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Au tour du Conseil des Etats de réguler l’immigration

Les deux conseillers aux Etats Christian Levrat (PS) et Philipp Müller (PLR) sont prêts à discuter de l'initiative sur l'immigration de masse. Leur vision sont néanmoins différentes (archives). KEYSTONE/PETER KLAUNZER sda-ats

(Keystone-ATS) A peine le National a-t-il proposé sa version de l’application de l’initiative contre l’immigration de masse que les discussions commencent au Conseil des Etats. Dans la presse dominicale, le PLR Philipp Müller et le PS Christian Levrat exposent leurs vues.

L’ancien président PLR Philipp Müller défend dans la NZZ am Sonntag une version légèrement renforcée de la solution de préférence nationale “light”, choisie par le Conseil national. Il a toujours dit vouloir améliorer cette priorité indigène en termes d’efficacité et de charge bureaucratique, rappelle-t-il. Selon lui, un employeur ne doit pas seulement annoncer ses offres d’emplois aux centres régionaux de placements.

“Il doit également le justifier, lorsqu’il n’engage pas un demandeur d’emploi indigène”, soutient Philipp Müller. “C’est la mesure qui d’un point de vue bureaucratique est la moins contraignante mais qui a le plus d’effets”.

La solution retenue par le National ne contient ni plafonds ni contingents. Or le texte de l’initiative, désormais ancré dans la constitution en réclame explicitement. Mais “à quoi servent des contingents à un chômeur en Suisse, s’il doit attendre que des milliers de travailleurs recrutés à l’étranger arrivent, avant d’être pris en considération”, réplique le libéral-radical.

Mesures d’accompagnement

Renforcer la priorité indigène, c’est aussi l’objectif du président du PS Christian Levrat. Mais à un tout autre endroit. Le socialiste plaide lui pour une meilleure protection des employés, explique-t-il dans un entretien avec l’hebdomadaire “Schweiz am Sonntag”. “Là contre, l’Union européenne ne peut rien dire”.

La priorité à la main-d’oeuvre du pays ne satisfera pas les attentes de la population. Celle-ci va permettre de relancer des chômeurs sur le marché du travail. “Mais nous devons agir en amont et consolider la protection contre les licenciements abusifs”. Les employés de longue date doivent être protégés des renvois pour “des raisons de maximisation des profits”.

Pour le Fribourgeois, la définition de “licenciement abusif” doit être étendue et les indemnités augmentées dans les cas avérés. Nous devons donner de la voix à ces situations qui voient un collaborateur de longue date renvoyé et remplacé par un travailleur étranger meilleur marché, soutient-il en substance.

Le terme qui fâche

Cette proposition risque de se casser les dents auprès de la majorité bourgeoise qui pourrait voir ce renforcement comme une nouvelle mesure d’accompagnement. Il y a un problème sémantique avec le PLR, regrette Christian Levrat. Ce parti voit rouge dès lors qu’on parle de “mesures d’accompagnement”.

Mais pour le socialiste, si les libéraux-radicaux “n’acceptent pas de laisser tomber ce tabou, le problème ne pourra jamais être résolu”. Les mesures d’accompagnement agissent avant que les gens ne se retrouvent sans emploi. “Nous devons prendre au sérieux l’appel au secours, qui se cache derrière le “oui” du 9 février 2014.

Le National s’est décidé le 21 septembre pour une solution qui doit permettre d’appliquer l’initiative UDC contre l’immigration de masse. La commission responsable du Conseil des Etats s’est penchée sur le dossier cette semaine, selon la presse dominicale. D’autres discussions sont agendées la semaine prochaine. L’initiative doit être mise en oeuvre d’ici au 9 février 2017.

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