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Des retraites sous pression

En Suisse comme dans le reste des pays occidentaux, la population devient de plus en plus âgée. Keystone

La prévoyance professionnelle représente un pan important du système suisse des retraites. Mais comme ailleurs en Europe, ce système est mis sous pression, notamment en raison du vieillissement de la population. Le vote du 7 mars montrera dans quelle mesure le peuple suisse craint cette menace.

Les retraites suisses sont basées sur un système dit des trois piliers. Le 1er pilier est l’assurance vieillesse et invalidité (AVS), l’assurance d’Etat instaurée peu après la 2e Guerre Mondiale.

L’AVS est obligatoire. Sur chaque salaire, employeurs et employés versent chacun une contribution de 8,4%. Les indépendants payent également cette contribution sur la base de leurs revenus. Enfin, les personnes sans activité rémunérée, comme les étudiants, s’acquittent d’une cotisation minimale.

Ces diverses cotisations ainsi que les subventions de la Confédération (une partie de l’impôt sur le tabac entre par exemple dans les caisses de l’AVS) et des cantons servent à payer les rentes des retraités. Mais l’AVS n’assure qu’un «minimum vital». Actuellement, la rente minimale est de 1140 francs par mois et la maximale de 2280.

Système de capitalisation

Alors que l’AVS est un système par répartition – les cotisations des actifs payent les rentes des retraités – la prévoyance professionnelle est un système dit de capitalisation. En clair, les cotisations payées par les employés servent à constituer un capital qui leur sera remis à l’âge de la retraite.

Ce système est obligatoire depuis 1985. Tous les employés qui gagnent plus de 20’520 francs par an doivent y cotiser selon un pourcentage du salaire allant de 7% de 25 à 34 ans à 18% entre 55 et 65 ans. La cotisation des employeurs doit être au moins égale à celle des employés.

A la retraite, cet argent peut être touché sous forme de capital, sous forme de rente, ou alors selon un système mixte. Mais il est également possible de retirer cet argent avant l’âge de la retraite, principalement pour financier son domicile principal ou pour se lancer dans une activité indépendante.

La prévoyance professionnelle assure une grande part des revenus des retraités. En théorie, l’AVS et la prévoyance professionnelle devraient ensemble représenter l’équivalent de 60% du dernier salaire du bénéficiaire.

Cette retraite peut encore être complétée par le troisième pilier, c’est-à-dire une épargne retraite volontaire auprès d’une banque ou d’une assurance.

Critiques de la gauche

Le système du 2e pilier est bien rôdé. Il n’empêche qu’il suscite régulièrement un vif débat politique. En fait, deux chiffres sont au centre de ce débat. Le premier concerne le taux de rémunération des fonds de la prévoyance professionnelle.

Les avoirs de la prévoyance professionnelle sont gérés par une multitude de caisses de prévoyance. A elles notamment le soin de placer cet argent pour le faire fructifier. Les fonds déposés auprès de ces caisses doivent générer un rendement minimum fixé par le gouvernement.

En raison des difficultés rencontrées ces deux dernières années sur les marchés financiers, le gouvernent avait décidé de faire passer ce taux de 2,75% à 2% dès le 1er janvier 2009. Il y a quelques années, il était encore de 4%.

Le gouvernement indique fixer le taux par rapport à la situation qui règne sur les marchés financiers. La gauche, estime quant à elle que l’exécutif se montre bien trop sensible aux plaintes des caisses, et ce au détriment de la fortune des assurés.

L’autre point de discorde autour de la LPP concerne le taux de conversion qui est justement un thème de la votation du 7 mars. Exprimé en pour-cent, ce taux permet de fixer le montant des nouvelles rentes.

Pour compenser la baisse des rendements sur les marchés financiers et l’allongement de l’espérance de vie de la population, le gouvernement et la majorité de droite du Parlement proposent d’abaisser ce taux, et donc de diminuer les rentes. Là aussi, la gauche dénonce une mesure prématurée.

Vers un démantèlement?

A ces disputes sur les taux de la LPP s’ajoute le débat, plus large, de l’âge de la retraite. Il y a quelques années, l’ancien ministre de l’Intérieur Pascal Couchepin avait suscité la polémique en déclarant qu’il serait à terme inévitable de le faire passer de 65 à 67 ans.

La gauche s’était par ailleurs battue pour faciliter l’accès des faibles revenus à la retraite anticipée. Là aussi, le Parlement n’avait pas donné suite.

Compte tenu de ces différents éléments, on voit que le débat sur les retraites reste tendu. En Suisse comme dans le reste de l’Europe, un fossé sépare la droite, qui entend anticiper les effets du vieillissement de la population, et la gauche, qui n’a de cesse de dénoncer un démantèlement progressif du système des retraites.

Le vote du 7 mars est à prendre dans ce contexte. Reste à voir à quel son de cloche les citoyens suisses seront sensibles.

Olivier Pauchard, swissinfo.ch

Allemagne: 65 ans, mais une loi adoptée en 2007 prévoit de faire progressivement passer l’âge de la retraite à 67 ans entre 2012 et 2029.

Autriche: 60 ans (femmes) et 65 ans (hommes)

France: 60 ans

Italie: 57 ans (femmes) et 65 ans (hommes)

Danemark: 67 ans

Suisse: 65 ans pour les hommes et 64 ans pour les femmes (le relèvement à 65 ans sera à nouveau abordé lors de la prochaine révision de l’AVS)

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