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Davantage de compétences pour le Service de renseignement

(Keystone-ATS) Après les attentats de Bruxelles, des voix s’élèvent en Suisse pour donner davantage de compétences au Service de renseignement de la Confédération. D’aucuns suggèrent de recourir à la législation d’urgence.

Président de la Commission de la politique de sécurité du Conseil des Etats, Isidor Baumann (PDC/UR) estime que “nous avons une situation extraordinaire en Europe”. Et cela exige des mesures extraordinaires”, a-t-il indiqué à l’ats, confirmant des informations de la NZZ am Sonntag.

Concrètement, il propose de mettre en vigueur la nouvelle loi sur le renseignement, déjà adoptée par le Parlement, sans attendre la votation, en recourant à la législation d’urgence.

Cette loi, qui donne davantage de compétences au Service de renseignement, est combattue par un référendum de la gauche, des Verts et des défenseurs des libertés. La date du vote n’est pas encore fixée et son entrée en vigueur, en cas de oui, n’interviendra guère avant la mi-2017.

Pour M. Baumann, on pourrait gagner au moins six mois en utilisant le droit d’urgence. Si la loi était refusée en votation, sa mise en vigueur serait annulée.

Une bonne solution

Pour Corina Eichenberger (PLR/AG), présidente de la Commission de la politique de sécurité du Conseil national, cette loi est une bonne solution. Elle adapte les instruments dont disposent les enquêteurs fédéraux aux nouvelles menaces et aux nouveaux moyens de communication, a-t-elle précisé. Les garde-fous sont également suffisants, dit-elle dans la NZZ am Sonntag.

Selon elle toutefois, il faut préserver le processus démocratique sans recourir à la législation d’urgence. A son avis, si les ordonnances sont traitées rapidement en commission, une votation cet automne est réaliste.

“Aveugles et sourds”

Le conseiller d’Etat genevois Pierre Maudet appelle quant à lui à un débat public sur la sécurité et les droits de la personnalité. “Nous sommes aveugles et sourds en Suisse”, déplore le chef du Département de la sécurité.

Interrogé dans la SonntagsZeitung et la Schweiz am Sonntag, le libéral-radical estime qu'”au niveau fédéral, on sent une certaine réticence à reconnaître la gravité de la situation”. Le Service de renseignement de la Confédération est “un cas unique en Europe pour son peu de compétences”, affirme-t-il.

La nouvelle loi sur le renseignement est la “variante a minima”, tonne le Genevois, relevant encore qu’il manque un concept national durable, qui comprenne également l’armée. “Nous ne pouvons pas nous considérer comme une île protégée”, selon lui.

France parcimonieuse

L’échange international d’informations doit également être amélioré. La France par exemple se montre trop parcimonieuse dans ce domaine, ajoute le conseiller d’Etat. Et ces informations doivent ensuite pouvoir être traitées, quantitativement et juridiquement.

A l’aéroport de Genève-Cointrin, les autorités cantonales ont développé leur propre concept de prévention, note M. Maudet. Ainsi, les deux bagagistes français radicalisés identifiés à Cointrin n’y travaillaient déjà plus lorsque la France les a fichés dans la catégorie des personnes à surveiller.

Le Genevois a également pris langue directement avec les responsables de la sécurité de l’ambassade de France à Berne. Le but est d’être informé de manière plus simple et systématique par le pays voisin, en particulier sur les milieux radicalisés dans la région genevoise.

Parlementaires sur le terrain

Par ailleurs, la commission de politique extérieure du National entend aller se faire une idée de la situation sur le terrain cet automne. Huit de ses membres se rendront dans le quartier de Molenbeek à Bruxelles, a indiqué son président Roland Rino Büchel (UDC/SG), confirmant une information de la “SonntagsZeitung”.

Des tendances à la formation de ghettos existent aussi à Genève, Lausanne ou Zurich, a-t-il estimé, “nous pouvons donc apprendre quelque chose”. Les parlementaires visiteront également les institutions de l’Union européenne.

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