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Dessa, ou la musicalité de la toile

Au printemps 2000, le Musée de Pully proposait une exposition rétrospective intitulée «Dessa 1990-2000, Expression lyrique».

Extraits de l’article que nous lui avions alors consacré.

C’est « Le chant de la Terre », de Gustav Mahler, qui, il y a dix ans, a donné à Dessa l’idée et l’envie de peindre la musique. Rimbaud coloriait les voyelles. Baudelaire voyait des correspondances entre couleurs, sons et parfums… Il est de plus mauvaises références.

Après Mahler, il y eut « Turangalila » de Messiaen… Messiaen, lui qui a élaboré sa propre théorie des couleurs, attachant à chaque accord une teinte bien précise… Puis ce fut le tour d’Ernest Bloch, Leonard Bernstein, Nino Rota, Bela Bartok, Erich Korngold… et Viktor Ullman, qui composa sa Sonate N°7 pour piano dans le camp de Theresienstadt, peu avant d’être assassiné à Auschwitz.

Pour évoquer cette sonate, Dessa parle d’émotion, mais aussi , paradoxalement, de «joie», elle dont une partie de l’histoire familiale s’est également arrêtée à Auschwitz.

La musique, source d’inspiration

Musicalement, les choix de Dessa sont des choix coups de cœur, des choix coups de poing. Dessa a opté pour son siècle, un siècle compliqué, parfois déboussolé, plein de paradoxes. Une complexité dont les compositeurs qu’elle a choisis se sont fait l’écho : dissonances, chocs rythmiques, ruptures, obscurité… lumière.

Dix ans de travail, 114 oeuvres exposées, la rétrospective de Pully est impressionnante, et démontre que la démarche de Dessa a porté ses fruits. Peut-on lui reprocher de travailler selon un procédé?

La réponse est franche: « Peut-être… Mais un peintre doit avoir une source d’inspiration. Au cours de ces dix années, pour moi la musique a été à chaque fois une nouvelle rencontre, une nouvelle expression. La musique m’élève. J’ai essayé récemment de peindre sans musique. Mais pour cette forme de peinture, si je travaille dans le vide, en écoutant que moi-même, c’est beaucoup plus difficile ».

On peut écrire la note si bémol, on peut écrire l’accord de sol mineur, mais ce ne sera jamais que des notes, une représentation symbolique. La musique elle-même ne figure pas sur la portée, elle reste impalpable.

Dessa a donc choisi de lui donner forme et couleur en la peignant, dans une totale liberté: tel mouvement de telle symphonie, elle est la seule à l’avoir jamais ressenti de cette façon-là, à ce moment là, avec son vécu à elle. Cette subjectivité de la sensation, c’est la force et l’intérêt de la musique. C’est également la force et l’intérêt de Dessa.

Bernard Léchot

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