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Orfèvrerie et bijouterie, le temps d’un luxe

Avec des bijoux comme cette broche (1830-40), le musée genevois présente un pendant muséal de la rue du Rhône.

Cinq cents objets d'art appartenant au fonds public sont actuellement exposés au Musée d'art et d'histoire de Genève.

L’occasion de (re)découvrir, à travers montres, bracelets, bagues, colliers et moult diamants, le savoir-faire suisse depuis le XVIe siècle.

Samuel Beckett ne s’y était pas trompé, qui en 1960 disait déjà dans sa célèbre pièce «Oh! les beaux jours» ce qu’on nous répète aujourd’hui inlassablement: le luxe, c’est le temps.

Le temps que prend donc Winnie, l’héroïne de la pièce, pour se coiffer, se maquiller et se parer est certes un privilège, mais il enferme la coquette dans des occupations dérisoires. Lesquelles l’éloignent toujours un peu plus de la vie.

C’était voulu par Beckett. C’était aussi sa manière de montrer le côté à la fois nécessaire et inutile du luxe.

On pense donc tout naturellement à «Oh! les beaux jours» lorsqu’on visite l’exposition «Parures au quotidien» présentée au Musée d’art et d’histoire de Genève. On y pense d’autant plus que cette exposition est compartimentée en plusieurs sections dont l’une s’intitule «Heures exquises».

Aussi une affaire de brillance

«L’heure exquise qui nous grise…» chante Winnie pour dire, comme dans l’exposition, le bonheur d’un temps suspendu où le luxe culmine avec des diadèmes, des colliers de diamants, des éventails ouvragés, des carnets de bal façonnés en ivoire…

Autant de parures et d’accessoires portés jadis, à une soirée d’opéra ou à un bal, par des femmes qui savaient que la séduction est aussi affaire de brillance.

Soigneusement mis en valeur dans les vitrines du Musée, ces objets d’art sont répartis en huit sections et autant de moments de la journée qui, du réveil au coucher, rythmaient autrefois la vie de l’aristocratie ou de la grande bourgeoisie.

De ces moments de luxe, les hommes ne sont pas exclus. Epingles de cravate, boucles de souliers, tabatières garnies d’ors… émaillent les loisirs de Monsieur et font partie, comme les bijoux de Madame, du patrimoine genevois.

Valeur sociale et économique



«Nous avons choisi de mettre en évidence, à travers une sélection de quelque cinq cents objets créés entre le XVIe siècle et les années 1930, un fonds d’une richesse et d’une variété partiellement inédites», écrit Estelle Fallet, commissaire de l’exposition.

Le fonds en question (qui compte globalement mille cinq cents références relevant de la bijouterie, joaillerie et orfèvrerie) est conservé dans les Musées genevois d’art et d’histoire. Une collection publique étincelante qui possède une valeur sociale, mais aussi économique puisqu’elle témoigne du savoir-faire suisse dans la fabrication du luxe, et ce depuis le Moyen-âge.

La rue du Rhône à Genève, très prisée par les visiteurs et touristes de tout poil, offre d’ailleurs une magnifique vitrine de notre horlogerie et émaillerie. Vitrine qui trouve son pendant muséal avec cette exposition.

Ici, montres, bagues, bracelets, boucles d’oreilles, agrafes, broches, flacons de parfum, médaillons et bibelots précieux apportent la preuve d’un luxe qui a toujours su tromper le temps.

swissinfo, Ghania Adamo

«Parures au quotidien, bijoux anciens et bibelots précieux du Musée de l’horlogerie et de l’émaillerie de Genève». Exposition à voir au Musée d’art et d’histoire de Genève, jusqu’au 13 janvier 2008

Bijouterie et orfèvrerie occupent depuis le XVe siècle une place privilégiée dans l’histoire de Genève.

Plus d’une centaine d’orfèvres sont cités dans les registres entre 1401 et 1533, avant que ces arts ne subissent une éclipse avec l’avènement de la Réforme.

Si l’horlogerie devient rapidement une industrie dominante au sein de la Fabrique, elle ne surpasse pas l’orfèvrerie avant le milieu du XVIIe siècle, lorsque la bourgeoisie aisée adopte la montre portative et que les établisseurs trouvent de nouveaux débouchés.

En 1785, les autorités promulguent une ordonnance dont le 1er article défend «tant aux hommes qu’aux femmes, tout usage de pierreries fines ou fausses, perles fines, grenats et marcassites».

Mais bijouterie et orfèvrerie connaissent un nouvel âge d’or après la Restauration de 1813.

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