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En une année, la Suisse a fait ses preuves à l’ONU

En une année, la Suisse a su se donner une identité politique à l'ONU Keystone

Le 10 septembre 2002, la Suisse est devenue officiellement le 190e Etat membre des Nations Unies.

Selon les autorités helvétiques, cette adhésion a eu des conséquences positives tant pour le pays que pour l’ONU.

«Nous avons fait en sorte de renforcer nos outils de politique étrangère et de les utiliser d’une manière plus efficace dans le contexte onusien… c’est donc un atout et un avantage pour la Suisse», affirme Christian Faessler, l’un des ambassadeurs de Suisse auprès de l’ONU à Genève.

«Nous travaillons aussi à promouvoir le droit international et humanitaire ainsi que le multilatéralisme», explique le diplomate.

«Dans ce sens, je pense que nous avons apporté notre modeste contribution à la communauté internationale», déclare à swissinfo Christian Faessler.

Le statut de neutralité

Alors que la Suisse s’apprêtait à rejoindre les Nations Unies, les sceptiques, eux, donnaient de la voix avertissant que la neutralité serait compromise par cette adhésion.

Ils ont aussi essayé de convaincre le peuple suisse que le pays devrait se mêler de conflits à l’étranger et serait contraint de voter sur des questions controversées.

Pour l’analyste politique britannique Clive Church, spécialiste de la politique européenne, la Suisse a réussi en défendant les idéaux classiques de sa politique étrangère, à savoir la neutralité, la paix, la solidarité et la démocratie.

«Les opposants avaient affirmé que la Suisse deviendrait le jouet des grandes puissances, or cela ne s’est pas produit», souligne Clive Church à swissinfo.

«Bien au contraire, déclare l’analyste. Elle est devenue plus critique à l’égard des grandes puissances.»

Pour sa part, l’ambassadeur Faessler confirme que l’adhésion pleine et entière a permis à la Suisse de se faire entendre, par exemple pour réclamer le respect du droit international.

Des désaccords avec les Etats-Unis

La Suisse s’est rapidement trouvée en désaccord avec les Etats-Unis lorsque au début de cette année elle a condamné la menace d’une action militaire, conduite par les Américains, contre l’Irak.

«Nous considérons que l’usage de la force, en dehors du cadre de l’ONU, est un acte de guerre… et la Suisse a toujours condamné les actes belliqueux», avait déclaré à swissinfo en mars dernier la cheffe de la diplomatie helvétique Micheline Calmy-Rey.

Christian Faessler est persuadé que la Suisse a agi dans le bon sens en se prononçant en faveur d’une résolution pacifique de la crise.

«En s’en tenant rigoureusement à leurs principes et en promouvant le rôle de l’ONU, des pays comme la Suisse ont montré l’importance de l’organisation », affirme le diplomate.

De plus, le conflit ne devrait pas être considéré comme un échec des Nations Unies, estime Christian Faessler qui tient à mettre en évidence la volonté de l’organisation de mener à bien son travail en Irak.

«Certes, les circonstances et la situation ont changé, constate l’ambassadeur Faessler, mais le mandat et les buts de l’ONU sont là pour subsister et on a plus que jamais besoin de l’organisation.»

La Suisse s’est par ailleurs aussi fermement opposée à la résolution du Conseil de sécurité exemptant temporairement les soldats du maintien de la paix américains de poursuite devant la Cour pénale internationale (CPI).

La question devrait probablement être débattue en juin, lorsque la résolution arrivera à son terme de douze mois. Et selon Christian Faessler, la Suisse a l’intention de continuer à s’opposer à son renouvellement.

«La Suisse, explique-t-il, a toujours encouragé les institutions judiciaires internationales comme la CPI, car elles sont d’une importance primordiale. C’est pourquoi nous poursuivrons sur cette voie et continuerons à défendre la juridiction internationale.»

Une deuxième session cruciale

Au cours de la 58e session de l’Assemblée générale, qui débute le 16 septembre à New York, la Suisse a prévu de se concentrer sur trois thèmes principaux.

«Nos priorités, cette année, explique Christian Faessler, portent sur le renforcement de l’ONU et le soutien au processus de réforme en cours, qui vise à donner, à la fois, plus de cohérence et de cohésion au travail onusien.»

«Nous allons aussi centrer nos efforts sur la promotion des Objectifs de développement de l’ONU pour le millénaire – parmi lesquels figure le développement durable -, l’amélioration de la sécurité humaine, la paix et les ressources naturelles, ajoute-t-il.

Un des nombreux buts des Objectifs de développement de l’ONU pour le millénaire est de rendre les technologies de l’information et de la communication accessibles aux pays en développement: une question au centre du Sommet mondial de l’information qui se tient en décembre à Genève.

Cet événement devrait mettre en vedette la Suisse en sa qualité de nouveau membre des Nations unies.

«Nous attachons une grande importance à ce sommet, indique le diplomate, car nous considérons que tous les domaines relatifs aux technologies de l’information et de la communication sont essentiels pour aider à résoudre les problèmes du monde.»

«En matière de coopération internationale et multilatérale, il est important de rester optimiste. Ce type de sommets n’est qu’une étape d’un processus essentiel pour créer un monde pacifique, développé et démocratique », conclut l’ambassadeur Faessler.

swissinfo, Anna Nelson, Genève
(Traduction: Chantal Nicolet)

-La Suisse est devenue le 190e membre de l’ONU le 10 septembre 2002.
-C’est en mars 2002 que le peuple suisse s’est prononcé par référendum en faveur de l’adhésion.
-La Suisse participe pleinement aux institutions onusiennes, y compris l’Assemblée générale.
-Les priorités de la Suisse à l’ONU sont en phase avec la politique étrangère nationale. Elles comprennent la promotion de la paix, la solidarité, la neutralité, les droits humains et le droit international.

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