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A Mendrisio, il y avait Fabian Cancellara et les autres

Keystone

Comme prévu, Fabian Cancellara a survolé l'épreuve du contre-la-montre des Championnats du monde de Mendrisio. Dans l'ombre du champion bernois, de nombreux cyclistes anonymes ont profité de l'événement pour faire leurs premières gammes au plus haut niveau.

Trois cents mètres avant de franchir la ligne d’arrivée, Fabian Cancellara a déjà les deux bras levés vers le ciel. Auteur d’une énième démonstration de toute puissance, le cycliste bernois s’est permis de lâcher son effort et de célébrer son troisième titre de champion du monde, après 2006 et 2007, au milieu d’une foule en délire.

Grandissime favori, «Spartacus», son surnom, n’a laissé que des miettes à ses adversaires, dont le premier, le Suédois Gustav Erik Larsson, a été relégué à une minute et 26 secondes. «La médaille d’argent, c’est comme une victoire quand on affronte Fabian Cancellara», a-t-il déclaré à l’issue de la course. Troisième, l’Allemand Tony Martin, a concédé deux minutes 30 au champion.

Parti comme une fusée, Fabian Cancellara a assuré son succès dès les premiers kilomètres de course, avant de gérer à merveille son effort. «J’ai effectivement réalisé une grande démonstration aujourd’hui. J’avais les jambes et le mental pour ça. Et c’était vraiment magnifique de pouvoir fêter cette victoire avec tous les supporters suisses.»

Le doublé en ligne de mire

Le champion olympique en titre estime avoir réalisé l’une des meilleures courses de sa carrière à Mendrisio. «C’est l’un de mes plus beaux chronos avec celui de Pékin. Et cette année, j’avais encore plus confiance en mes capacités que l’an dernier.» Fabian Cancellara ne compte toutefois pas s’arrêter en si bon chemin. Dimanche, il vise rien de moins qu’une victoire dans la course phare de ces Mondiaux.

Il ambitionne ainsi de devenir le premier coureur de l’histoire à réaliser le doublé contre-la-montre & course en ligne. «Oui, c’est effectivement un rêve, a déclaré le héros du jour à l’issue de sa démonstration. Une course de championnat du monde, ça reste toutefois une grande loterie. Mais j’ai besoin de mettre la barre très haute pour me motiver. Sinon, je préfère rester à la maison!»

La tâche s’annonce cependant ardue. Les coureurs devront parcourir 19 fois le circuit tessinois et ses deux montées abruptes pour un total de 262 kilomètres et 4655 mètres de dénivelé, soit l’équivalent d’une étape de montagne du Tour de France. Mais jusqu’ici, chaque fois que Cancellara s’était fixé un objectif, il l’a atteint. De quoi nourrir encore les rêves du champion jusqu’à dimanche.

A l’ombre de Fabian Cancellara

Bien avant que ne s’élance Fabian Cancellara, des dizaines de coureurs anonymes ont déversé leurs gouttes de sueur sur l’asphalte brûlant du circuit tessinois. Car les Championnats du monde, c’est l’occasion pour les représentants de nations tenues à l’écart des grandes courses du calendrier de venir se mesurer une fois par année aux grandes stars de la discipline.

Quarante-neuf nations ont envoyé un ou plusieurs représentants cette semaine au Tessin pour les courses élite messieurs. Si l’Afrique et l’Asie sont quasiment absentes du tableau en raison d’un manque de moyens, les pays d’Amérique du Sud sont bien représentés. «Il y a une vraie tradition du cyclisme en Equateur. La course d’aujourd’hui était retransmise en direct à la télévision nationale», explique Jose Ragonessi, tout heureux de son 60e rang, à près de neuf minutes du vainqueur.

«Je suis conscient que notre Fédération doit faire de gros efforts financiers pour envoyer deux athlètes aux Championnats du monde. Pour moi, ça représente une chance énorme. Ca me permet de nouer quelques contacts avec des responsables d’équipes professionnelles», poursuit le jeune étudiant de 24 ans, qui rêve de pouvoir un jour transformer sa passion en métier.

Les Caraïbes à Mendrisio

Sous la tente d’échauffement, James Weekes entame sa séance de décrassage plus de 3 heures avant que ne s’élance Fabian Cancellara. Premier coureur à s’élancer, il est aussi bon dernier au classement à plus de vingt minutes du vainqueur. Mais il ne s’en formalise pas. «C’était tout simplement fantastique de pouvoir courir ici. Une expérience extraordinaire!».

