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Andrea Gmür: une centriste à la fois sociale et libérale

Pour Andrea Gmür, la politique est une tradition familiale: son père siégeait à la Chambre haute jusqu'en 1991 et elle a été élue à la Chambre basse en octobre dernier. swissinfo.ch

Elle est tombée dans la politique pratiquement dès le berceau. Cependant, cette nouvelle conseillère nationale démocrate-chrétienne lucernoise âgée de 51 ans n’a assumé son premier mandat politique qu’il y a neuf ans. A l’échelle nationale, cette ancienne enseignante de lycée et mère de quatre enfants veut s’engager avant tout pour un système éducatif global, une politique fiscale durable et un Etat social sain.

«La première session au Parlement fut fatigante, mais en même temps captivante et intensive. On fait la connaissance de beaucoup de gens intéressants. Je considère que c’est un privilège et une grande responsabilité de contribuer à définir la politique nationale en tant que représentante du peuple», déclare Andrea GmürLien externe.

Andrea Gmür

Née le 17 juillet 1964 dans le canton de St-Gall, elle a étudié l’anglais et les langues romanes à l’Université de Fribourg avant d’enseigner pendant plusieurs années dans un lycée. Elle dirige depuis 2007 la Fondation Josi J. Meier à Lucerne.

Elle a été élue au Parlement lucernois en 2007 et elle dirige la section démocrate-chrétienne de la ville de Lucerne depuis 2014. Depuis 2014 également, elle est membre du groupe de travail de la politique familiale au niveau national. Elle a été élue au Conseil national (Chambre basse) en 2015 et fait désormais partie de la Commission de la science, de l’éducation et de la cultureLien externe.

Mariée et mère de quatre enfants, elle vit avec sa famille à Lucerne. 

Fille du démocrate-chrétien st-gallois Jakob Schönenberger, qui a siégé au Conseil des Etats de 1979 à 1991, Andrea Gmür a baigné dans la politique depuis toute petite. «Mon père, qui était également maire de la commune de Kirchberg, m’a certainement influencée. Mais nous n’avons pas forcément beaucoup parlé de politique à la maison, car il était souvent absent et, le week-end, il devait préparer ses dossiers pour siéger à Berne. En plus, il avait ses activités d’avocat», se souvient-elle.

Mais à l’époque, Andrea Gmür ne voyait pas que du positif dans la politique. «J’ai vécu aussi les réactions négatives et les injustices par rapport à mon père. C’est pourquoi le mieux pour moi, c’était souvent de laisser ces questions de politique de côté.»

Guidée par des valeurs chrétiennes

La nouvelle élue dit avoir toujours été sensible aux injustices. Par exemple, lorsqu’elle avait un petit boulot dans un magasin Migros, pendant ses études, elle avait constaté qu’elle gagnait 1,10 franc de l’heure de moins que ses collègues masculins, «qui faisaient le même travail que moi. Je me suis plainte, avec succès. Cette expérience m’a marquée.»

Egalité, mêmes droits pour tous, amour de prochain et solidarité: ce sont des valeurs chrétiennes et occidentales qui sont importante pour Andrea Gmür. Il était donc évident qu’elle ferait de la politique sous la bannière du Parti démocrate-chrétienLien externe. «D’instinct, c’était du PDC que je me sentais la plus proche, même si j’ai dû atteindre un certain âge avant de le remarquer.» L’entrée en politique a eu lieu en 2007, lorsqu’elle a été élue au parlement cantonal de Lucerne. «C’est alors que j’ai vraiment pris goût à la politique.»

Cette politicienne PDC prend le C du nom de son parti au sérieux: elle va régulièrement à l’église («même si ce n’est pas tous les dimanches») et discute volontiers de l’Eglise, de Dieu et du monde, par exemple avec l’évêque de Bâle Felix Gmür, son beau-frère. Elle est par ailleurs directrice de la Fondation Josi J. Meier, pour l’intégration professionnelle et sociale de personnes en difficulté. «Si quelqu’un a des problèmes, il faut l’aider. Mais lorsque quelqu’un veut seulement profiter du système, alors je dis stop», dit-elle.

