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Confédération et cantons s’engagent contre la violence domestique

Pour la ministre de justice et police, Karin Keller-Sutter, il est essentiel que tous les acteurs du domaine coordonnent leurs efforts. KEYSTONE/PETER KLAUNZER sda-ats

(Keystone-ATS) La lutte contre la violence domestique doit être renforcée. La Confédération et les cantons ont signé vendredi une feuille de route définissant des mesures concrètes, comme l’introduction d’un numéro de téléphone central pour les victimes.

Malgré l’adoption de plusieurs lois et instruments aux niveaux cantonal et fédéral, la violence domestique existe toujours. “Et nous ne pourrons jamais complètement l’éliminer”, a reconnu vendredi la ministre de justice et police, Karin Keller-Sutter, devant les médias. “Il est toutefois essentiel que tous les acteurs du domaine coordonnent leurs efforts.”

Un “dialogue stratégique” sur la thématique a donc été organisé. Il a rassemblé des représentants de la Confédération, des cantons et d’organisations de la société civile. Une feuille de route, fixant dix champs d’action prioritaires, a été élaborée à son issue.

Bouton d’alarme

Parmi les mesures envisagées, figure l’introduction d’un bouton d’alarme pour les victimes potentielles. Il permettait d’appeler à l’aide dans des situations dangereuses.

Le système n’a pas encore été mis sur pied en Suisse, a précisé le président de la Conférence des directrices et directeurs des départements cantonaux de justice et police Fredy Fässler. Mais des projets pilotes pourraient être lancés pour le tester. Deux cantons ont déjà annoncé leur intérêt.

Le St-Gallois a cependant précisé que le système ne fonctionnerait probablement que sur un territoire limité. “Sinon il faudrait établir un poste de police à tous les coins de rue pour pouvoir répondre dans les temps.”

Pour Karin Keller-Sutter, une telle solution permettrait aux personnes de se déplacer plus librement. Ce serait également une aide dans les situations de séparation difficile, où la violence peut être amenée à se répéter.

L’utilisation des nouvelles technologies à elle seule ne permettra toutefois pas de résoudre le problème de la violence domestique, a pointé Fredy Fässler. “Il faut une approche interdisciplinaire et coordonnée au niveau national”, a abondé Sylvie Durrer, directrice du Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes.

Disponible 24h sur 24

D’autres mesures sont également étudiées, comme l’introduction d’un numéro d’appel central accessible 24 heures sur 24. “Des solutions existent actuellement. Mais elles sont disparates selon les cantons. Ce n’est pas toujours le même numéro, ni le même endroit qu’il faut appeler”, a rappelé Nathalie Barthoulot, présidente de la Conférence des directrices et directeurs cantonaux des affaires sociales.

L’accueil des victimes dans les hébergements d’urgence doit aussi être développé. “Des efforts ont déjà été réalisés dans le domaine. Bâle-Ville a notamment plus que doublé le nombre de places dans ses maisons d’accueil, passant de 17 à 40”, a souligné la Jurassienne.

Du travail reste cependant encore à effectuer, a-t-elle poursuivi. La moitié des personnes cherchant de l’aide doivent être redirigées vers d’autres structures. Une situation due à plusieurs facteurs, notamment aux difficultés financières des victimes qui peinent à trouver un logement propre.

La prévention de la violence, la protection des enfants, le suivi des auteurs de violences domestiques ou encore la formation continue font partie des autres champs d’action prioritaires identifiés.

“Tolérance zéro”

“La feuille de route pose les jalons de la mise en oeuvre de la Convention d’Istanbul”, que la Suisse a ratifiée en 2018, note encore Sylvie Durrer. Avec elle, “les autorités et les spécialistes réaffirment ensemble le principe de la tolérance zéro face à la violence envers les femmes et la violence domestique”.

En 2020, quelque 20’000 infractions relevant des violences domestiques ont été enregistrées. Et 28 personnes ont perdu la vie. Les femmes sont majoritairement touchées. Les chiffres ne montrent cependant que la partie immergée du problème. “Quelque 80% des incidents ne sont pas déclarés.”

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