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Castiglione delle Stiviere et la naissance de la Croix-Rouge

Le Palais Longhi, siège du Musée de la Croix-Rouge. Michele Novaga

C’est sur le balcon d’un palais de Castiglione delle Stiviere, d’où il voyait les femmes italiennes secourir les blessés de Solferino, qu’Henry Dunant a décidé de créer la Croix-Rouge. Aujourd’hui, le Musée international permet d’y revivre l’histoire du mouvement. Visite, à l’occasion de la Journée mondiale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, célébrée le 8 mai.

Si la base opérationnelle et administrative de ce qui est aujourd’hui la plus grande organisation humanitaire au monde se trouve à Genève – siège du CICRLien externe et de la Fédération internationaleLien externe -, ses racines et son cœur sont dans un petit coin de la Plaine du Pô, aux confins des provinces de Mantoue, de Brescia et de Vérone.

C’est ici, entre Castiglione delle Stiviere et Solferino, que s’est développée l’idée de la Croix-Rouge. Et aujourd’hui encore, monuments et palais témoignent de l’œuvre fondamentale d’Henry Dunant. A commencer par le MuséeLien externe international de la Croix-Rouge. 

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Un musée unique

Fondé en 1959 et restauré l’an dernier, ce musée raconte la naissance et le développement du mouvement et présente toute une série de documents illustrant l’engagement de ses 98 millions de membres et de volontaires présents dans le monde entier.

C’est Mara Tonini, née et élevée à Vallorbe, dans le canton de Vaud et active depuis des années au musée de Castiglione, qui nous sert de guide.

Nobel de la Paix

Humaniste, entrepreneur et philanthrope, Henry Dunant a reçu le premier Prix Nobel de la Paix, en 1901, pour avoir fondé la Croix-Rouge.

Le CICR a reçu le Nobel de la Paix en 1917 et 1944, au sortir des deux guerres mondiales, puis encore une fois en 1963, conjointement avec la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

Dans ces salles, réparties sur trois étages, on trouve diverses sortes de brancards et d’instruments chirurgicaux, utilisés pour aider les blessés lors de la fameuse bataille de SolferinoLien externe, le 24 juin 1859. C’est à la suite de ce choc terrible entre l’alliance franco-sarde et l’armée autrichienne, dans le cadre des luttes pour l’indépendance de l’Italie, qui fera plus de 100’000 morts et blessés, qu’Henry Dunant lance le projet d’un mouvement international de volontaires.

Le Musée présente ensuite la première édition du livre «Un souvenir de SolferinoLien externe», que Dunant publia en 1862 à ses propres frais, et une copie des quatre Prix Nobel de la Paix décernés au mouvement et à son fondateur.

Dans les salles du rez-de-chaussée, on peut également voir divers instruments sanitaires employés durant la bataille de SedanLien externe, en 1870. C’est durant cet affrontement franco-prussien que les deux belligérants reconnaissent pour la première fois le rôle de la Croix-Rouge et acceptent de procéder à des échanges de prisonniers. Le Musée présente les civières tirées à main ou par des chevaux, les premières ambulances munies de l’eau courante et raconte la naissance de l’emblème de la Croix-Rouge.

Une large place est également accordée aux conflits contemporains, à travers de nombreuses photographies ou des espaces spécifiques, comme celui consacré aux mines anti personnelles. La particularité de ce lieu, comme l’affirme l’historien Giuseppe Barrile, c’est la manière dont il présente la naissance et le développement d’une idée humanitaire.

Brancards d’autrefois. Michele Novaga

Ce balcon où Dunant a eu l’idée

Visiter Castiglione delle Stiviere, cela veut aussi dire revivre quelques temps forts de la vie d’Henry Dunant, comme sa rencontre avec Napoléon III ou son séjour dans le magnifique Palais Bondoni Pastorio.

«Il est arrivé au Palais à l’aube du 25 juin – raconte la volontaire Giovanna Bondioli Sgarbi en présentant la chambre dans laquelle Dunant a dormi. Il venait de Brescia et voyageait à bord d’une voiture conduite par un cocher du lieu, qui l’a déposé devant la porte des nobles Caroline et Luigia Bondoni Pastorio. A ce moment, le Palais était en train de se remplir de blessés de la bataille de Solferino».

La chambre dans laquelle a dormi Dunant est relativement petite, comparée aux autres dans le Palais. A l’intérieur, on trouve un splendide poêle en faïence et, dans une vitrine, trois éditions de son livre «Un souvenir de Solferino».

Et c’est précisément sur le balcon de cette chambre que Dunant a eu l’idée de la Croix-Rouge. De là, il pouvait en effet voir les dames du village secourir les soldats français et autrichiens, et leur faire des pansements avec ce qu’elles avaient de plus précieux – le trousseau de leur dot -, quitte à risquer la peine de mort pour avoir aidé l’ennemi.

Dans son journal, Dunant note qu’après avoir traversé le champ de bataille, il s’en est revenu «malade de ce spectacle de morts et de blessés». Aujourd’hui, son exemple est suivi par des millions de volontaires du monde entier, qui se donnent sans compter pour aider leur prochain.

«Un exemple plus que jamais valable, parce que sa lutte s’est basée sur l’universalisme, sur le dépassement du concept de nationalité et des préjugés nationalistes», concluent le professeur Giulio Busi et son épouse Silvana Greco, président et vice-présidente de la Fondation du Palais Bondoni Pastorio.

Hommage à la Croix-Rouge

La Journée mondiale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge se tient le 8 mai, jour de la naissance d’Henry Dunant, en l’honneur des 18 millions de volontaires et des 80 millions de membres que compte le mouvement dans le monde entier.

Les autres dates importantes:

– 24 juin 1859, bataille de Solferino.

– 26-29 octobre 1863, Conférence internationale pour les secours à porter aux blessés en temps de guerre de Genève, qui marque la naissance des sociétés nationales de la Croix-Rouge.

– 22 août 1864, jour de clôture de la première Conférence diplomatique de Genève, au cours de laquelle a été signée la première Convention de Genève.

Outre celui de Castiglione delle Stiviere, le mouvement de la Croix-Rouge dispose d’un autre musée important à Genève, qui présente l’aventure humanitaireLien externe

(Traduction de l’italien: Marc-André Miserez)

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