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De l’argent suisse pour des réformes et les infrastructures

Un volume commercial relativement modeste: le port de Muuga près de Tallinn Keystone

Les nouveaux membres européens d’Europe de l’Est ont encore un niveau de vie plus bas que le reste de l’Europe, malgré des taux de croissances parfois enviables. La Suisse les soutient. L’Estonie fait partie des bénéficiaires.

Des forêts infinies, pas une maison à l’horizon. Une fumée noire sortant d’une cheminée comme seul signe d’activité industrielle. «Pendant l’occupation soviétique, nos entreprises ont été étatisées et la moitié d’entre elles fermées», explique Elmet Puhm, consultant pour le ministère estonien des affaires sociales.

La fumée noire sort d’une fabrique de travail du bois construite par une entreprise finlandaise dans les années 1990. «Nous n’avons presque plus d’industrie. Les rares fabriques sont surtout actives dans l’industrie du bois», précise Elmet Puhm.

Grâce à l’inscription de la vieille ville de Tallinn au patrimoine de l’humanité de l’Unesco, le tourisme a pris un peu d’ampleur. Quelques sociétés informatiques et de services ont également réussi à percer.

C’est le cas du programme de téléphonie gratuite «Skype», développé par des informaticiens estoniens. «L’innovation est très forte en Estonie», affirme Andreas Lehmann, directeur de la filiale estonienne de l’entreprise suisse Trüb AG.

«Mais cela ne suffit pas pour une grande offensive sur le marché. La plupart du temps, les programmes sont développés ici, sur mandat, et la commercialisation est confiée à une grande société allemande.»

L’ombre de l’Union soviétique

Comme d’autres pays de l’ancien bloc de l’Est, l’Estonie souffre toujours des conséquences de l’occupation soviétique. Pourtant, jusqu’à il y a quelques années, le pays avait encore des taux de croissance à deux chiffres.

La crise financière a plongé l’Estonie, comme d’autres Etats de la région, dans la récession. Les salaires des fonctionnaires ont été amputés de 15%. Alors que, depuis 2002, les salaires minimaux étaient relevés chaque année de 1%, la crise a stoppé cette évolution en 2009.

Le salaire minimum brut légal est de 278 euros (375 francs) par mois. C’est dans la finance que les salaires moyens sont les plus élevés (1’997 euros/2’690 francs). Dans l’hôtellerie, le salaire moyen brut est de 505 euros (680 francs).

Le taux de chômage officiel se montait à 15,5% en décembre 2009. Les experts estiment qu’il est en réalité beaucoup plus élevé, car les Estoniens sans emploi ne se sont pas encore annoncés aux offices du travail.

Froidement, Elmet Puhm constate que «l’Estonie n’a pas de problème! Nous n’avons pas de problème de migration: personne ne veut venir en Estonie! Il n’y a pas d’argent et il ne fait pas beau. Tout au plus sommes-nous un corridor pour le transit de la Russie vers les pays scandinaves…»

Egalement nouveau en Bulgarie et Roumanie

La Suisse participe aux projets des nouveaux pays membres de l’Union européenne au moyen de contributions à l’élargissement (ou contribution de cohésion). Ces projets visent à réduire les retards sociaux et économiques.

La Suisse de son côté compte sur l’élargissement de l’Union européenne pour que ces pays soient aussi plus sûrs, plus stables et que le bien-être augmente en Europe, ce qui pourrait ouvrir de nouvelles perspectives aux entreprises suisses.

Le peuple suisse a accepté de débloquer 1,257 milliard de francs dans ce but, en novembre 2006, en donnant son aval à la nouvelle loi fédérale sur la coopération avec les Etats d’Europe de l’Est. Cette aide est prévue pour les 10 pays qui ont adhéré à l’UE en 2004.

Pour la Bulgarie et la Roumanie, qui ont rejoint l’UE en 2007, le Parlement fédéral a débloqué 257 millions de francs supplémentaires en décembre 2009. Le Conseil fédéral a conclu des accords-cadres bilatéraux avec chacun des pays.

Ces accords précisent les critères d’attribution de l’aide. Les premiers accords-cadres ont été signés en 2007, les accords avec la Roumanie et la Bulgarie l’ont été en juin 2010.

Nouveaux foyers pour enfants

La Suisse soutient des projets dans différents domaines: sécurité, police, justice, société civile, minorités, environnement, infrastructure, encouragement de l’économie privée, recherche et formation. Berne finance 85% de chacun des projets et le pays partenaire 15%.

C’est ainsi que dix à douze nouveaux foyers pour enfants seront construits ces prochains mois en Estonie avec l’aide de la Suisse. En septembre prochain, l’association des juges estoniens organisera une conférence internationale sur la reconnaissance mutuelle des verdicts.

Infrastructures pour la Tchéquie

Les pays prioritaires pour l’aide suisse sont la Pologne, la Hongrie et la République tchèque. Car les régions périphériques dans ces pays ont les plus bas indicateurs de développement et les plus bas revenus par habitant.

Un autre critère est le nombre d’habitants du pays. En Pologne, la Suisse soutient des PME en leur assurant un capital à long terme et encourage leurs exportations.

En Hongrie, la Suisse a équipé les abords du fleuve Theiss, connu pour les dangers d’inondation, de caméras de surveillance et de nouvelles stations de mesure. Elle a aussi financé un système mobile de sécurisation de la digue.

En Tchéquie, la Suisse soutient surtout l’infrastructure de base telle que les stations d’épuration et la gestion des déchets.

Andreas Keiser, swissinfo.ch
(Traduction de l’allemand par Ariane Gigon)

La Suisse a lancé sa politique de cohésion en 1986. L’objectif est de mieux redistribuer les richesses entre pays riches et pauvres. De 1988 à 2004, 500 milliards d’euros ont été investis dans ce secteur.

Lors de l’élargissement de l’UE en 2004, dix nouveaux pays d’Europe centrale et de l’Est sont devenus membres.

Depuis, la plupart des fonds de cohésion sont allés aux nouveaux pays européens, dont la Roumanie depuis 2007.

Depuis la votation populaire de novembre 2006, la Suisse a pris des engagements volontaires sous la forme de projets concrets. Les contributions à l’élargissement ne vont pas au fonds de cohésion européenne: la Suisse décide elle-même quels projets vont être soutenus.

De 1990 à 2006, la Suisse a payé 3,45 milliards de francs d’aide de transition aux pays de l’Est et, de 2007 à 2011, 0,73 milliard à des pays non-membres de l’Union européenne.

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