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Un test suisse pour dépister un virus chinois

Contrôle sanitaire dans un aéroport.
Comme d'autres en Asie, l'aéroport de Jakarta a pris des mesures pour dépister le virus. Keystone / Mast Irham

Les Hôpitaux universitaire de Genève (HUG) ont mis au point un test pour dépister le nouveau virus qui est en train de se diffuser dans le monde depuis la Chine. L’Organisation mondiale de la santé devrait décider jeudi si le coronavirus de Wuhan constitue une urgence sanitaire publique d’intérêt international.

Jusqu’à présent, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’a parlé d’urgence sanitaire internationale que pour de rares cas d’épidémie nécessitant une réponse vigoureuse. Il s’agissait notamment de la grippe porcine H1N1 en 2009, du virus Zika en 2016 et du virus Ebola qui a touché une partie de l’Afrique de l’Ouest en 2014 et la République démocratique du Congo depuis 2018. 

Le nouveau coronavirus a infecté des centaines de personnes et a provoqué au moins dix-sept décès. Présent dans environ une moitié des provinces chinoises, y compris dans les mégalopoles de Pékin et de Shanghai, il a également été signalé au Japon, en Corée du Sud, à Taïwan, en Thaïlande, en Australie et aux États-Unis. 

Deux points sont particulièrement inquiétants: la transmission entre humains – qui a été confirmée par un chercheur chinois – et le fait que le virus pourrait muter et se défendre plus facilement. 

Test pour ceux qui reviennent de Chine 

La lutte contre cette énième urgence sanitaire d’origine virale passe aussi par la Suisse. Il y a une dizaine de jours, les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) ont élaboré un test de dépistage qui devrait permettre d’identifier rapidement les personnes contagieuses. 

«Le virus a été identifié; on possède son code génétique en entier», a affirmé Laurent Kaiser, responsable du Service des maladies infectieuses des HUG, sur les ondes de la Radiotélévision suisse romande (RTS).

Contenu externe

Le test est très simple: il suffit d’un frottis au fond de la gorge ou dans le nez avec un coton-tige. Il sera effectué uniquement sur des personnes de retour de Chine et présentant les symptômes suivants: rhume, toux, fièvre, douleurs musculaires accompagnés de difficultés respiratoires. 

«Si les symptômes sont limités, les soins seront ceux habituellement prodigués. Notre crainte est que les patients développent des pneumonies», a indiqué Laurent Kaiser, en précisant au passage qu’il n’existe pour le moment aucun vaccin ou traitement contre le nouveau virus. 

Comme le SRAS 

Identifié en décembre 2019 dans la ville de Wuhan, le chef-lieu de la province la plus peuplée de Chine orientale, le virus devrait être d’origine animale. Les autorités chinoises affirment qu’il pourrait être apparu sur un marché aux poissons de Wuhan, où l’on vend aussi d’autres animaux comme des poulets et des chauves-souris. 

Selon Laurent Kaiser, le virus est «à 70% similaire au SRAS». En 2002-2003, cette forme atypique de pneumonie baptisée Syndrome respiratoire aigu sévère avait infecté 8000 personnes et provoqué 774 décès. «Nous avons tous les éléments et les ingrédients pour une recette qui pourrait causer de grandes épidémies dans certains pays», a expliqué le médecin sur les ondes de la RTS. 

La mise au point d’un vaccin demandera des années, mais pour l’heure, il n’est pas sûr que le virus persiste chez l’homme. «L’épidémie pourrait aussi disparaître comme elle est apparue», indique Laurent Kaiser. 

Pas de mesures dans les aéroports suisses 

De nombreux pays, dont les Etats-Unis, ont disposé un système de surveillance dans les aéroports pour contrôler les voyageurs en provenance de Wuhan. Une mesure devenue caduque, puisque les autorités chinoises viennent tout juste d’interdire les vols depuis Wuhan.

Contrôle thermique dans un aéroport.
Certains aéroports, comme celui de Kuala Lumpur en Malaisie, disposent de caméras thermiques pour détecter des voyageurs potentiellement contaminés par le nouveaux virus chinois. Copyright 2020 The Associated Press. All Rights Reserved

«Même si des connexions aériennes directes existent depuis Wuhan vers l’Europe (Londres, Paris et Rome), le centre européen pour la prévention et le contrôle de maladies juge le risque d’une importation comme faible», indique un communiquéLien externe de l’Office fédéral de la Santé publique (OFSP), pour qui «cette évaluation est également valable pour la Suisse». 

Pour l’heure, des mesures à l’entrée du territoire, comme celles mises en place dans certains pays du Sud-est asiatique, ne sont pas indiquées, affirme l’OFSP. 

La Suisse est «très bien préparée», a déclaré Alain Berset, mardi au Forum économique de Davos. Elle est également prête à aider la communauté internationale, comme elle l’avait déjà fait durant la crise de l’Ebola, a encore affirmé le ministre suisse de la Santé.

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(Traduction de l’italien: Olivier Pauchard)

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