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Un plan d’action pour l’initiative Nansen sur les réfugiés climatiques

L'Afrique de l'Est a été frappée il y a quatre ans par l'une des pires famines de son histoire , forçant 350'000 personnes à fuir leurs maisons. picture-alliance

Avec d’autres pays intéressés, la Suisse veut renforcer la protection des personnes contraintes de fuir leur pays suite à des catastrophes naturelles et aux effets du réchauffement climatique. C’est le but de l’initiative Nansen lancée par Berne et Oslo qui vise à combler le vide juridique en la matière.

Plus de 100 pays se réunissent à Genève ce début de semaine pour achever une série de consultationsLien externe sur l’initiative Nansen, soit un «Agenda pour la protection des personnes déplacées dans le contexte des catastrophes et le changement climatique».

«L’ordre du jour est une boîte à outilsLien externe qui décrit le phénomène, identifie les lacunes de protection et montre des pratiques efficaces déjà mises en œuvre dans une certaine mesure au niveau régional», explique Sabrina Dallafior, cheffe adjointe de la division de la sécurité humaine au ministère suisse des Affaires étrangères (DFAE).

Trois années de consultations à travers le monde ont permis d’inscrire la question des réfugiés climatiques dans l’agenda international. Ce fut par exemple le cas lors de la 3e Conférence des Nations unies sur la réduction des risques de catastrophe, lors des dernières conférences sur le climat et au Sommet humanitaire mondial qui se tient en mai 2016 à Istanbul.

«Nos consultations ont montré qu’il existe une volonté politique croissante d’agir», dit le Suisse Walter Kälin, expert en droit international et envoyé de la présidence de l’Initiative de Nansen, basée à Genève.

Il y a encore du chemin à faire. Mais Walter Kälin souligne que les gouvernements des régions sinistrées en Afrique, en Amérique du Sud en Asie et dans les régions insulaires du Pacifique ont tenu à prendre des mesures politiques.

Walter Kälin exclut une réforme de la Convention de 1951 sur les réfugiés car il n’y a pas de consensus politique et parce ce que ce ne serait pas forcément utile.

«Le problème de l’élévation du niveau de la mer dans l’océan Pacifique n’est pas comparable avec les problèmes de sécheresse et de famine en Afrique», relève l’expert.

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Au lieu de cela, Walter Kälin plaide pour une approche régionale en harmonisant les législations nationales. Il voit aussi des possibilités d’amélioration au sein de l’ONU en renforçant la coordination entre les différentes agences.

Plus nombreux que les réfugiés de guerre

Les catastrophes naturelles – tremblements de terre, glissements de terrain et inondations – ont forcé 14 millions de personnes à fuir leurs foyers entre 2008 et 2014, selon les experts. On estime, en moyenne, que chaque année, 26 millions de personnes deviennent des réfugiés climatiques.

«Cela fait une personne chaque seconde, ajoute Walter Kälin. Les chiffres dépassent même le nombre de réfugiés fuyant les conflits. Et les prévisions scientifiques estiment que leur nombre va continuer d’augmenter.»

Certaines régions du monde sont plus affectées par le problème. Mais les catastrophes naturelles peuvent frapper sur tous les continents, parfois sans prévenir. Et Walter Kälin d’ajouter: «Nous en Suisse et en Europe, sommes en mesure d’agir suffisamment tôt pour éviter les crises humanitaires dans le sillage d’une catastrophe naturelle.» La prévention comprend l’évacuation de zones à risque et des programmes de réinstallation.

Consultations

C’est en 2012 que la SuisseLien externe et la Norvège ont lancé conjointement un processus intergouvernemental pour mieux comprendre le déplacement des personnes touchées par les catastrophes et les effets du changement climatique.

Le but de cette consultation de trois ans avec de nombreux pays et les membres de la société civile à travers le monde était aussi de mieux comprendre les bonnes pratiques et les expériences existantes dans les pays concernés.

La Suisse n’est plus le chef de file dans le comité d’initiative, mais elle poursuivra son engagement, avec un groupe d’autres pays.

«Nous avons rempli notre promesse faite en 2011. Et la question restera une priorité de la politique étrangère de la Suisse», explique le DFAE.

Ayant fait des «progrès considérables dans la sensibilisation à la question des réfugiés climatiques, la Suisse entend faire pression pour que la mise en œuvre des mesures soit approuvée cette semaine à Genève», précise Walter Kälin.

Traduit de l’anglais par Frédéric Burnand

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