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Autriche: le FPÖ accusé de vouloir “contrôler” les médias

Ancien secrétaire général du FPÖ et considéré comme le "cerveau" du parti, Herbert Kickl est sous le feu des critiques depuis son arrivée en décembre à l'Intérieur (archives). KEYSTONE/EPA/FLORIAN WIESER sda-ats

(Keystone-ATS) Le ministre de l’Intérieur d’extrême droite autrichien Herbert Kickl (FPÖ) est dans la tourmente. L’opposition l’accuse de dérive “illibérale” après la diffusion d’instructions visant à limiter la coopération de la police avec des médias jugés “critiques”.

Dans un courriel révélé par la presse, le cabinet du ministre a recommandé aux directions régionales de limiter au “minimum légal” la communication avec trois publications jugées peu complaisantes, les quotidiens Kurier (centre) et Standard (centre-gauche), ainsi que l’hebdomadaire Falter (gauche).

Ce courriel, dont l’authenticité a été confirmée par le ministère, préconise en outre que la nationalité et le statut éventuel de demandeur ou de bénéficiaire du droit d’asile soit systématiquement précisé pour tout mis en cause dans un fait divers.

L’opposition sociale-démocrate, libérale et écologiste a dénoncé mardi une “muselière pour les médias indépendants” ainsi qu’une tentative d'”orbanisation” de l’Autriche, dans une allusion au dirigeant “illibéral” hongrois Viktor Orban.

Le parti libéral Neos a demandé à ce que M. Kickl soit convoqué par le Parlement mercredi, et appelé le chancelier conservateur Sebastian Kurz à “tirer des conséquences”. Depuis New York où il participe à l’assemblée générale annuelle des Nations unies, ce dernier a souligné que “toute limitation de la liberté de la presse est inacceptable”.

Attaque contre la liberté des médias

Kurier a dénoncé “le contrôle de Kickl sur les médias”, tandis que Standard s’est indigné d’une “attaque frontale de la liberté des médias”.

Le ministère a reconnu avoir formulé des “incitations” pour ses directions régionales, soulignant que les médias nommément visés faisaient selon lui fréquemment preuve de “parti pris” dans leur travail journalistique. Le cabinet a toutefois assuré que l’initiative ne provenait pas de M. Kickl et que le mail n’avait “pas valeur d’instruction”.

Ancien secrétaire général du FPÖ et considéré comme le “cerveau” du parti, Herbert Kickl, 49 ans, est sous le feu des critiques depuis son arrivée en décembre à l’Intérieur, un ministère sensible qui avait jusqu’alors toujours échappé à la formation d’extrême droite.

M. Kickl est notamment empêtré dans l’affaire d’une perquisition effectuée en février par la police au siège des services secrets autrichiens BVT, à la suite de laquelle plusieurs services alliés ont limité leur coopération avec l’Autriche.

Le FPÖ, une formation alliée au parti Russie unie de Vladimir Poutine, gouverne l’Autriche depuis décembre au sein d’une coalition formée par les conservateurs de M. Kurz.

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