforme en vérité.» Magdalena Karolak, professeure assistante au département des études interdisciplinaires à la Zayed UniversityLien externe, aux Emirats arabes unis

«Depuis le temps que nous sommes censurés, nous nous censurons désormais nous-mêmes, dans la politique, dans la vie privée. Il faut essayer de soigner cette maladie d’autocensure.» Myriam Dkhili, secrétaire générale de l’Association tunisienne du modèle des Nations uniesLien externe

«Les médiaux sociaux échappent au contrôle du financement des campagnes électorales en Tunisie. Or, il s’agit d’un outil très important pour les partis.» Mouna Mathari, représentante du Front populaireLien externe, formation tunisienne de gauche

«Sur les médias sociaux, chacun y va de son analyse, ce qui amène une diversité que l’on ne retrouve pas sur les médias classiques.» Yassine Bellamine, journaliste pour le site d’information tunisien NawaatLien externe

«Une fois que les citoyens sentent qu’il n’y a plus d’enjeux, que la démocratie est devenue une affaire de politiciens, de médias et de multinationales, ils ne veulent plus y prendre part, ils se sentent impuissants.» Kenan Hadzimusic, en charge des programmes et des recherches de fonds au European Citizen Action ServiceLien externe à Bruxelles, en Belgique


«La situation est horrible en Egypte»

Invité à Tunis, l’activiste égyptien Wael Abbas explique que l’Egypte, qui a connu une révolution en 2011, subit des changements «dramatiques».

Où en est l’Egypte?

Tout est en pause. Le pays s’est fait détourner par les militaires. Il n’est pas possible d’exprimer son opinion, ni d’apparaître à la télévision. Des émissions ont été stoppées, des chaînes arrêtées, des journaux fermés. Des changements dramatiques affectent les citoyens sur les plans économique et sécuritaire. Le pays se détériore. La situation est horrible.

Quelle est votre vision de la démocratie?

Tous les Egyptiens devraient pouvoir participer à la prise de décision. Je ne crois pas au pouvoir militaire, au fait de ne pas avoir de parlement, de repousser les élections en permanence et de nous mener à la guerre au Yémen pour l’Arabie saoudite. Je crois à une démocratie dans laquelle nous pouvons savoir comment notre argent est dépensé, comment l’argent de l’armé est dépensé, comment l’argent qui nous est envoyé par l’Arabie saoudite et les Emirats est dépensé. Démocratie signifie aussi transparence. Je devrais pouvoir recevoir toute l’information que je souhaite du gouvernement sans que cela me soit refusé pour des motifs de sécurité nationale. Nous ne sommes pas des enfants, nous pouvons participer aux décisions qui concernent le futur de notre pays.

Vous n’avez pas peur de parler librement…

Je parle librement en Egypte également. Mais seulement sur internet, car je ne suis pas autorisé à m’exprimer à la télévision, ni à la radio, ni dans les journaux.

Ne craignez-vous pas d’être inquiété après cette interview?

Je n’espère pas, mais je m’en fous. Je dois dire ce que j’ai à dire. 


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17h30, 15 mai: La jeunesse tunisienne en danger

Rafik Halouani, du réseau d’associations tunisien Mourakiboun, lance un cri d’alarme en faveur des jeunes:

«La révolution était une révolution de jeunes. Quatre ans après, qu’ont-ils récolté? Le chômage a augmenté et les diplômés du supérieur ont moins de chance de trouver du travail que les autres! Une bonne partie d’entre eux n’ont plus confiance en l’Etat. Il y a aussi un excès au niveau de la loi. Il suffit de fumer un joint pour se retrouver en prison pour un an. Au même moment, les jeunes font l’objet d’un lavage de cerveau avec un financement étranger et le soutien de médias satellitaires. Sous l’ère Ben Ali, il n’y a pas eu une culture qui pouvait résister à ce bourrage de crâne qui incite les jeunes à l’extrémisme. On voit le nombre de Tunisiens qui tuent en Syrie ou en Irak. Les jeunes ne rêvent plus. Les jeux ne sont pas encore faits. Il est possible de corriger le tir, mais pas par des discours. Il faut permettre aux jeunes de s’engager dans des projets locaux afin qu’ils se sentent impliqués. Car aujourd’hui, les jeunes sont la catégorie de la population la plus faible en termes d’inscription sur les listes électorales.» 


