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Le directeur de l’école de design aime les risques

«La baguette portable». Par les étudiants en design industriel de l’Ecal, 2e année, sous la direction d’Alexis Georgacopoulos, 2000. (ECAL/Pierre Fantys) ECAL/Pierre Fantys

Prendre des risques et surprendre le public: c’est la mission que s’est donnée la première école suisse de design, l’Ecal, à Lausanne. Le nouveau directeur Alexis Georgacopoulos ne va rien changer à cet objectif.

Nommé en juillet à la tête de la Haute école d’art et de design (ECAL), Alexis Georgacopoulos marche dans des pas de géant en succédant à Pierre Keller, qui a imprimé son style à l’école pendant 16 ans.

Pierre Keller a transformé ce qui était une petite école d’art lausannoise en une institution universitaire relocalisée dans une ancienne fabrique de bas et collants de Renens. Le bâtiment a été rénové par l’architecte suisse de renom international Bernard Tschumi.

L’école est aujourd’hui considérée par le magazine de design Wallpaper comme «l’une des écoles leader en Europe dans le domaine de l’art et du design». Business Week la place même au sein des dix meilleures écoles de design du monde.

«La prise de risque a été l’étincelle qui a encouragé la créativité et permis le succès, explique Alexis Georgacopoulos. Et le risque restera au cœur de l’école d’arts visuels, de design industriel et des branches de la communication visuelle qui est la nôtre. Nous devons surprendre notre public aussi bien que nos étudiants.»

Eviter la répétition

Arrivé à l’ECAL en tant qu’étudiant en 1994, Alexis Georgacopoulos a été un observateur privilégié, et un acteur, du spectaculaire développement de l’école. A 24 ans, il devenait directeur du département de design industriel. Agé aujourd’hui de 35 ans, il comptabilise de nombreuses trouvailles à succès.

«Très tôt, nous nous sommes rendus compte qu’un design de qualité résulte de la prise de risque et nous avons décidé de ne jamais nous répéter», déclare-t-il.

Trois événements ont donné des ailes internationales à l’Ecal: en 2000, l’école a reçu un prix de la Biennale de design de St-Etienne pour une baguette portable. L’année suivante, une série de tabourets à traire voyait le jour. Elle continue à être présentée dans des foires internationales tout autour du monde. Enfin, les tables antisismiques ont fini d’établir la réputation de l’école.

«Les gens disent que nous sommes complètement fous, mais, en fait, nous collectons les références qui nous permettent de nouer des partenariats innovants avec des sociétés qui veulent prendre les mêmes risques que nous», explique le directeur. Les marques de meubles et d’aménagement de cuisine B&B Italia et Boffi ont été les premières à bord, suivies par la compagnie d’aviation Swiss, Nestlé, Swatch Group et Baccarat pour n’en nommer que quelques unes.

Foires internationales

Plus récemment, le designer italien Alessi a demandé aux étudiants de développer des projets dans le domaine du meuble de bureau et du travail à domicile. Les résultats ont été présentés lors de la Foire de Milan en avril dernier et voyageront encore vers la Belgique, pour le Septembre du design, et vers Tokyo, pour la «Design Tide Fair» en octobre.


«Je suis stupéfié par l’enthousiasme et la profondeur d’analyse des étudiants, qui passent en détail les fonctions simples, par la fraicheur d’expression qu’ils impriment à leurs propositions et par leur quête, très agréable, de simplicité», a déclaré Alberto Alessi, président de la marque. La collaboration continuera, a-t-il assuré.

Selon Alexis Georgacopoulos, la possibilité donnée aux étudiants de travailler pour une entreprise, durant la deuxième année de leur cursus, est très importante pour leurs succès à venir. «Ils doivent faire le grand saut», illustre-t-il.

«Les étudiants sont ainsi visibles pour leurs pairs, mais aussi exposés. Souvent, ces échanges leur permettent de nouer des contacts qui leur seront utiles lorsqu’ils quitteront l’école.»

Nicolas Le Moigne en est un bon exemple. Entré à l’école en 2001, il avait déjà un contrat de production deux ans plus tard avec le fabricant italien Serralunga, pour la production de son «pot au mur», un vase incliné. «C’était incroyable, se souvient-il. L’Ecal ouvre tellement de portes». Avant de rejoindre Mexico où il enseignera dans une école de design, le jeune homme est en train de produire un bougeoir magnétique avec les Ateliers Pfister, ateliers que la marque suisse a créés spécifiquement pour les jeunes designers suisses.

Cinéma et beaux-arts

Mais l’Ecal est bien plus qu’une école puisqu’elle a été couronnée au dernier Festival du film de Locarno. Trois prix sont allés à des réalisateurs de l’Ecal dans la section des courts métrages suisses. «Trois sur trois! Un succès incroyable!», s’enthousiasme le directeur.

 

«Chez nous, la créativité est utilisée pour encourager les idées et explorer de nouvelles directions, dans tous les domaines», poursuit-il. Les courts métrages présentés à Locarno sont ainsi le fruit d’une collaboration avec l’école de théâtre de Lausanne, La Manufacture. Ils seront projetés au Centre culturel suisse de Paris en novembre. 

Dans les arts visuels toujours, Alexis Georgacopoulos cite l’exemple de l’ancien étudiant Cyprien Gaillart, dont le travail sera exposé au Centre Georges Pompidou de Paris cet automne. Ou encore les œuvres de David Hominal, Valentin Carron et Philippe Decrauzat, qui cartonnent à l’étranger.

«Il y a des artistes qui se réinventent chaque jour, expérimentant leur travail dans de nouveaux médias», admire le directeur. Cette année, plus de 400 jeunes ont déposé une candidature d’entrée dans l’école, qui compte 120 places. Le directeur doit alors se faire découvreur de talent lorsqu’il interroge ces jeunes. «Sous l’insécurité, vous pouvez, en général, voir qui a un vrai potentiel. Et vous commencez à imaginer le genre de projets qu’ils vont pouvoir développer. C’est la partie excitante de mon travail», conclut Alexis Georgacopoulos, directeur heureux d’une école heureuse.

La Haute école d’art et de design (ECAL) compte actuellement 600 étudiants, soit quatre fois plus qu’il y a dix ans.

Une centaine de professeurs y enseignent, dont certains à temps partiel.

Trois filières bachelor d’une durée minimale de 3 ans à plein temps:

Arts visuels

Communication visuelle (avec 4 orientations: design graphique, photographie, média & interaction design et cinéma).

Design industriel et de produits

Trois filières master:

 Arts visuels

 Cinéma

 Art Direction et Product Design

Budget annuel: 18 millions de francs.

Né en 1976 de père grec et de mère française. Il a grandi à Athènes.

Il a collaboré à des projets de design avec B&B Italia, Serralunga, Ligne Roset, Team by Wellis, Boffi, Christofle, Swarovski and Nestlé.
 

Son travail a été présenté dans des foires de design telles que Milan et dans des musées, y compris le London Design Museum et le Shanghai MOCA
 

Nommé directeur de l’Ecal en juillet 2011.

Traduction de l’anglais: Ariane Gigon

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