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La Chine, un ami un peu trop pressant

Markus Seiler, chef du SRC, lors de la présentation du rapport 2016. Keystone

Mardi, le Service de renseignement de la Confédération (SRC) n’a pas seulement mis en garde contre le terrorisme islamique, mais a aussi porté son attention bien plus à l’Est. La Chine essaie d’étendre de plus en plus son influence en Suisse, avertit le SRC. Son patron parle même d’un «acteur opaque».

Le rapport 2016 du SRCLien externe intervient juste un mois après l’offensive de charme du président de la Confédération et ministre de l’Economie Johann Schneider-Ammann en Chine. L’Empire du milieu entretient des relations variées et nombreuses avec la Suisse, dont il est le troisième partenaire commercial. Les deux pays ont aussi conclu un accord de libre-échange.

Selon le SRC, les entreprises et les investisseurs chinois montrent un intérêt tout particulier pour l’industrie et le secteur financier suisses ainsi que pour les entreprises innovantes. On a pu le voir début mars, lorsque le géant chinois de la chimie ChemChina a annoncé l’achat du groupe agro-chimique bâlois Syngenta pour 43,7 milliards de francs. Ou encore en avril, avec la reprise du Gategroup – qui fournit des repas aux transporteurs aériens – par une société chinoise.

Pour le SRC, la Chine ne recherche pas seulement à avoir une influence économique, mais aussi idéologique, par exemple avec les instituts Confucius de Genève et de Bâle. Ces derniers sont, selon le patron du SRC Markus Seiler, «une partie d’une stratégie d’ensemble pour gagner plus d’influence», ainsi qu’il l’a déclaré au quotidien «Aargauer Zeitung».

«Dépendance économique»

«Le véritable danger pour la Suisse, c’est qu’elle se retrouve dans une toujours plus grande dépendance économique vis-à-vis de la Chine», écrit le commentateur de ce journal. «En reprenant des sociétés suisses, la Chine tente de siphonner du savoir. Si une multinationale agricole comme Syngenta est vendue, le sort de milliers d’emplois locaux tombent en mains chinoises. A l’inverse, les investisseurs suisses ne sont guère autorisés à faire leurs achats en Chine. S’il y a un point sur lequel la politique suisse doit être plus vigilante, c’est la protection de la Suisse comme place de travail, plutôt que la lutte contre des organisations comme les instituts Confucius.»

Le quotidien de boulevard romand «Le Matin» titre: «La Suisse craint le péril jaune». Et son commentateur d’estimer que «la Chine fait partie de la réalité suisse, de plus en plus. Cela ne doit pas empêcher de garder la distance critique face à un pays dont la culture est aux antipodes de la nôtre sur les droits humains, la liberté individuelle ou l’Etat de droit.»

Censure renforcée

Selon le rapport du SRC, la Chine a réussi l’an dernier à couper court à l’émergence d’une société civile avec des «méthodes rudes» comme des vagues d’arrestation, l’idéologisation et l’enfermement de la population. A cela j’ajoute un renforcement massif des contrôles et de la censure des médias et d’Internet.

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