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15h30, 15 mai: Oui à l’interdiction des emballages plastique

Le peuple du Forum mondial sur la démocratie directe moderne a tranché: les démocrates ont décidé à 85,61% – rappel: le vote se fait par SMS ou Internet – de bannir les emballages plastique de leur cité éphémère. Il est vrai que le sujet ne prêtait pas véritablement à controverse. Celui du jour sera probablement davantage disputé. Pour ou contre la dépénalisation du cannabis? Réponse demain. 


14h00, 15 mai: De la compatibilité entre Islam et démocratie

C’était l’un des points forts de ce 5e Forum mondial sur la démocratie directe moderne. L’atelier sur l’Islam et la démocratie a tenu ses promesses. Beaucoup de jeunes Tunisiens ont assisté à ce workshop qui a duré plus de quatre heures. Commençons par la conclusion: oui, l’Islam et la démocratie sont compatibles. Ou plutôt, ils ne sont pas incompatibles.

«La démocratie s’intéresse à la politique et l’Islam à la relation spirituelle entre l’être et le créateur», a synthétisé Lotfi Chedly, professeur à la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis, en s’élevant au-dessus des différentes approches. Il a souligné que le Coran est silencieux en ce qui concerne la politique. «Je ne vois donc pas d’opposition à ce qu’il y ait une séparation entre la religion et l’Etat.»

Pour Rached Ghannouchi, la démocratie directe existe déjà à la mosquée. Benjamin Keller, swissinfo.ch

Le cheikh Rached Ghannouchi, président du parti conservateur Ennahdha, deuxième force du parlement tunisien, a pris part à la discussion. De sa voix grave, profonde, il a dressé une longue liste de parallèles entre l’Islam et la démocratie. Le principe de la «choura», c’est-à-dire la concertation, la délibération, est à la base de l’Islam, a-t-il exposé. La démocratie directe? On la trouve dans les mosquées, lorsque les fidèles choisissent leur imam.

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Durant la séance de questions, quelqu’un a suggéré que le débat aurait été plus intéressant s’il avait traité de la démocratie et de la religion au sens large et non de l’Islam uniquement. C’est vrai, au fond, pourquoi l’Islam serait-il la seule religion monothéiste à être incompatible avec la démocratie?


09h00, 15 mai: Le menu

De retour à l’Institut national agronomique de Tunis pour une nouvelle journée placée sous le signe de la démocratie directe. Au menu: ce matin, le début des ateliers, avec notamment un workshop sur comment concilier démocratie et Islam, en présence de Rached Ghannouchi, le président du parti conservateur Ennahdha. Les femmes, les jeunes et les médias sociaux occuperont ensuite les débats, avant un workshop interactif animé par des journalistes et activistes influents venus du Maroc, d’Egypte, d’Arabie saoudite et de Tunisie. Sans oublier, bien sûr, le résultat du vote d’hier sur l’interdiction des emballages plastiques. Suspense…


«La gauche a toutes les chances de devenir une alternative réelle»

Le Front populaire, coalition de gauche, est la quatrième force du parlement tunisien avec 15 sièges sur 217, derrière le parti séculier Nidaa Tounes (86), les conservateurs d’Ennahdha (69) et l’Union patriotique libre (16). Entre deux conférences, le député Mongi Rahoui a répondu à trois questions.

Comment se porte la gauche en Tunisie?

Jusqu’à présent, elle stagne, mais elle a toutes les chances de devenir une alternative réelle aux prochaines élections municipales et aux législatives de 2019. Une part de la population est prête à adhérer aux principes de la gauche: les jeunes et les femmes.

Qui sont vos alliés au parlement?

Il n’y a pas d’alliance clairement dessinée, mais nous considérons de manière générale que sur les questions qui concernent les institutions, à savoir la mise en place de l’Etat civil, ce sont les modernistes, les civilistes comme Nidaa Tounes. Mais Nidaa Tounes a conclu une alliance contre-nature avec Ennahdha pour le pouvoir, qui le retient fortement.

Le Front populaire boycotte les séances consacrées à la loi sur la création du Conseil supérieur de la magistrature (un organe censé garantir l’indépendance de l’autorité judiciaire). Pourquoi?