Nouveaux élus

La fille de Christoph Blocher, le patron de la Weltwoche, le maire communiste, la jeune écologiste: swissinfo.ch publie une série – non exhaustive – de portraits des nouveaux membres du Parlement suisse issu des élections du 18 octobre 2015. Découvrez ces nouveaux visages sous la Coupole fédérale, qu’ils soient représentants de partis gouvernementaux ou de plus petites formations.

Vivre avec la critique

Au plan cantonal, la gauche lui a reproché d’être plus libérale que sociale et de ne pas être digne de succéder à Josi Meier, célèbre politicienne PDC, avocate, militante féministe, l’une des premières femmes à avoir été élue au Parlement fédéral dans les années 1970 et morte en 2006.

«J’ai déjà été critiquée pour beaucoup de choses», même dans le domaine de la formation, «une chose à laquelle nous devons veiller avec soin», examiner attentivement et, «quand c’est justifié», soumettre à des mesures d’économies, même si ce n’est pas du goût de tout le monde.

Andrea Gmür assure avoir un profond respect pour la «grande dame» qu’était Josi Meier, pour son style de vie modeste, pour son engagement au service des démunis et pour les droits des femmes. «Mais mon modèle politique est mon père, qui était beaucoup plus proche de moi, déjà sur le plan familial. Je l’ai toujours trouvé droit. Il restait fidèle à son opinion, même lorsqu’il se retrouvait dans la tempête.»

Mettre des limites

Sur le thème de l’asile et des migrations aussi, les arguments d’Andrea Gmür sont typiques des politiciens du centre. «Il faut aider les persécutés, mais nous ne pouvons pas garder tous ceux qui arrivent ici», dit-elle. A son avis, il faut aussi que les personnes s’intègrent dans le système, sur le marché de l’emploi et dans la société. «Nous devons fixer des limites avant d’arriver à nos limites.»

Nous devons fixer des limites avant d’arriver à nos limites.

Pour la parlementaire démocrate-chrétienne, il est important de communiquer de manière claire à la population qui peut rester en Suisse, pourquoi et pour combien de temps. C’est de cette manière qu’on évite que se développe la haine pour les étrangers – qui est attisée par les médias et certains partis, dénonce-t-elle.

Par «certains partis», elle veut parler de l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice), dont elle rejette clairement l’initiative dit ‘Pour le renvoi effectif des étrangers criminels’, qui sera soumise au peuple le 28 février. «Personne ne veut avoir des délinquants ici, et moi non plus. Cependant il est difficile d’argumenter contre l’initiative et d’expliquer à la population que cette proposition va à l’encontre de l’Etat de droit et du principe de proportionnalité.»

Le positionnement politique d’Andrea Gmür d’après le site smartvote.ch. smartspider.ch

Résumé dans un slogan

Parmi les préoccupations de la présidente de la section démocrate-chrétienne de la ville de Lucerne, il y a l’avenir de son parti. Lors des élections fédérales d’octobre dernier, «suite à la fragmentation du centre», le parti cantonal a perdu plus de 3 points en faveur de l’UDC et du Parti socialiste. Dans le canton de Lucerne, traditionnellement catholique, le PDC n’est plus le parti le plus fort. «Nous devons être plus compact, affiner notre profil. Les attentes envers le nouveau président du parti sont donc élevées.»

Quant à son propre profil, Andrea Gmür le résume avec un slogan: «pour une économie de marché sociale, un système d’instruction global et un environnement intact». Dans la mesure du possible, elle se déplace à pied, en vélo ou avec les transports publics. «Mais je ne suis pas sectaire, je prends aussi la voiture», précise cette politicienne sportive qui aime jouer au tennis, skier ou faire du jogging. «Mais hélas pas suffisamment en ce moment, à cause du manque de temps.»

Pas question, en revanche, de délaisser sa famille en raison de son nouveau mandat politique. L’organisation du foyer n’est pas encore parfaite, affirme cette mère d’une fille et de trois garçons âgés de 15 à 22 ans. Elle cherche donc une aide extérieure. Mais les enfants doivent aussi apporter leur contribution. «Le fait que les garçons sachent utiliser une machine à laver et cuisiner fait partie de la formation de base – même si ça suscite parfois quelques commentaires machistes.»

(Traduction de l’allemand: Olivier Pauchard)

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