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Ancien ministre gambien dans le collimateur de la justice suisse

Ousman Sonko a fui après avoir été démis de ses fonctions par le président gambien Yahya Jammeh (ici en blanc). Ce dernier est aujourd'hui en exil (archives). KEYSTONE/AP/JEROME DELAY sda-ats

(Keystone-ATS) Un ancien ministre gambien, qui avait déposé une demande d’asile en Suisse, a été interpellé sur ordre de la justice bernoise. Une enquête pour soupçons de crimes contre l’humanité a été ouverte contre Ousman Sonko, a indiqué jeudi le Ministère public bernois.

Le chargé d’information du Ministère public bernois Christof Scheurer a précisé que l’interpellation était intervenue après l’examen d’une dénonciation pénale. Il s’agit maintenant d’auditionner cet homme et de s’assurer de son identité.

L’interpellation a eu lieu dans le centre de transit de Lyss, dans le Seeland bernois, a indiqué une porte-parole de la police cantonale bernoise.

Cas connu

C’est l’émission Rundschau de la télévision alémanique qui avait affirmé qu’il s’agissait de l’ex-ministre gambien de l’Intérieur. Le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) n’avait toutefois jamais confirmé l’identité de cette personne contrairement au conseiller d’Etat bernois Hans-Jürg Käser.

Mercredi, ce dernier s’était d’ailleurs dit étonné que la Confédération attribue aux cantons de telles personnes comme elle le ferait avec “n’importe qui d’autre”. Le SEM avait conscience de l’importance du cas, a-t-il rétorqué. Il a informé à temps et dans les règles les services responsables de la Confédération et du canton, a-t-il indiqué à l’ats.

La procédure d’asile n’a pas pu être achevée dans les 90 jours, délai maximal dont dispose la Confédération pour héberger le requérant d’asile dans un centre d’enregistrement et de procédure, raison pour laquelle la personne a été attribuée au canton.

Dénonciation pénale

Le Ministère public régional Jura bernois-Seeland a en outre été saisie d’une dénonciation pénale contre Ousman Sonko. Cette dénonciation a été déposée par l’ONG Trial International qui lutte contre l’impunité des crimes.

“Il nous semble extrêmement important qu’un pays comme la Suisse puisse donner un signal qu’effectivement l’impunité est un fléau qui doit être combattu tant en Gambie qu’ici”, a déclaré le directeur de l’ONG Philip Grant sur les ondes de la RTS.

Selon plusieurs ONG, Ousman Sonko était jusqu’à récemment une figure clé du régime répressif de la Gambie avant le départ du président Yahya Jammeh. Il aurait ordonné des arrestations arbitraires, des tortures et des assassinats d’opposants au régime.

Ousman Sonko a fui après avoir été démis de ses fonctions par le président gambien Yahya Jammeh aujourd’hui en exil. Selon l’ONG, il a d’abord demandé l’asile en Suède, avant de venir en Suisse.

Le 14 novembre, la Confédération l’attribue alors au canton de Berne. Jusqu’à mardi, il se trouvait dans un centre de transit du Seeland bernois avant d’être transféré, puis interpellé.

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