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A Pittsburgh, Polanski fait plus jaser qu’UBS

Sylvia Emmenegger-McCoy a été surprise par le résultat du vote sur les minarets. Marie-Christine Bonzom

L’année qui s’achève fut particulièrement accidentée pour la Suisse: UBS, Libye, Polanski, minarets... Quel impact pour l’image helvétique. swissinfo.ch a questionné plusieurs Suisses de l’étranger. Sylvia Emmenegger-McCoy, vivant à Pittsburgh, s’est prêtée à l’exercice.

Chef d’une petite entreprise du secteur touristique à Pittsburgh, Sylvia Emmenegger-McCoy vient d’être saluée comme l’un des 40 jeunes dirigeants les plus créatifs de cette ville des Etats-Unis. Elle indique qu’à Pittsburgh, l’affaire Polanski et la votation sur les minarets ont fait plus de bruit que le scandale UBS qui touchait pourtant de près les Etats-Unis.

swissinfo.ch: UBS a triché en contournant la loi pour attirer des clients américains et les aider à passer outre le fisc de leur pays. Un sale coup pour la place financière suisse et son secret bancaire. Le scandale a-t-il eu des répercussions à Pittsburgh et qu’en conclut-on ici?

Sylvia Emmenegger-McCoy: Non, cette affaire n’a pas fait de vague, ici à Pittsburgh. Pour ma part, je l’ai suivie sur Internet. Je ne sais pas si les journaux de ma région l’ont couverte, mais ce n’est pas un sujet qui a alimenté les conversations avec mes collègues ou mes amis.

swissinfo.ch: Pour répondre à une demande d’extradition des Etats-Unis, la justice suisse a obtenu l’arrestation du cinéaste franco-polonais Roman Polanski, puis sa mise en résidence surveillée dans son chalet de Gstaad. Quelles ont été les réactions à cette affaire à Pittsburgh et comment juge-t-on l’attitude de la Suisse?

S. E-MC. : Il n’y a pas eu beaucoup de discussions sur cet évènement dans notre ville. Cependant, les gens ont utilisé Tweeter pour en parler et ont suivi les rebondissements relatifs à Roman Polanski. La plupart des habitants de Pittsburgh que j’ai entendus ou lus sur le sujet pensent qu’une assignation en résidence surveillée à Gstaad ne constitue pas une vraie sanction.

Certains sont en colère parce que Polanski a pu, pour le moment, éviter d’être jugé et condamné pour le viol d’une jeune fille de 13 ans.

swissinfo.ch: Deux citoyens suisses sont bloqués en Libye depuis qu’en Suisse, la police genevoise a temporairement mis en détention le fils Kadhafi. Une affaire qui a rebondi tout au long de l’année et conduit le président de la Confédération à s’excuser auprès de Tripoli. Dans cette affaire, comment juge-t-on la Suisse à Pittsburgh et comment explique-t-on son incapacité à trouver une solution à cette crise?

S. E-MC. : En général, je dirais que les habitants de Pittsburgh ont estimé que des mesures plus sévères auraient dû être prises contre le dictateur libyen. Gel des avoirs bancaires, interdiction pour Hannibal d’entrer en Suisse, par exemple.

swissinfo.ch: Le peuple Suisse dans sa majorité a décidé en votation d’inscrire dans la Constitution l’interdiction de construire de nouveaux minarets. Comment a été reçue cette décision à Pittsburgh et lui voit-on des conséquences particulières?

S. E-MC. : Ce vote a suscité une discussion lors d’un diner auquel j’étais invitée. Autour de la table ce soir-là, il y avait des Américains conservateurs et d’autres plus à gauche. Sans grande surprise, les conservateurs ont soutenu la décision issue de la votation tandis que les autres y étaient opposés.

Ceci dit, beaucoup des convives sont tombés d’accord pour dire que, si un referendum sur la question des minarets avait lieu ici aux Etats-Unis, les résultats seraient similaires.

swissinfo.ch: Quelle est votre évaluation personnelle de ces différents événements et en quoi ont-ils modifié votre situation de Suisse de l’étranger?

S. E-MC. : Des quatre évènements d’actualité dont nous venons de parler, seul celui sur les minarets a constitué une surprise pour moi.

En effet, j’ai toujours pensé que la Suisse était un pays de tolérance. Je suis donc surprise par la façon dont la campagne en vue du referendum a été menée: les drapeaux ornés de minarets transformés en missiles, ce genre de choses… Néanmoins, cette controverse n’a en rien modifié ma situation en tant que personne ayant des racines suisses.

Marie-Christine Bonzom, de retour de Pittsburgh, swissinfo.ch

Pittsburgh a été choisie par Barack Obama pour accueillir le dernier sommet en date des chefs d’Etat et de gouvernement du G-20, en septembre 2009.

Après Philadelphie, Pittsburgh est la deuxième ville de Pennsylvanie, l’un des 5 Etats de la fédération américaine ayant la plus forte densité d’habitants d’origine suisse.

Ancienne capitale de la sidérurgie américaine, son économie est diversifiée: services, robotique, biotech, technologies vertes, éducation, recherche, tourisme.

L’hebdomadaire The Economist la considère comme la première ville des Etats-Unis pour la qualité de vie.

Le magazine Forbes la classe parmi les dix villes les plus propres du monde, à l’égal de Genève.

Sylvia Emmenegger-McCoy. En octobre, cette double-nationale a été saluée par Pittsburgh Magazine comme l’un des 40 jeunes professionnels qui «représentent le meilleur du présent et de l’avenir de Pittsburgh».

Patronne. Elle a créé et dirige une entreprise qui emploie trois personnes et organise des visites guidées de Pittsburgh mêlant histoire et gastronomie.

Naisance. Née le 30 juillet 1972 à Arlington Heights, une banlieue de Chicago.

Zoug. Son père est natif de Saint Gall. Après 25 ans aux Etats-Unis, il vit aujourd’hui à Zoug.

Berne. Pour s’imprégner de ses racines suisses, Sylvia Emmenegger a vécu à Berne entre 1991 et 1999.

Famille. De retour aux Etats-Unis, elle s’est installée à Pittsburgh avec son mari américain et leurs deux enfants âgés de 5 et 4 ans.

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