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Climat morose à Lausanne

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry quittant la réunion samedi peu après 20h00 KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) La réunion sur la Syrie à Lausanne, “tendue”, s’est achevée samedi soir sur le seul engagement de “prolonger les contacts”. Les chefs de la diplomatie russe et américaine et leurs homologues d’autres pays influents dans le conflit n’ont pas avancé sur Alep.

Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a évoqué des “tensions” et des pourparlers difficiles mais sans “rancoeur”, agrémentés de propositions “nouvelles”. Les neuf pays présents et l’émissaire de l’ONU Staffan de Mistura ont convenu de “prolonger les contacts”, a indiqué de son côté aux médias russes son homologue russe Sergueï Lavrov. Il a encore dit que les ministres souhaitaient un processus politique “dès que possible”.

Les autres délégations ont quitté l’hôtel où a eu lieu la rencontre pendant plus de quatre heures sans faire de déclaration, a constaté l’ats. Outre MM. Kerry et Lavrov étaient également présents les représentants iranien, turc, saoudien, qatari, irakien, égyptien et jordanien. Plusieurs délégations s’étaient ajoutées depuis vendredi, provoquant un mécontentement de certains sur le format choisi par les Américains, selon plusieurs sources.

D’autant plus que les ministres iranien Mohammad Javad Zarif et saoudien Adel al-Jubeir, qui soutiennent des camps opposés aussi bien en Syrie qu’au Yémen, étaient assis l’un en face de l’autre à la table des discussions. Pour MM. Kerry et Lavrov, l’heure était aussi aux retrouvailles. Leur après-midi lausannoise a été marquée par une discussion bilatérale, la première depuis fin septembre.

Réunion dimanche à Londres

John Kerry doit rencontrer dimanche à Londres ses homologues européens, absents à Lausanne. Les relations de la France et de la Grande-Bretagne avec la Russie se sont durcies ces derniers temps.

Moscou a opposé il y a une semaine un veto à une résolution française au Conseil de sécurité de l’ONU sur l’arrêt des bombardements. Et le chef de la diplomatie britannique Boris Johnson a ensuite appelé ses concitoyens à manifester devant l’ambassade de Russie à Londres.

A Lausanne, les ministres devaient discuter notamment du scénario d’une évacuation sécurisée des djihadistes de Fatah al-Cham, l’ancien Front al-Nosra, d’Alep-Est. Leur nombre est estimé à 900 par l’ONU, moins par certains pays. Au total, près de 280’000 personnes restent assiégées dans cette partie de la ville et les récents raids auraient fait plus de 370 tués.

M. de Mistura s’était dit prêt il y a une dizaine de jours à accompagner les combattants en dehors d’Alep pour obtenir un cessez-le-feu. Mais ceux-ci ont refusé. Depuis, la Russie s’est déclarée disposée à garantir une telle évacuation.

Examen des propositions

Moscou avait expliqué ces derniers jours ne rien attendre de cette réunion à Lausanne alors que les participants à cette rencontre devaient examiner des propositions pour parvenir à une cessation des hostilités. Un avis également affirmé par la délégation américaine avant la rencontre. “Cela va être un processus très difficile”, a même dit à l’AFP un responsable américain pendant la réunion.

Un diplomate occidental a expliqué que cette réunion lui semblait mal préparée. “S’il s’agit de parvenir à un accord sur Alep, des pays devaient prendre des engagements, la Russie celui de mettre fin aux bombardements, l’Iran de retirer ses milices qui soutiennent Damas au sol. C’est beaucoup à obtenir en une demi-journée”, a-t-il dit à l’agence Reuters pendant les discussions.

Nouveaux raids

Quelques heures avant l’ouverture de la réunion, les quartiers Est d’Alep, sous contrôle rebelle, ont à nouveau été ciblés par des raids, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Des combattants de l’opposition syrienne soutenus par la Turquie progressaient eux en direction de Dabiq, entre la frontière turque et Alep, pour reprendre cette ville aux djihadistes du groupe Etat islamique (EI), a annoncé le président turc Recep Tayyip Erdogan.

En plus de 5 ans, le conflit syrien a déjà fait plus de 300’000 tués et plus de 13 millions de réfugiés ou de déplacés.

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