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Attaque ratée à Paris: préparation “indiscutable” d’un attentat

Le procureur de Paris François Molins a dévoilé l'ampleur de l'arsenal détenu par l'auteur de l'attaque des Champs-Elysées, mais de nombreuses questions restent ouvertes (archives). KEYSTONE/AP/CHRISTOPHE ENA sda-ats

(Keystone-ATS) L’auteur de l’attentat raté lundi sur les Champs-Elysées préparait indiscutablement une “action violente”. L’important stock d’armes retrouvé dans sa voiture et à son domicile après l’attaque en témoigne, estime le procureur de Paris François Molins.

“L’arsenal découvert dans le véhicule atteste en effet de l’ampleur de l’action terroriste projetée qui, si elle avait abouti, aurait pu avoir des conséquences humaines dramatiques”, a assuré le magistrat jeudi lors d’une conférence de presse au palais de justice de Paris. Il a évoqué “un passage à l’acte terroriste” qui, s’il n’a pas fait d’autres victimes que lui-même, n’en “demeure pas moins mortifère”.

Dans la voiture qui a percuté lundi le véhicule de tête d’un convoi de gendarmes mobiles sur la prestigieuse allée parisienne, les enquêteurs ont retrouvé des armes et près de 9000 cartouches de différents calibres. Il y avait également “deux bouteilles de gaz de 13 kilos chacune, pleines et toujours dotées de leur opercule de sécurité”, a précisé M. Molins. Elles avaient été achetées la veille.

A quoi s’ajoute un sac contenant 28 chargeurs, deux pistolets automatiques, une carabine de calibre similaire à un fusil d’assaut kalachnikov et plusieurs couteaux. Enfin, une besace calcinée contenait “de très nombreux projectiles ressemblant à des ogives”, a ajouté le procureur. Les policiers ont aussi retrouvé un briquet dans le vide-poches central et un briquet dans la poche de l’auteur.

Des kilos de poudre noire

Les perquisitions au domicile de l’auteur ont permis de faire d’autres découvertes, dont huit bidons vides de poudre de rechargement de munitions, de 500 grammes chacune. Pour les enquêteurs, “cette poudre noire a pu être utilisée” pour confectionner des munitions.

“Mais il convient aussi de relever que cette poudre peut servir à la confection d’un engin explosif artisanal”, a expliqué le procureur. Les enquêteurs ont par ailleurs noté “la présence curieuse d’une couscoussière entourée de chatterton (ruban isolant et adhésif ndlr.) pouvant également servir à cette fin”.

Deux fusils à pompe, quatre dispositifs d’alarme dont deux de mouvements, deux talkie-walkies, des cartouchières, des chargeurs, deux appareils de visée laser, ainsi qu’un fusil à lunette faisaient partie de l’arsenal au domicile du jeune homme. “Autant d’éléments qui témoignent de la préparation indiscutable d’une action violente”, a conclu le procureur.

Or l’assaillant était titulaire d’autorisations de détention d’armes pour deux pistolets, trois carabines et deux fusils de chasse. Les dernières avaient été délivrées le 30 juin 2015.

Empêché de partir en Syrie

Le procureur de Paris a également révélé que ce Français de 31 ans avait indiqué à ses proches vouloir rejoindre la Syrie. Dans “une lettre testament” expédiée “à des proches par la Poste le 19 juin”, Adam Djaziri a déclaré “avoir voulu rejoindre la Syrie”.

Il y déplorait “en avoir été empêché ‘par des apostats contre l’État islamique'”, a déclaré François Molins. Le jeune homme avait effectué trois voyages en Turquie en 2016 sous couvert d’une activité “réelle ou supposée” de négoce d’or, a encore déclaré le magistrat. Mais de nombreuses zones d’ombre persistent sur le mode opératoire et la personnalité de l’assaillant.

“Quel était donc le projet précis de l’auteur? Avait-il prédéterminé sa cible? Avait-il choisi le lieu? Comment avait-il conçu son dispositif qui, selon toute vraisemblance, avait pour objet de faire de son véhicule un engin explosif?”. Autant de questions sur lesquelles devront encore se pencher les enquêteurs.

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