Un certain nombre de dispositions sont anticonstitutionnelles et d’autres ne garantissent pas l’indépendance des juges et du pouvoir judiciaire. Cette loi ne reconnait même pas que le pouvoir judiciaire est un pouvoir. Les magistrats sont placés sous l’influence de l’exécutif. Le conseil comprend aussi des juges militaires, ce qui est anticonstitutionnel.


19h00, 14 mai: décentraliser, oui mais comment?

La nouvelle constitution tunisienne a été la star de cette première journée de discussions sur la démocratie directe à Tunis. Tout le monde s’accorde sur le fait qu’il faut impérativement transcrire ce texte en lois. Mais les solutions pour y parvenir restent à trouver. Les travaux du parlement avancent lentement.

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En Tunisie, la radio d’Etat se mue en service public

Ce contenu a été publié sur  «Avant la révolution de 2011, la radio tunisienne était un outil de propagande. Nous recevions l’actualité présidentielle prête à diffuser. Changer les mauvaises habitudes prend du temps.» Ce constat est dressé par Ali Menef Jelassi, 40 ans, directeur depuis août 2014 de Radio KefLien externe, l’une des cinq chaînes régionales de la radio publique tunisienneLien…

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Or, chaque loi semble plus urgente que la précédente. Exemple avec le chapitre 7 de la constitution qui a trait au pouvoir local, et donc à la décentralisation. Le dernier débat du jour lui était consacré. Plusieurs intervenants ont appelé à s’attaquer rapidement à la décentralisation et à hâter le pas pour que les élections municipales se tiennent le plus tôt possible.

Mokhtar Hammami, directeur général des collectivités locales au ministère de l’Intérieur, a quelque peu cassé l’ambiance. «La décentralisation n’est pas une recette à appliquer immédiatement. Nous devons procéder graduellement.» Il a évoqué une série d’obstacles à sa mise en place: manque d’argent, difficultés d’interprétation de la constitution, etc.

Et puis il y a eu cette perle lâchée par un intellectuel: «J’aurais voulu que pour parler de décentralisation, cette réunion ait lieu à l’intérieur du pays et non dans la capitale.» Allez, à demain à Tunis! 


17h30, 14 mai: le vote du jour

Les participants au forum s’essaient à la démocratie directe. Chaque jour, ils votent, via Internet ou SMS, pour un projet de loi proposé au préalable. Aujourd’hui, il s’agit de l’interdiction des emballages plastiques. Pour ou contre? Résultat demain. 


16h30, 14 mai: la constitution en débat

Plusieurs acteurs politiques et sociaux sont revenus sur le processus d’élaboration de la constitution tunisienne au cours d’un débat animé. Le texte adopté en janvier 2014, reconnu pour sa modernité et qui garantit plusieurs libertés fondamentales, a été le résultat d’un consensus entre le parti islamiste Ennahdha, qui était alors la principale force de l’Assemblée nationale constituante, et l’opposition, avec une ouverture sur la société civile et les experts.

«C’est une constitution pour tous les Tunisiens, tout le monde y a participé», s’est félicitée la députée d’Ennahdha Farida Labidi. Elle a ensuite subi les piques répétées de sa voisine de table Rim Mahjoub, de la formation d’orientation libérale Afek Tounes: «Heureusement que grâce à l’influence de la société civile, l’article qui prévoyait que la femme soit complémentaire de l’homme (que soutenait Farida Labidi, ndlr) a été modifié totalement!»

Même si la constitution est le fruit d’un compromis, il reste des dissensions à son propos, a souligné Mongi Rahoui, du Front populaire, coalition de gauche. «Nous sommes parvenus à un consensus sans pour autant trancher définitivement les différences d’interprétation. C’est ce que nous constatons aujourd’hui avec la loi de création du Conseil supérieur de la magistrature.» Le Front populaire boycotte les séances consacrées à cette loi, notamment parce qu’elle ne mentionne pas le «pouvoir judicaire» mais uniquement la «justice». Pour le Front populaire, il s’agit d’une volonté d’affaiblir ce pouvoir.


