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La Conférence internationale du travail en quête d’avenir

Cambodian migrant construction workers
Des ouvrières cambodgiennes devant un chantier au centre-ville de Bangkok. L'Organisation internationale du travail relevait dans un rapport publié fin 2016 que les femmes représentaient près de 40 % des migrants employés dans la construction en Thaïlande, plus que partout ailleurs dans le monde. Copyright 2016 The Associated Press. All Rights Reserved.

À quoi ressembleront les emplois de demain dans un marché du travail en pleine mutation? C’est le défi que veut relever l'Organisation internationale du Travail (OIT) à l’occasion de sa conférence annuelle placée sous le sceau du centenaire de l’organisation tripartite.

Une Convention contraignante pour l’élimination de la violence et du harcèlement dans le monde du travail pourrait être adoptée lors de la 108e session de la Conférence internationale du travail qui s’ouvre lundi à Genève. Mais des divergences persistent sur le degré de responsabilité exigible des employeurs et sur l’opportunité d’inclure une référence spécifique à la protection des personnes LGBTQi.

Malgré ces points de friction, l’ambassadeur de Suisse auprès de l’OIT, Jean-Jacques Elmiger, estime que ce texteLien externe a de bonnes chances de passer lors de la conférence annuelle. «Je pense que nous n’avons pas le choix. Le problème n’est pas seulement d’adopter de nouvelles normes, mais de s’assurer que la plupart des pays pourront ratifier la convention par la suite. C’est le problème auquel nous sommes confrontés chaque année à l’OIT», précise-t-il à swissinfo.ch.

Pour que la convention aboutisse, les représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs doivent tous se mettre d’accord, selon les règles de l’OIT, une organisation tripartiteLien externe unique en son genre fondée il y a 100 ans.

L’avenir du travail au menu du centenaire

Pour célébrer ce siècle d’existence, les délégués à la conférence vont tenter d’imaginer l’évolution du travail au cours des 100 prochaines années.  Une réflexion basée sur un rapportLien externe de la Commission mondiale sur l’avenir du travail de l’OIT.

L’OIT tient sa conférence annuelle du 10 au 21 juinLien externe à l’occasion de son 100e anniversaire.Lien externe La réunion historique de Genève, présidée cette année par la Suisse, abordera les défis futurs du monde du travail et le rôle de l’OIT dans les années à venir.

Le directeur général de l’OIT et le conseiller fédéral Alain Berset ouvriront Lien externela conférence, à laquelle participeront près de 6000 délégués et 44 chefs d’État et de gouvernement, dont les présidents français et italien (Emmanuel Macron et Sergio Mattarella) et la chancelière allemande Angela Merkel.

La délégation suisse Lien externesera dirigée par le chef de la Direction du travail du Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) Boris Zürcher. Celle des employeurs sera emmenée par le directeur général de la Fédération des entreprises romandes (FER) Blaise Matthey et celle des travailleurs par le secrétaire général de l’Union syndicale suisse (USS) Luca Cirigliano.

Le document, publié en janvier, exhorte les gouvernements, les employeurs et les syndicats à mettre en œuvre dans les années à venir un programme «centré sur l’être humain» permettant un travail décent en investissant dans les capacités des personnes, les lieux de travail et les emplois durables.

Les auteurs préviennent que le monde du travail est confronté à un «changement transformationnel sans précédent» alimenté par l’intelligence artificielle, l’automatisation et la robotique, mais aussi par la crise climatique, les migrations et la globalisation.

«Si vous êtes un conducteur de bus à Genève et que vous savez que des véhicules sans chauffeur doivent arriver dans deux ou trois ans, vous vous posez d’importantes questions», a déclaré à la presse Guy Ryder, directeur général de l’OIT.

L’évolution démographique

Guy Ryder a déclaré que les déséquilibres démographiques étaient également en train de transformer le monde du travail, ajoutant qu’il était «presque inévitable» d’allonger le temps de travail: «Nous devons adapter le marché du travail et ne pas pousser les gens au-delà de leurs capacités physiques naturelles. Mais si l’on s’attend à ce que les gens travaillent au-delà des 70 ans, il faudra continuellement les requalifier.»

L’âge actuel de la retraite en Suisse est de 65 ans pour les hommes et de 64 ans pour les femmes. Mais actuellement, six personnes sur dix cessent de travailler avant, rarement par choix.

«Le problème en Suisse, c’est que nous formons des gens pour obtenir des emplois hautement qualifiés, mais nous réalisons que l’expérience des travailleurs âgés est très utile pour le développement des entreprises. Nous devons trouver des solutions pour garder les travailleurs âgés à bord le plus longtemps possible et leur donner la formation nécessaire pour les amener au niveau le plus élevé possible», estime Jacques Elmiger.

Déclaration du centenaire

Le rapport sur l’avenir du travail présente dix recommandations, dont un investissement accru dans l’éducation et la formation tout au long de la vie, une protection sociale garantie et une garantie universelle pour un travail décemment rétribué, encadré en termes d’horaire, de protection face aux accidents et aux risques sanitaires.

Après avoir digéré toutes ces questions, la Conférence du centenaire de l’OIT devrait adopter une Déclaration du centenaire non contraignante qui définit ses priorités futures.

«Nous avons besoin d’une déclaration concise, politique et stratégique sur ce qui se passe et sur les questions émergentes pour l’avenir du travail, et sur ce que l’OIT doit faire pour relever ces défis», a déclaré Guy Ryder, ajoutant que la déclaration doit préciser ce que l’on attend des différents pays et de la coopération internationale.

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Traduit de l’anglais par Frédéric Burnand

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