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Godard

Aujourd’hui en Suisse

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Godard a 90 ans, un bel anniversaire pour ce cinéaste, témoin et génie d’un cinéma en plein marasme en ces temps de confinement. Une époque où se télescopent les crises, à l'instar du réchauffement climatique. Ce qui incite d’autres vénérables personnes à tirer la sonnette d’alarme: les Aînées pour la protection du climat.

Ces dernières décennies, des mères et des grands-mères sont régulièrement descendues dans la rue pour réclamer justice, quitte à affronter des dictatures. Les vieux sont inspirants.

Bonne lecture,  

Ainées pour le climat
© Keystone/ Valentin Flauraud

L’association Aînées pour la protection du climat dénonce les négligences de la Suisse en matière de protection du climat. Des récriminations déposées fin octobre auprès de la Cour européenne des droits de l’homme.

L’action des grisonnantes militantes à Strasbourg est symbolique. Mais ce ne sont pas des paroles en l’air, comme le souligne mon confrère Luigi Jorio: «En poursuivant un objectif climatique insuffisant, la Suisse viole le droit à la vie inscrit dans la Constitutionfédérale et dans la Convention européenne des droits de l’homme», déclare Anne Mahrer, qui, en tant que femme d’un âge avancé, se sent particulièrement menacée par le réchauffement climatique. «Ce n’est pas une action égoïste. Si nous gagnons, tout le monde gagne», affirme-t-elle.

D’autant que le recours aux tribunaux n’est pas une première. «L’inspiration nous est venue des Pays-Bas», dit Anne Mahrer, ancienne parlementaire écologiste. En 2019, la cour suprême des Pays-Bas a confirmé un jugement obligeant un État à respecter les accords internationaux sur le climat.

«Il n’est pas possible d’intenter une action collective [Class Action] en Suisse. Nous avons donc créé une association qui rassemble les personnes les plus vulnérables face au changement climatique et aux vagues de chaleur, explique Anne Mahrer.

Au cours des 20 dernières années, la mortalité liée à des épisodes de caniculea grimpé de 54% chez les plus de 65 ans et 296’000 personnes en sont mortes en 2018, selon un rapport publié ce jeudi dans la revue The Lancet et cité par Le Temps.

Orpaillage au Zimbabwe,
Keystone / Orpaillage au Zimbabwe, novembre 2020

Mais il n’y a pas que les tribunaux pour faire face aux périls qui menacent le genre humain. C’est la conviction de l’économiste Emmanuel Fragnière, qui revient sur le non à l’initiative «pour des multinationales responsables».

Avec le rejet du texte dimanche dans les urnes, c’est le contre-projet indirect élaboré par le Parlement qui va entrer en vigueur. Moins contraignant, il impose de nouvelles obligations aux entreprises. Celles qui comptent plus de 500 emplois à plein temps ou affichent un chiffre d’affaires de plus de 40 millions de francs devront rédiger un rapport annuel sur leur façon de gérer les problématiques environnementales, sociales, du personnel, de la corruption et des droits humains. 

De plus, toute société ayant son siège ou son administration principale en Suisse devra réagir promptement dans la chaîne d’approvisionnement de ses produits, s’il s’agit de minerais provenant de zones de conflits ou de biens et services pour lesquels il existe un soupçon de travail d’enfants.

Pour l’économiste et professeur en gestion des risques à la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO Valais-Wallis) Emmanuel Fragnière, il s’agit d’un instrument très intelligent: «Ce sont des rapports, mais ils sont importants car la population va aller regarder ce qui se fait réellement. J’observe dans ma recherche qu’il y a une prise de conscience des consommateurs, qui arrivent à faire plier les entreprises. C’est vraiment un phénomène sociologique de fond, une société ne peut plus simplement miser sur du greenwashing».

satellites
ESA

C’est une annonce qui a «déçu en bien», comme on dit dans le canton de Vaud où prospère la start-up ClearSpace. Une jeune entreprise qui produira le premier nettoyeur de l’espace.

Mon confrère, le très spatial Marc-André Miserez, raconte cette aventure scientifique et industrielle issue des laboratoires de l’École polytechnique fédérale de Lausanne. Avec le lancement d’un nombre exponentiel de satellites en tout genre, notre planète est entourée par une grande poubelle orbitale. Un danger bien réel pour les missions spatiales.

Pour y faire face, l’Agence spatiale européenne (ESA) a lancé un appel à projets. Et c’est l’entreprise vaudoise qui a remporté la mise de 86 millions d’euros. «C’est la première fois que l’ESA achète un contrat de service de bout en bout plutôt que d’exploiter la mission elle-même. Et surtout, jamais on n’avait vu une agence spatiale s’engager pour une somme pareille auprès d’une start-up», écrit Marc-André Miserez.

La première mission est prévue en 2025. «Cette mission doit être la première d’une longue série, avec à terme la perspective d’un ‘chasseur’ capable de précipiter plusieurs épaves à la suite dans le feu de la rentrée atmosphérique. On parle déjà de cinq, voire dix débris éliminés tour à tour en une seule mission», souligne mon confrère.

Godard
© Keystone / Gaetan Bally

Jean-Luc Godard a 90 ans. Et alors?, bougonne probablement le célèbre cinéaste de Rolle, même si l’anniversaire donne lieu à une série d’événements en Suisse et ailleurs.

Comme le rappelle l’ATS, l’artiste a signéune œuvre foisonnante. Il a tourné ou participé à près de 150 films et vidéos. L’un de ses longs métrages les plus connus, «A bout de souffle» (1959), devient l’œuvre phare de la nouvelle vague. Suivent «Le Mépris» (1963), «Pierrot le Fou» (1965), «La Chinoise» (1967), «Sauve qui peut (la vie)» en 1980, «Prénom Carmen» (1983) ou les huit épisodes des «Histoire(s) du cinéma” (1988-1998).

Godard pose en effet un regard pénétrant sur le cinéma, un phénomène de foire à ses débuts qui se métamorphose au fil des décennies en superproduction hollywoodienne projetée sur grand écran. Une étape aujourd’hui ébranlée par un confinement généralisé. Les salles sont vides et l’industrie du cinéma déprime à Hollywood.

Godard, lui, poursuit sa route, en artiste toujours aussi expérimental, intégrant chaque métamorphose du cinéma.  

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