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Quand Hollywood défend les droits de l’homme

Yaël Reinharz Hazan, directrice des programmes, et Léo Kaneman, directeur. Keystone

Le 6e Festival international du film sur les droits humains, qui commence vendredi 7 mars à Genève, fait la part belle à Hollywood.

Ces films dénoncent l’impact et les dérives de la «guerre au terrorisme» menée par l’administration américaine. Interview de son co-directeur Léo Kaneman.

Tout le monde connaît Hollywood pour son cinéma de divertissement ou ses films furieusement patriotiques. Mais depuis quelques temps, la grande machine à produire du rêve américain se distingue par une série de films dénonçant les effets de la «guerre au terrorisme» menée par la Maison blanche.

Plusieurs d’entre eux figurent au menu du Festival international du film sur les droits humains (FIFDH). Un choix sur lequel revient Léo Kaneman, qui dirige avec Yaël Reinharz Hazan le festival genevois.

swissinfo: Pourquoi avez-vous sélectionné plusieurs films hollywoodiens?

Léo Kaneman: Nous avons décidé d’organiser ce festival pendant la session de printemps du Conseil des droits de l’homme parce que nous pensons que le Conseil est trop lié à la «realpolitik.» Ainsi, de nombreuses questions qui n’y sont pas discutées peuvent être abordées par notre festival, qui est une expression de la société civile libre.

Je pense à des sujets comme les violations des droits de l’homme en Chine, Russie ou, bien sûr, à Guantanamo. Depuis le début du festival, en 2003, nous nous sommes concentrés sur des films qui sont aussi bien politiques qu’artistiques. Car nous pensons que meilleur est le film d’un point de vue artistique, plus grand sera son impact sur les discussions des droits de l’homme. Et nous avons remarqué qu’il y a des gens aux Etats-Unis, notamment des artistes et des écrivains, qui sont opposés à ces politiques.

swissinfo: Vous avez plusieurs films avec l’acteur américain George Clooney, «Syriana» et «Darfour Now» par exemple.

L. K.: Je pense que George Clooney, Mia Farrow et maintenant Steven Spielberg – qui a refusé de faire un film sur les Jeux olympiques de Pékin pour protester contre l’influence chinoise au Darfour – sont tous très radicaux et je m’en réjouis. Ce sont des gens qui regardent ce qui se passe dans le monde et comment les droits de l’homme sont violés. Et qui dénoncent. Tous ces grands artistes ont un impact certain sur le grand public.

Spielberg a dit que sa conscience l’empêche de faire un film sur les JO. Tout le monde connaît Steven Spielberg et quand il dit quelque chose comme ça, les gens écoutent. Il peut même influencer la politique.

C’est dommage que ce soient des artistes, acteurs et réalisateurs, plutôt que des journalistes et des écrivains, à l’exception de Russel Banks, qui donnent ouvertement leur opinion et critiquent la politique américaine. Mais Hollywood a effectivement fait toute une série de films très intéressants sur les violations des droits humains.

swissinfo: Quel est votre film préféré parmi ceux qui viennent d’Hollywood?

L. K.: Le film qui nous paraît le plus important à ce festival est «Jugement à Nuremberg», le classique de 1961 de Stanley Kramer. Ce film nous rappelle les principes de la Déclaration universelle des droits de l’homme, la question de la justice et de la faute.

Personnellement, je choisis «Syriana» parce que je suis un grand fan de George Clooney et que j’ai beaucoup aimé le film. C’est un thriller de fiction qui aborde la question très important de la façon dont les services secrets américains, la CIA, peuvent déstabiliser des pays (dans ce cas au Moyen Orient).

Après il y a bien sûr «Rendition», un film qui traite de l’enlèvement par la CIA de terroristes présumés sur le territoire européen, sans l’aval des pays où ils sont envoyés en réalité pour être torturés. Le film examine aussi la faiblesse de la réponse de l’Europe à l’action de la CIA sur son territoire.

Il y a aussi l’excellent «Darfur Now», une analyse extrêmement intéressante de la façon dont l’administration Bush a excessivement focalisé sur le Darfour, qualifiant les tueries de «génocide» pour des raisons politiques. C’est un autre film avec George Clooney et l’acteur noir américain Don Cheadle.

Interview swissinfo: Pamela Taylor avec Frédéric Burnand, Tribune des droits humains

Le FIFDH coïncide avec la 7e session du Conseil des droits de l’homme et le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Du 7 au 16 mars à Genève, il propose «10 jours de mobilisation, de débats et de cinéma contre les violations des droits humains, face au Conseil des droits de l’homme de l’ONU».

Fort de sa formule «Un film, un sujet, un débat», le festival veut dénoncer les violations des droits humains en particulier en Chine, en Russie, au Darfour, en Birmanie, réagir à la montée des populismes en Europe et mettre en lumière le rôle des femmes dans la lutte contre l’impunité.

Plusieurs films sont présenté en première, comme «Calle Santa Fe», co-présenté par le Festival international de Films de Fribourg, «To Die in Jerusalem», «The Dictator Hunter» ou «Le système Poutine».

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