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Le Suisse Nils Melzer nommé rapporteur de l’ONU sur la torture

Nils Melzer sera le premier rapporteur spécial de l'ONU depuis Jean Ziegler et sera en charge des efforts contre la torture. KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) La Suisse va retrouver l’un des mandats de rapporteur spécial de l’ONU. Le juriste Nils Melzer a été nommé vendredi soir à Genève par le Conseil des droits de l’homme à celui contre la torture.

Jean Ziegler avait occupé la fonction de rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation pendant huit ans. Depuis, aucun Suisse n’avait obtenu de tel mandat parmi les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme.

M. Melzer remplacera début novembre l’Argentin Juan Mendez. Le juriste a dit à l’ats accepter avec “beaucoup d’humilité” cette fonction étant donné “la lourdeur de la tâche”. “Je suis convaincu que l’existence de ce mandat a eu un impact très positif”, affirme-t-il toutefois.

Son expérience pendant 12 ans au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) lui servira, même s’il sera “beaucoup plus exposé comme individu”. Avec sa citoyenneté suisse, elle peut constituer selon lui une valeur ajoutée en plus de l’importance de la personnalité du rapporteur spécial.

Syrie, Burundi, ou encore Libye

Ces deux éléments apportent “une neutralité pas seulement formelle, mais aussi une impartialité pratique et pratiquée qui permet d’être respecté par tous les acteurs”. Et d’avoir accès à eux.

Ces derniers mois, de nombreux cas de torture en Syrie, au Burundi ou encore en Libye ont été dénoncés par le Haut Commisariat aux droits de l’homme et d’autres institutions de l’ONU. M. Melzer considère comme important son rôle d’interlocuteur auprès des victimes de mauvais traitements qui n’ont pas immédiatement accès à la justice.

Parmi les thèmes qu’il souhaite mettre en avant, M. Melzer veut notamment se pencher sur la crise migratoire. Les migrants se trouvent parfois entre plusieurs juridictions où certains traités “ne s’appliquent pas formellement”, explique-t-il. Mais “ils souffrent et ils meurent” et ont besoin que quelqu’un examine leur situation en matière de droits de l’homme.

L’actuel rapporteur devait se rendre en Turquie qui a reporté son invitation de quelques mois. Si elle est maintenue, “je serai heureux d’y aller. C’est certainement un pays très important”, indique M. Melzer.

Grande expérience

Lors de la précédente session du Conseil des droits de l’homme, il avait été choisi comme candidat en deuxième position dans la liste de trois noms soumise pour le poste de rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires. L’enceinte avait toutefois validé la numéro un Agnès Callamard.

Outre le CICR, M. Melzer a notamment été directeur de recherche au Centre de compétence des droits humains à l’Université de Zurich. Il gère actuellement la Chaire de droits de l’homme à l’Académie de droit international humanitaire et de droits humains à Genève.

Spécialiste des questions liées à l’usage de la force, il a récemment collaboré au Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) comme conseiller sur la politique de sécurité.

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