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D’Abou Dhabi à Abou Dhabi

Solar Impulse au-dessus des pyramides, en Egypte, le 13 juillet dernier. Le périple autour du monde touche à sa fin (archives). KEYSTONE/AP Solar Impulse/JEAN REVILLARD / REZO sda-ats

(Keystone-ATS) Solar Impulse 2 a décollé dans la nuit de samedi à dimanche du Caire pour entamer la dernière étape de son tour du monde. Elle doit ramener l’avion solaire à son point de départ, Abou Dhabi, après 35’000 kilomètres, 17 étapes, des imprévus et des retards.

Arrivé le 13 juillet à l’aéroport du Caire, Solar Impulse 2 a ainsi entamé la dix-septième et ultime étape de son périple vers les Emirats arabes unis, d’où il était parti le 9 mars 2015. Le départ prévu samedi dernier a été annulé en raison de conditions météo défavorables et de problèmes d’estomac du pilote Bertrand Piccard.

L’avion construit en Suisse a été transporté à Abou Dhabi en janvier 2015 par avion-cargo. Le périple des deux pilotes suisses qui se sont relayés aux commandes, Bertrand Piccard et André Borschberg, devait au départ durer cinq mois, de mars à août 2015. Mais les aléas de la météo ont conduit à de nombreux retards.

Solar Impulse a d’abord fait escale à Mascate (Oman), Ahmedabad et Varanasi (Inde), puis Mandalay (Birmanie). L’étape à destination de la Chine a été éprouvante: lors du passage au-dessus de la chaîne himalayenne, Bertrand Piccard a dû composer avec un panneau solaire défectueux.

Escales imprévues

Il a malgré tout pu atterrir sans encombre à Chongqing, avant de repartir pour Nanjing (Chine). Le 30 mai, Solar Impulse reprend la route en direction d’Hawaï (Etats-Unis). Mais le temps le contraint à tourner en rond, puis à se poser à Nagoya au Japon, afin de réparer une aile endommagée par le vent et attendre de meilleures conditions météo.

Ce n’est que le 28 juin que l’avion solaire peut reprendre sa marche en avant. André Borschberg atteint Hawaï le 3 juillet. Il a parcouru 8924 kilomètres en près de 118 heures de vol, la plus longue étape du périple, “le vol de ma vie”, comme l’écrit le pilote sur Twitter. Il battait ainsi un record détenu jusqu’alors par l’Américain Steve Fossett.

Là, l’appareil doit “hiberner” durant huit mois, ce qui n’était pas prévu au programme. Le temps que ses batteries, qui ont surchauffé lors du vol au-dessus du Pacifique, soient réparées et les conditions météo optimales.

Reparti le 21 avril de cette année d’Honolulu, Solar Impulse 2 atteint ensuite l’Amérique du Nord. Il fait escale à San Francisco, Phoenix, Tulsa, Dayton, Lehigh Valley et New York, avant de traverser l’Atlantique pour atterrir à Séville (Espagne), puis rejoindre Le Caire.

Traversée historique

Parmi plusieurs records battus, l’avion solaire a notamment réussi le 23 juin une traversée historique de l’Atlantique, une première pour un tel engin. Parti de New York, il rallie la capitale andalouse au terme d’un vol de plus de trois jours.

“Bonjour Séville! Avez-vous beaucoup de vols directs depuis NYC?”, plaisante Bertrand Piccard sur Twitter à son arrivée. Le président de la Confédération Johann Schneider-Ammann félicite l’équipe: “Près de 90 ans après Charles Lindbergh et l’énergie fossile, l’Atlantique a été traversée grâce au soleil”.

Solar Impulse quitte ensuite l’Espagne le 11 juillet pour rejoindre l’Egypte, au terme d’un nouveau périple de 3745 kilomètres, effectué en un peu plus de 48 heures.

Cabine non pressurisée

Pesant seulement 1,5 tonne, mais aussi large qu’un Boeing 747, l’aéroplane vole à une vitesse moyenne de 50 km/h grâce à des batteries. Celles-ci emmagasinent l’énergie solaire captée par quelque 17’000 cellules photovoltaïques installées sur ses ailes.

Sa cabine, équipée de bouteilles d’oxygène pour permettre aux pilotes de respirer, n’est pas pressurisée. Le cockpit est toutefois recouvert d’une mousse isolante pour atténuer les températures extrêmes en vol, entre +40 et -40 degrés Celsius.

Les internautes ont pu suivre en direct le périple grâce à des caméras installées dans la cabine, sur la queue et sous les ailes de l’appareil.

Avions électriques commerciaux

Le projet de SI2 est de promouvoir les énergies renouvelables. Il a coûté au total 170 millions de francs. L’équipe suisse a été soutenue financièrement et techniquement par des grandes entreprises comme Omega, Schindler, ABB et Google.

Bertrand Piccard s’est dit convaincu que des avions électriques pourront fonctionner d’ici à dix ans pour des vols commerciaux avec des batteries rechargeables sur le secteur. Il a toutefois reconnu qu’une telle hypothèse était impensable pour des avions de passagers.

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