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Aujourd’hui en Suisse

Bonjour à vous, lecteurs d’ici et d’ailleurs,

La gauche suisse a vécu un sombre dimanche de votation. Les deux initiatives populaires issues de ses rangs ont été refusées.

Parties avec une avance confortable dans les premiers sondages, l’initiative pour des entreprises responsables et celle contre le commerce de guerre ont progressivement perdu leurs soutiens pour finir par échouer au verdict des urnes. Un sort commun pour les textes lancés par la gauche, qui fait cependant tiquer les organisations de défense des droits humains et de l’environnement.

Le canton de Genève a lui décidé de réhabiliter les droits politiques des personnes en situation de handicap mental.

Bonne lecture,

Keystone / Peter Klaunzer

La règle de la double majorité a eu raison de l’initiative pour des entreprises responsables. Si une majorité des votants (50,%) a soutenu le texte, il a échoué à convaincre la majorité des cantons. Ce n’est que la deuxième fois de l’histoire de la Confédération qu’une initiative est rejetée à la majorité des cantons, mais avec le soutien du peuple.

Rarement une initiative n’avait pourtant été aussi présente dans l’espace public: depuis des mois, les banderoles orange des initiants fleurissaient dans les rues. Le but: convaincre les citoyens de rendre les multinationales responsables des violations des droits sociaux et environnementaux commises par les producteurs de leurs chaînes mondiales d’approvisionnement.   

Les arguments des opposants qui craignaient que l’initiative ne soit dommageable pour l’économie suisse semblent avoir été entendus. «Ce texte faisait peser une incertitude sur l’ensemble du tissu économique suisse, y compris les PME. Elle aurait également détérioré la relation avec d’autres États en s’ingérant dans leur souveraineté», a réagi la directrice romande d’economiesuisse Cristina Gaggini.

Les partisans de l’initiative ne comptent toutefois pas en rester là: ils envisagent déjà le dépôt de nouvelles propositions. «J’attends du Conseil fédéral qu’il présente dès maintenant la manière dont il prendra le train en route», a notamment souligné la sénatrice verte Lisa Mazzone.

  • L’article de ma collègue Marie Vuilleumier
  • Point fort – La responsabilité de l’économie suisse à l’étranger
© Keystone/Gian Ehrenzeller

Le texte contre le commerce de guerre a subi le même sort que celui sur les multinationales responsables. Bien accueilli par les votants au début de la campagne, le projet de modification constitutionnelle n’a cessé de perdre en popularité au fil des sondages et a fini par être rejeté par 57,5% des votants.

Les fabricants d’armes de guerre ne seront ainsi pas restreints dans leurs sources de financement. Les arguments du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) et des Jeunes Verts, à l’origine de l’initiative, n’ont pas fait le poids face à une droite unie qui défendait la liberté d’investissement et les emplois de cette industrie.

Les craintes pour l’économie suisse, dans le contexte de la pandémie de coronavirus, n’ont pas joué en faveur du texte. Le GSsA s’est tout de même montré plutôt satisfait du résultat. «Une part de la population nous a entendus et nous soutient», a noté Thomas Bruchez, secrétaire du groupement antimilitariste.

Les pacifistes suisses ne désarment pas pour autant. Avec un tel taux d’approbation, le GSsA exige que des mesures plus strictes soient prises concernant le financement de l’armement de guerre. Il demande également que la Suisse ratifie le traité sur l’interdiction des armes nucléaires de l’ONU, qui entrera en vigueur en janvier 2021.

  • Lire l’article de mon collègue Samuel Jaberg
  • Point fort – La responsabilité de l’économie suisse à l’étranger

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Discussion
Modéré par: Samuel Jaberg

Les Suisses ont refusé d’imposer des règles éthiques plus strictes à leurs entreprises. Ce résultat vous surprend-il?

3 Commentaires
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Didier Ruef

Une première suisse s’est jouée ce dimanche à Genève. Les citoyens du canton ont voté en faveur du droit de vote pour les personnes en situation de handicap mental. 1200 personnes placées sous curatelle et jugées incapables de discernement pourront en bénéficier.

Grâce à cette nouvelle disposition, Genève devient le seul canton suisse à respecter le droit international en matière de handicap. La situation actuelle, tant à l’échelle cantonale que fédérale, viole en effet la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées (CDPH).

«C’est un signe que la population a compris que, malgré certaines déficiences, on peut avoir son opinion, son libre arbitre et des vues sur la société», se réjouit Emmanuelle Seingre, vice-présidente d’insieme Suisse, la fédération suisse des associations de parents de personnes mentalement handicapées.

Un travail de formation à la citoyenneté est aussi effectué dans les institutions et les associations pour les personnes qui souffrent d’une déficience mentale. «Je suis parfois impressionnée de voir la fierté qu’ont les gens de pouvoir participer à des scrutins», constate Emmanuelle Seingre.

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