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Le soutien au diagnostic préimplantatoire nettement confirmé

Keystone

Une année après l’acceptation de l’article constitutionnel, la loi qui rendra possible le diagnostic préimplantatoire (DPI) réalise un score encore un peu meilleur.

Les Suisses avaient déjà donné leur aval de principe le 14 juin 2015, en acceptant par 61,9% de modifier la Constitution. Ils devaient encore se prononcer sur le détail de la législation prévue. Les avis étaient partagés au sein même de plusieurs partis.

Plus de 1,489 million de citoyens ont glissé un oui dans l’urne contre près de 898’000 non. Au final, l’objet est accepté par 62,4% des votants. D’une manière générale, cette révision de la Loi sur la procréation médicalement assistée fait de meilleurs scores en Suisse romande que dans le reste du pays. Ainsi dans le canton de Vaud (85%), de Genève (81,5%) et de Neuchâtel (74,3%) mais aussi dans les cantons catholiques du Jura (70,3%), de Fribourg (67,2%) et du Valais (60%).

L’an dernier, six petits cantons de Suisse centrale et orientale avaient rejeté l’article constitutionnel. Ils n’étaient plus que trois dimanche à voter contre la loi: les deux Appenzell et Obwald. Au niveau national, la participation s’est élevée à 46%.

Noir sur blanc

Le diagnostic préimplantatoire devrait devenir une réalité en Suisse d’ici un an environ. Le Conseil fédéral doit encore procéder à la consultation sur la réglementation d’application de la révision de loi, a expliqué le ministre de la Santé Alain Berset. Selon lui, 4 ou 5 cliniques devraient être autorisées à pratiquer cette intervention.

«C’est génial, lâche la députée Regine Sauter, du comité en faveur de la loi. C’est une belle preuve de confiance de la part des citoyens et cela montre que la voix populaire honore le travail qui incombe au Parlement».

S’adressant aux opposants, l’élue concède que, dans la pratique, on ne peut pas exclure un abus quant au recours au diagnostic préimplantatoire. «Ce qui est permis et interdit est écrit noir sur blanc». Par ailleurs, il existe des contrôles et les procédures médicales sont documentées et n’aboutissent qu’avec l’accord des couples concernés.

Grâce au DPI, on évitera nombre d’avortements, assure Regine Sauter. Que la loi ouvre la porte à des bébés «sur mesure», comme le craignent les adversaires, relève pour elle du mensonge. Le DPI permet au contraire à certains couples d’augmenter leurs chances d’avoir un enfant et de réduire les risques de problèmes de santé.

Satisfaction du milieu médical

Bruno Imthurn, chef de la procréation médicalement assistée à l’hôpital universitaire de Zurich et président du conseil scientifique de gynécologie suisse (SSGO), abonde dans ce sens. Il est convaincu que la loi sera appliquée de manière responsable et que la peur des bébés «à la carte» est sans fondement. «C’est interdit et cela le restera», a-t-il dit à la télévision alémanique SRF.

Le DPI et toutes les autres méthodes qui entreront en vigueur avec la loi sont pratiqués depuis des décennies en Europe, comme au Danemark, en Angleterre, aux Pays-Bas et en Belgique, ajoute Bruno Imthurn. Dans ces pays, les parents ne sont pas mis sous pression et aucun abus n’a été signalé à ce jour.

La Fédération des médecins suisses (FMH) salue, elle aussi, la volonté du peuple en faveur d’une médecine de la reproduction plus adaptée, efficace et moins lourde. La loi révisée permet à la fois d’améliorer la prise en charge des couples qui n’arrivent pas à avoir d’enfant et de diminuer les risques de grossesse multiple et d’interruption de grossesse. Elle pose en outre des limites claires quant aux personnes ayant le droit de recourir au DPI.

Sensibilisation

Dans l’autre camp, malgré la déception, Mathias Reynard, membre du comité interpartis d’opposants, soulève certains avantages de la campagne.

«Il s’agit d’un sujet compliqué qui a fait l’objet de beaucoup de sensibilisation, les gens se sont bien informés», constate-t-il. Les partisans, que ce soit au Conseil fédéral, au sein du Parlement ou parmi les experts, ont en effet tenté de rassurer face aux dérives dénoncées par les opposants. Ces garanties sont de «belles promesses», mais elles doivent être tenues, insiste le député.

Ampleur inconnue

«Nous allons désormais veiller à ce que la loi n’aille pas plus loin, que les handicapés aient toujours une place dans la société, que la liste des maladies ne s’étende pas».

Quant au nombre de couples qui recourront au DPI, le député est impatient de voir l’ampleur que cela va prendre. En effet, la méthode est désormais accessible à toutes les personnes optant pour la fécondation in vitro. «Cela peut aussi représenter un business pour les cliniques privées», ajoute-t-il. Aspect qui, selon lui, n’a été que très peu abordé durant la campagne.

 

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