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Des chercheurs traquent un parasite qui décime les poissons

Des chercheurs de l'EPFL, de l'EAWAG et du FIWI ont travaillé pendant trois ans sur un parasite qui décime les poissons. Ils ont développé un modèle mathématique capable de prévoir les épidémies. EPFL sda-ats

(Keystone-ATS) En Suisse, en Europe et aux Etats-Unis, les poissons d’eau douce sont victimes d’une maladie mortelle provoquée par un parasite qui sévit en été et disparaît en hiver. Des chercheurs suisses ont développé un modèle mathématique capable de prédire les épidémies.

Les poissons d’eau douce, les salmonidés plus spécifiquement, sont victimes d’un parasite appelé Tetracapsuloides bryosalmonae. Ce parasite, inoffensif pour l’homme, provoque la “maladie rénale proliférative” (PKD). Extrêmement contagieuse, elle peut décimer les populations de poissons, indique l’Ecole polytechnique fédérale mardi dans un communiqué.

En Suisse, cette maladie saisonnière a été observée chez les truites arc-en-ciel, les truites de rivières, ainsi que les ombles. Elle est reconnue comme l’une des principales causes de déclin des populations de poissons et en grande partie responsable des extinctions locales d’espèces endémiques.

Spores infectieuses

L’EPFL, en collaboration avec l’Institut fédéral pour l’aménagement, l’épuration et la protection des eaux EAWAG et le Centre pour la médecine des poissons et des animaux sauvages de l’Université de Berne (FIWI) a travaillé pendant trois ans sur les 50 km de la Wigger, une rivière préalpine dans les cantons d’Argovie et Lucerne, et sur son bassin versant.

Il en ressort que Tetracapsuloides bryosalmonae se développe dans des bryozoaires, de minuscules animaux fixés sur des pierres au fond de l’eau. Le parasite est ensuite excrété sous forme de spores. Celles-ci pénètrent par les branchies et les muqueuses des poissons où la maladie se déclare avant d’attaquer les reins.

Plus de 15 degrés

Si la contamination provoque peu de symptômes en eau froide, elle devient visible lorsque la température de l’eau monte au-dessus de 15 degrés pendant plusieurs semaines. Elle décime les poissons des piscicultures et des rivières de l’été au début de l’automne. Les poissons infectés qui survivent à la maladie peuvent continuer à excréter des spores pendant plusieurs saisons.

Il est aussi apparu que le parasite aime particulièrement se développer dans les moraines à l’abri des courants. Un élément qu’il faudra vérifier dans les nombreuses autres rivières touchées par le phénomène.

Puzzle de données

Tous ces éléments biologiques, de même que les changements climatiques ou la température de l’eau, ont été pris en compte pour rassembler en une seule modélisation le puzzle de données récoltées. Le modèle mathématique développé pourra être employé, outre le PKD, dans plusieurs applications écohydrologiques pour permettre la localisation des espèces invasives ou en voie d’extinction dans les environnements d’eau douce.

Pour l’heure, il est impossible de contrer la maladie dans les milieux naturels. L’Office vétérinaire fédéral veille à ce que l’introduction des poissons dans les cours d’eau, pour le repeuplement des rivières, fasse l’objet de contrôles très stricts afin de certifier qu’ils soient exempts de parasites, précise le communiqué.

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