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Un documentaire sur Jean Ziegler présenté à Locarno

Une bonne partie du documentaire suit Jean Ziegler à La Havanne (archives). Keystone/OLIVIER MAIRE sda-ats

(Keystone-ATS) Plusieurs documentaires suisses ont été diffusés pour la première fois dimanche au Festival du film de Locarno. Parmi eux, “Jean Ziegler, l’optimisme de la volonté”, du Genevois Nicolas Wadimoff, et “Cahier africain”, de la Biennoise Heidi Specogna.

Ancien étudiant de Jean Ziegler, Nicolas Wadimoff confronte dans son documentaire l’ardent défenseur de la révolution cubaine à la réalité actuelle. Que ce soit dans un taxi à La Havane ou dans un hôpital local visité en raison de troubles cardiaques, on voit le sociologue genevois s’enthousiasmer pour la politique de l’île.

Quand M. Ziegler se dit certain que la liberté d’expression et de la presse ne sont pas bafouées à Cuba, les rires des téléspectateurs se font entendre jusqu’au fond de la salle. Mais on sent que le film ne veut pas se moquer de l’ancien conseiller national, loin de là. Il souhaite bien plutôt montrer, comme le suggère son titre, l’éternel optimisme qui l’habite.

Le réalisateur évoque en filigrane les étapes successives de la vie de Jean Ziegler, de son enfance aux réunions du G7, en passant par son poste de rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation et sa rencontre avec “le Che”. Le film dévie ensuite sur le thème de la mort, que le sociologue qualifie aujourd’hui, du haut de ses 82 ans, d'”inacceptable”.

Dans ce documentaire, Nicolas Wadimoff demeure très fair-play vis-à-vis de son protagoniste. Il le laisse agir et s’exprimer en n’intervenant qu’au minimum. On pourrait trouver la démarche simpliste mais, heureusement, Jean Ziegler fait souvent preuve d’autocritique. C’est le cas par exemple quand il reconnaît s’être montré beaucoup trop aimable avec Mouammar Khadafi.

Entre deux conflits

Un autre documentaire projeté dimanche, germano-suisse, évoque un cahier d’école avec des pages couvertes de témoignages de 300 femmes, filles et hommes centrafricains, qui sert de preuve devant la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye. Ces lignes révèlent ce que les mercenaires congolais de Jean-Pierre Bemba leur ont fait subir au cours du dernier conflit armé au début des années 2000.

Alors que les victimes essaient de retrouver confiance dans leur dure vie quotidienne et que les poursuites judiciaires des crimes commis pendant le conflit sont toujours en cours à La Haye, une nouvelle guerre éclate en République Centrafricaine.

La réalisatrice Heidi Specogna s’était à l’origine rendue dans le pays pour dresser le portrait de victimes apparaissant dans le cahier, quand le nouveau conflit ethnique entre chrétiens et musulmans a explosé en 2012. La Biennoise actionne alors la caméra et rapporte le désespoir comme d’autres intenses émotions, mais sans voyeurisme aucun.

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