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Le dialogue comme réponse aux crises internationales

Alain Berset conversa com correspondentes estrangeiros
Le président de la Confédération Alain Berset a rencontré quelque 50 représentants de la presse étrangère. Jamil Chade

Contre la tension, le dialogue. Contre la méfiance internationale, la coopération. Et contre le populisme, l’information. Ce sont les recettes d’Alain Berset pour diminuer les tensions. Devant la presse internationale, le président de la Confédération a estimé que la diplomatie suisse a pour rôle de faciliter ces réponses dans un monde marqué par des positions de plus en plus tranchées.

Lors d’une rencontre, lundi à Berne, avec quelque 50 journalistes étrangers, Alain Berset a présenté la vision suisse du monde et de ses défis. Pour lui, pas de doute, nous vivons un moment de transformation. «Nous assistons peut-être à une érosion, même lente, du système international fondé sur le droit», a-t-il déclaré, soulignant au passage que ce phénomène «préoccupe» la Suisse. «Il existe une crise du multilatéralisme, avec des conséquences à court et long terme», a-t-il ajouté.

Parmi les sujets qui préoccupent Alain Berset, il y a notamment les inégalités, l’augmentation des extrémismes, le terrorisme, les flux migratoires et les changements climatiques. «Dans ce contexte, l’engagement de la Suisse est essentiel», déclare Alain Berset, et Berne met l’accent sur trois dossiers: la paix, la démocratie et l’environnement.

Aux yeux du président de la Confédération, les gouvernements doivent assumer leurs responsabilités. Alain Berset a promis que la Suisse allait continuer à s’investir dans son rôle d’intermédiaire, comme entre les Etats-Unis et l’Iran, l’Iran et l’Arabie saoudite ou encore entre la Russie et la Géorgie.

Le dialogue avant tout

«Avec la crise du multilatéralisme, le dialogue n’a jamais été aussi important qu’aujourd’hui. C’est l’alternative au conflit», a plaidé Alain Berset. Il est selon lui paradoxal que face à des problèmes aux dimensions clairement internationales, la réaction des gouvernements et des pays est de se refermer sur eux-mêmes. «Il existe une tendance à apporter des réponses nationales, à la polarisation et à une méfiance envers les autres», a-t-il averti.

«Face à cette réalité, la réponse doit être internationale. Nous ne pouvons pas gérer le défi environnemental seuls», a poursuivi le président de la Confédération. La stratégie suisse est de rechercher et d’offrir le dialogue, mais il ne s’agit pas seulement d’une politique altruiste. En effet, «la stabilité est fondamentale pour la Suisse», a rappelé Alain Berset.

Mais il reconnaît que la Suisse n’est elle-même pas épargnée par ces tentations isolationnistes qui touchent les autres pays. Il cite par exemple l’initiative populaire pour l’autodétermination, qui sera soumise au vote le 25 novembre.

Suisse pas épargnée

Cette initiative cherche à modifier la manière dont la Suisse traite ses accords internationaux lorsque ceux-ci entrent en conflit avec le droit national. Pour les partisans de l’initiative, la Constitution doit toujours être considérée comme supérieure aux traités internationaux. Dans certains cas, il n’est pas exclu que la Suisse doive renégocier des accords internationaux, voire tous simplement les abandonner. 

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«C’est une initiative qui remettrait les accords internationaux en question et qui créerait une incertitude dans nos relations internationales. Or pour un pays qui exporte un tiers de sa production, la stabilité est fondamentale. Si la Suisse va bien d’un point de vue économique et social, c’est grâce à la stabilité créée par les accords internationaux», a plaidé le président de la Confédération. 

De manière ironique, Alain Berset n’a pas manqué de faire l’éloge de ce que d’aucuns à l’extérieur considèrent comme une monotonie bien suisse en matière de politique, de société et d’économie. «Nous sommes monotones, a-t-il reconnu. Mais c’est positif et cela apporte de la stabilité. Nous luttons beaucoup pour cette monotonie», a-t-il déclaré. 

Plaidoyer pour une presse de qualité 

Alain Berset a prononcé son discours à l’occasion des 90 ans de l’Association de la presse étrangère en Suisse. Il a souligné que les autorités reconnaissent le défi que les réseaux sociaux et Internet représentent en alimentant les mouvements populistes. «Les politiciens et la presse sont confrontés aux mêmes dilemmes», a-t-il constaté. 

Le populisme a toujours existé, mais avec les réseaux sociaux, les règles du jeu ont changé. Il est de plus en plus difficile de faire entendre la voix des journaux, même en disposant de plus d’informations», a-t-il déclaré. Alain Berset estime que l’une des conséquences de ces nouvelles règles du jeu a été la fragmentation du débat et l’augmentation du populisme. 

Et de conclure: «il n’a jamais été aussi important pour la société d’avoir un débat sur une presse de qualité. Il sera toujours nécessaire d’avoir un journalisme de haute qualité. Nous avons besoin de dialogue et la presse facilite ce dialogue.»

(Traduction du portugais: Olivier Pauchard)

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