14h00, 14 mai: l’UE à la traîne

L’initiative citoyenne européenne ne fonctionne pas bien et la démocratie participative au sein de l’UE devrait être améliorée, a avoué le président du comité économique et social européen (CESE) Henri Malosse. 

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Ce Forum 2015 propose 14 ateliers destinés à approfondir différents aspects de la démocratie. Se déroulant pour la première fois dans un pays arabe, plusieurs thèmes auront trait à cette région du monde. Les participants traiteront notamment des relations entre démocratie et islam, de l’enseignement de la révolution tunisienne pour le reste du monde ou encore de la démocratie participative au Maroc.

Pour swissinfo.ch, le Forum de Tunis est l’occasion de lancer au niveau international son nouveau portailLien externe consacré à la démocratie directe (hashtag #citizenpower). Cette plateforme journalistique éclaire en dix langues les discussions, processus et défis actuels autour des thèmes des droits populaires, de la participation active des citoyens et de la démocratie participative. 

11h00, 14 mai: ouverture officielle

«La Tunisie est déterminée à assurer sa transition démocratique», a déclaré le Premier ministre tunisien Habib Essid, présent lors de l’ouverture. Il a exhorté à mettre en œuvre la démocratie participative dans les régions et les municipalités, comme inscrit dans la nouvelle constitution. Revenant notamment sur l’attaque du musée du Bardo, le chef du gouvernement a indiqué que «les moments difficiles» qu’a traversés le pays «n’ont fait que renforcer la cohésion des Tunisiens».

Le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) Houcine Abassi a également pris la parole. «Nous sommes au tout début du chemin sur la voie de la démocratie», a-t-il rappelé. Il a soulevé un certain nombre d’interrogations: comment assurer la solidarité entre les régions? Quelle politique régionale mettre en œuvre? Quelle politique locale mettre en œuvre? «Nous espérons que ce forum amènera des réponses à ces questions.»

Yadh Ben Achour, ancien président de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, et le socialiste suisse Andreas Gross, qui a conduit la délégation d’observateurs du Conseil de l’Europe lors des élections de 2011 et 2014, se sont livrés à un exercice historico-philosophique sur la notion de démocratie. Yadh Ben Achour a tenu à rappeler que la démocratie n’est pas liée à une culture en particulier. La Tunisie, première démocratie du monde arabe, l’a montré.

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L’avenir de la Tunisie passe par la décentralisation

Ce contenu a été publié sur La décentralisation figure aussi parmi les thèmes proposés lors du Forum global sur la démocratie directe moderne, qui a lieu à Tunis du 14 au 17 mai. Andreas Gross y prendra la parole en ouverture de la manifestation. Interview. swissinfo.ch: La Tunisie a de gros problèmes économiques et pour les gens, la situation est plutôt…

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15h00, 13 mai: sur les traces de la révolution

La veille de l’ouverture du forum, une dizaine de participants et organisateurs ont parcouru quelques lieux emblématiques de la révolution tunisienne du 14 janvier 2011 à Tunis, en compagnie d’un guide. Je me suis glissé parmi eux. Premier arrêt: la place Mohamed Ali, devant le siège de l’UGTT, l’Union générale tunisienne du travail, premier syndicat du pays et qui a joué un rôle clé durant la transition. D’ici sont parties des milliers de personnes le jour J pour rejoindre le ministère de l’Intérieur.

Nous empruntons le même chemin, en longeant l’avenue Bourguiba, l’artère principale de Tunis. Le ministère de l’Intérieur ressemble à un bunker. Etrange spectacle que celui de ce cube de béton gris entouré de fils barbelés et de barrières de sécurité se dressant au beau milieu de l’avenue la plus touristique de la capitale. Combien d’opposants ont été torturés dans ses geôles?

Quelques heures après que la foule se soit massée devant le ministère de l’Intérieur, Ben Ali fuyait la Tunisie. Sur la place du 14 janvier qui jouxte l’austère édifice, la grande horloge rouillée («Big Ben», comme la surnomment les Tunisiens) érigée par Ben Ali rappelle encore la dictature. Le gouvernement actuel a promis de la déboulonner pour remettre à sa place la statue de Habib Bourguiba, héros de l’indépendance en 1956 et premier président tunisien. Tout un symbole.

Les jours de cette horloge sont désormais comptés. swissinfo.ch

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