James Weekes porte fièrement les couleurs de son pays, Saint-Kitts et Nevis, un petit archipel des Caraïbes composé de… deux îles, coincées entre Porto Rico et Trinidad et Tobago et dont la population n’excède pas 40’000 habitants. «Quand je m’entraîne après le boulot, je suis obligé de faire plusieurs fois le tour de mon île car la circonférence ne fait que 36 kilomètres», plaisante-t-il.

Les Rasta Rocket du cyclisme

Grâce au soutien d’une marque de boissons énergétiques américaine et d’amis tessinois rencontrés lors d’une compétition de triathlon, Saint-Kitts et Nevis a pu aligner quatre coureurs à Mendrisio. Outre James Weekes, Reginald Douglas, qui pourrait aisément tourner dans un remake de «Rasta rocket» avec son look à la Bob Marley, ainsi que deux coureuses, dont l’Italienne Monica Ceccon, tombée amoureuse de l’île lors d’un voyage en 2004, composent l’équipe nationale.

A 37 ans, James Weekes, électricien de profession, sait qu’il a atteint jeudi l’apogée de sa carrière de cycliste amateur. «Nous sommes surtout là pour promouvoir le cyclisme dans notre pays», insiste-t-il.

Ce n’est pas pour autant qu’il a boudé son plaisir. «J’ai pu croiser Fabian Cancellara, l’une de mes idoles avec Lance Armstrong, lors de la reconnaissance du contre-la-montre. Je garderai un souvenir impérissable de cette journée.» Le Bernois pourra en dire autant, pour d’autres raisons bien sûr.

Samuel Jaberg, Mendrisio, swissinfo.ch

Spartacus. Fabian Cancellara est né à Wohlen près de Berne en 1981. Son surnom dans le milieu du cyclisme est «Spartacus». Champion du monde junior du contre-la-montre, l’ancien apprenti-électricien passe professionnel en 2001 en intégrant l’équipe Mapei. Entre 2003 et 2005, il court pour le team Fassa Bortolo et rejoint l’équipe CSC en 2006, reprise par le sponsor danois Saxo Bank en 2009.

Palmarès. En 2006, il remporte Parix-Roubaix, la classique des classiques, puis Milan-San Remo deux ans plus tard. Champion du monde du contre-la-montre 2006, 2007 et 2009, il a également remporté plusieurs étapes du Tour de France, compétition dont il a porté le maillot jaune sept jours durant en 2007.

Pékin. En 2008, Fabian Cancellara est sacré champion olympique du contre-la-montre à Pékin. Il remporte également le bronze de la course en ligne au prix d’une folle remontée dans les derniers kilomètres.

2009. Cette année, il a remporté le Tour de Suisse au mois de juin. Vainqueur du prologue du Tour de France à Monaco, il porte le maillot jaune durant 6 jours. Il récidive au Tour d’Espagne, avec des victoires lors du prologue et de la 6e étape. Il décroche un 3e titre de champion du monde le 24 septembre 2009 à Mendrisio.

Tessin. Les Championnats du monde de cyclisme 2009 ont lieu du 23 au 27 septembre à Mendrisio. Disputés chaque année depuis 1927, hormis durant la Seconde Guerre mondiale, les Mondiaux sont organisés pour la 4e fois après 1953 (Lugano), 1971 (Mendrisio) et 1996 (Lugano) dans le canton du Tessin.

Cancellara. Le Bernois Fabian Cancellara, champion olympique en titre, est le principal atout helvétique. Champion du monde du contre-la-montre de jeudi, il vise également la victoire lors de la course en ligne de dimanche. Aucun coureur n’a jamais réussi tel doublé.

Apothéose. Six Suisses, soit Michael Albasini, Rubens Bertogliati, Fabian Cancellara, Mathias Frank, Gregory Rast et Oliver Zaugg prendront le départ de la course en ligne de dimanche, point d’orgue de ces Mondiaux.

Contre-la-montre élite messieurs (49,8 km)
1. Fabian Cancellara (Suisse) 57’55”
Moyenne: 51,580 km/h
2. Gustav Larsson (Suède) + 1’27”
3. Tony Martin (Allemagne) 2’30”
4. Tom Zirbel (USA) 2’47”
5. Marco Pinotti (Italie) 3’03”
6. Janez Brajkovic (Slovénie) 3’09”
7. Koos Moerenhout (Pays-Bas) 3’12”
8. Alexandre Vinokourov (Kazakhstan) 3’21”
9. Ignatas Konovalovas (Lituanie) 3’34”
10. Bert Grabsch (Allemange) 3’38”

40. Rubens Bertogliati (Suisse) 6’13”

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