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«Les arrière-petits-enfants des Suisses de l’étranger devront aussi se saigner pour une AVS malade»

Petra Gössi im Bundeshaus
La présidente des libéraux-radicaux ne s'attendait pas à de telles réactions. Maintenant, elle doit s'expliquer. Keystone

Les déclarations de Petra Gössi au quotidien «Blick» ont fâché la 5e Suisse. La présidente du RLR le dit maintenant sans ambages: «Les Suisses de l’étranger ont naturellement droit à leur rente AVS et aux mêmes droits que ceux restés au pays».

«Le développement des rentes aide les mauvaises personnes, à savoir les rentiers à l’étranger, qui ne génèrent pas de plus-value en Suisse. Nous leur faisons une retraite dorée aux frais des prochaines générations» – cette déclaration tirée de l’interview au Blick a été reçue comme une gifle par les retraités installés à l’étranger, et particulièrement par la 5e Suisse.

swissinfo.ch: Pouvez-vous comprendre le tollé qu’ont suscité vos propos?

Petra Gössi: Je comprends le mécontentement causé par cette communication un peu maladroite et sans grande sensibilité. En tant que présidente du parti, j’en assume la responsabilité. Cela fait partie de mon job.

J’ai reçu beaucoup de réactions par e-mail, positives et négatives, mais venant des Suisses de l’étranger, elles étaient surtout négatives. Ces réactions ont surtout montré que la phrase n’a pas été comprise dans le bon contexte. Certes, le Blick n’a pas trahi mes propos, mais ils ont été repris par les autres médias dans un faux contexte.

Si ce n’était pas une attaque contre les rentiers à l’étranger, que vouliez-vous donc dire?

Nous avons toujours dit que nous ne voulions pas de coupes dans les rentes. On ne parle pas maintenant de l’AVS existante, mais d’une soi-disant réformeLien externe [qui sera soumise en votation populaire le 24 septembre, ndlr.], qui prévoit de donner 70 francs de plus, selon le principe de l’arrosoir, qui va coûter très cher à la prochaine génération et qui n’apporte rien.

Dès 2035 déjà, nous aurons un déficit de 7 milliards de francs par année. Même un âge de la retraite élevé à 67 ans ne suffirait pas à combler ce trou. La réforme 2020 ne suffit pas à assainir les caisses, surtout à cause de cette hausse de 70 francs. Il y avait de meilleurs projets sur la table, avec moins d’arrosage, et donc plus d’effets pour les plus pauvres. Mais hélas, les socialistes et les démocrates-chrétiens n’ont pas soutenu ces propositions socialement équitables.

Ainsi nous avons par exemple soutenu une solution qui augmentait les rentes des plus pauvres et qui aurait apporté beaucoup aux Suisses de l’étranger, qui ne touchent pas de prestations complémentaires.

Donc, vous avez pensé aussi aux Suisses de l’étranger. Pourtant, vous parlez d’une «retraite aux frais des générations futures»…

Même les Suisses de l’étranger ne doivent pas oublier que le trou de l’AVS sera comblé par une hausse de la TVA et des prélèvements sur les salaires. Le droit aux rentes des personnes vivant à l’étranger n’est pas contesté, elles n’ont rien à craindre. Mais elles ne doivent pas participer au financement de l’AVS par une TVA plus chère, Cela signifie que les jeunes, aussi les arrière-petits-enfants des Suisses de l’étranger devront payer plus. Et c’est pourquoi le projet est injuste vis-à-vis des générations futures.

Les retraités actuels qui vivent en Suisse ne doivent pas non plus participer au financement de la hausse des rentes…

Ceux qui touchent déjà une rente et qui vivent en Suisse paient 0,6% de TVA en plus, mais ne recevront pas les 70 francs supplémentaires. Ce qui signifie qu’avec cette réforme, ils auront moins d’argent dans leur portemonnaie à la fin du mois que sans cette réforme.

Mais comme vous l’avez rappelé, les Suisses de l’étranger n’ont pas droit aux prestations complémentaires. Imaginez-vous qu’une partie seulement des plus de 750’000 expatriés rentre au pays. Cela surchargerait considérablement le régime des prestations complémentaires…

C’est vrai. Les rapatriés auraient naturellement les mêmes droits que les Suisses de Suisse. Vous voyez, je suis libérale jusqu’au bout. Chacun est libre de vivre où il veut. Et il va de soi que chacun doit recevoir sa rente et peut en faire ce qu’il veut.

(Traduction de l’allemand: Marc-André Miserez)

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