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Affaire Khashoggi et contre-offensive chinoise attendues à Genève

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane est mis en cause dans le rapport de la rapporteuse spéciale de l'ONU contre les exécutions extrajudiciaires Agnès Callamard dans l'affaire du meurtre de Jamal Khashoggi (archives). KEYSTONE/AP/AMR NABIL sda-ats

(Keystone-ATS) L’affaire Khashoggi, après un rapport accablant pour Ryad, et une contre-offensive chinoise sur le Xinjiang vont marquer le Conseil des droits de l’homme dès lundi à Genève. Une session intense où seront abordés aussi le Venezuela, les Philippines ou encore le Soudan.

Quelques jours seulement après les recommandations de la rapporteuse spéciale contre les exécutions extrajudiciaires Agnès Callamard, l’Arabie saoudite devrait constituer l’une des tensions de la réunion de trois semaines. Il y a trois mois, plus de 35 pays avaient pour la première fois ciblé Ryad, membre du Conseil, devant l’instance onusienne. Ils avaient demandé davantage de collaboration avec les investigations de l’experte indépendante sur le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi en octobre dernier.

Le rapport de M. Callamard sera discuté mercredi. Aussi bien l’Arabie saoudite, dont le prince héritier Mohammed ben Salmane est mis en cause, que la Turquie, dont les investigations ont été épinglées, devraient s’exprimer. Ryad a déjà affirmé que ces observations sont “sans fondement”. Plus largement, la rapporteuse souhaite que le Conseil établisse un mécanisme permanent face aux exécutions de journalistes ou de défenseurs des droits de l’homme.

Ciblée par plusieurs ONG pour ne pas s’être associée à la déclaration conjointe en mars, la Suisse veut elle prendre connaissance du rapport. “Elle est dans une position particulière sur ce dossier, en raison du mandat de puissance protectrice qu’elle assure pour l’Arabie saoudite et l’Iran”, affirme à Keystone-ATS l’ambassadeur suisse auprès de l’ONU à Genève Valentin Zellweger.

Le conseiller fédéral Ignazio Cassis avait rendu hommage à M. Khashoggi au début de la précédente session du Conseil, sans pour autant cibler Ryad. Le fait qu’il ait abordé cette affaire “expressément” est un “message fort”, insiste M. Zellweger. De son côté, le directeur de Human Rights Watch (HRW) à Genève John Fisher estime que “le moment est venu d’une résolution contre l’Arabie saoudite”.

Première pour un dirigeant régional

Autre discussion attendue, la Chine veut être plus active face aux accusations de détentions arbitraires d’au moins un million de Ouïghours au Xinjiang. Prévu lundi, un discours du vice-gouverneur de la province Aierken Tuniyazi aura lieu plus tard pendant les trois semaines de travaux.

Il est le premier d’un responsable régional, et non d’une autorité centrale, devant l’instance onusienne. “C’est une bonne chose” de pouvoir dialoguer avec Pékin pour tenter une “amélioration”, a expliqué devant la presse le président du Conseil Coly Seck.

La Chine est ciblée par de nombreux pays, dont la Suisse, pour ses camps d'”internement” de la minorité musulmane ouïghoure. Après avoir démenti ces sites, elle les a justifiés par la lutte contre les actes extrémistes avant de mentionner une formation.

La Haute commissaire aux droits de l’homme Michelle Bachelet demande un accès depuis de nombreux mois, sans succès. Il y a quelques jours, son nouvel ambassadeur auprès de l’ONU à Genève a souhaité qu’un calendrier puisse être établi pour cette venue.

Appel pour plusieurs investigations

La Haute commissaire devra partager avec les Etats membres ses observations après sa visite cette semaine au Venezuela. La Chilienne a dénoncé déjà à plusieurs reprises aussi bien l’échec du gouvernement de Nicolas Maduro à faire face à la crise politique et économique que les effets des sanctions américaines. “La situation reste très préoccupante”, affirme M. Zellweger.

Parmi les autres thématiques attendues, quelques jours après la grève des femmes en Suisse, un projet de résolution devrait appeler à une Journée mondiale pour l’égalité salariale. L’Islande veut demander davantage de suivi sur les violations présumées des droits de l’homme aux Philippines.

Des investigations internationales sont réclamées par plusieurs ONG en raison des abus liés à la politique contre la drogue du président controversé Rodrigo Duterte. Selon les estimations, plus de 26’000 personnes auraient été tuées.

Le Soudan, où plus de 100 civils ont été tués il y a quelques semaines dans la répression de leur rassemblement par le Conseil militaire qui a renversé le président Omar el-Béchir, sera également au menu. Le scénario d’une session spéciale a été abandonné. HRW demande au Conseil un mécanisme international.

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