Des perspectives suisses en 10 langues

Des négociations qui traînent, une société civile qui entraîne

Rédaction Swissinfo

Ce samedi 18 novembre à 6h56 du matin, la COP23 s’est terminée sous les applaudissements des quelques négociateurs et observateurs encore présents au terme d’une longue nuit de discussions. Après quelques heures de sommeil, l’heure est venue de faire le bilan de cette COP, tant au niveau des négociations qu’au niveau personnel pour notre délégation de Swiss Youth for Climate.

L’objectif principal de cette COP était de définir le règlement de l’Accord de Paris. Ce règlement devra être terminé l’an prochain lors de la COP24 en Pologne afin que les pays puissent prendre des mesures visant à contenir le réchauffement climatique bien en dessous de 2°C.

Objectifs atteints?

Eh bien pas vraiment! Le règlement pour la mise en œuvre de l’accord de Paris est encore loin d’être finalisé. Le document actuel fait plus de 200 pages et regroupe des dizaines de propositions qui ne font, de loin, pas l’unanimité.

Pour les points positifs, on note que certains groupes de la population plus vulnérables aux changements climatiques commencent à être reconnus. Un plan d’action pour donner plus de place aux femmes et la création d’une plateforme de dialogue avec les populations autochtones ont été adoptés. L’agriculture et les océans ont également reçu une attention qui leur avait, jusqu’ici, cruellement manqué.

Alors, de quoi se réjouir ?

Malheureusement pas, car les pays développés n’assument toujours pas suffisamment leur responsabilité. Ils ne proposent pas non plus d’aides financières adéquates aux pays en développement qui leur permettraient de faire face aux changements climatiques qu’ils vivent déjà. Enfin, les maigres avancées pour augmenter les ambitions de réduction des émissions de gaz à effet de serre avant 2020 n’ont pu être que décevantes pour les pays les plus vulnérables.

Nous avons également appris que l’Allemagne n’était pas prête de sortir du charbon, que les Etats-Unis en font ouvertement la promotion et que d’autres pays se félicitent d’avoir investi dans le gaz naturel (rappelons qu’il s’agit d’une énergie fossile très émettrice de CO2). Tout ça sous l’œil, surement ravi, de lobbyistes de compagnies pétrolières qui doivent être rassurés de voir leur porte-monnaie toujours protégé pour les années à venir.

Suite à ce bilan, franchement pas réjouissant ; que fait la société civile?

Nous étions huit membres de Swiss Youth for ClimateLien externe cette année à nous relayer pour suivre les négociations, rencontrer la délégation suisse et travailler sur des thématiques spécifiques. Nous avons pu assurer la participation des jeunes lors des prochaines consultations sur l’éducation aux changements climatiques. De plus, nous avons eu l’opportunité d’encourager le comité de la Convention sur les droits des enfants à préciser son lien avec l’environnement.

Pour la première fois, notre revendication de refuser l’accès aux négociations aux lobbyistes de l’industrie fossile figure dans un rapport officiel grâce à notre travail, associé à celui d’autres organisations.

Nous avons également manifesté, écouté des discours inspirants, partagé nos expériences avec des gens venus du monde entier… Bref, nous avons retrouvé un mouvement mondial pour plus de justice climatique qui ne cesse de grandir. Malgré les déceptions liées aux négociations, nous ne lâchons rien, notre volonté de vivre sur une planète ou il fait encore bon vivre grandit de jour en jour et notre travail continuera ces prochains mois en Suisse.

Enfin, pour tous les COP-sceptiques, on rappelle que les négociateurs travaillent selon un mandat émis par leur gouvernement et que les gouvernements sont élus par la population. Ils sont donc vos représentants. Un changement de majorité au parlement peut changer la position d’un pays pour le pire certes (coucou les USA), mais aussi pour le meilleur. Participer aux débats publics, voter et interpeller nos représentants est notre devoir de citoyens; nous comptons sur vous tous !


N’hésitez pas à nous suivre sur les réseaux sociaux (@SwissYouthforClimate) pour en savoir plus sur les enjeux climatiques.

Le point de vue exprimé dans cet article est celui de ses auteurs et ne reflète pas forcément celui de swissinfo.ch.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision