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«Une journée dont nous allons nous souvenir»

Les deux nouvelles élues à l heure de la prestation de serment:  Viola Amherd (à gauche) et Karin Keller-Sutter.
Les deux nouvelles élues à l'heure de la prestation de serment: Viola Amherd (à gauche) et Karin Keller-Sutter. Keystone

Presque jouée d’avance, l’élection de ce mercredi n’en restera pas moins dans les annales comme le jour où deux femmes sont entrées d’un coup au Gouvernement suisse. Trois questions au politologue Nenad Stojanovic, invité de swissinfo.ch en live sur Facebook.


swissinfo.ch: Sans surprise, les favorites l’emportent haut la main. Une élection de routine?

Nenad Stojanovic: C’est quand même une première. Deux femmes d’un coup. Le Conseil fédéral comptera trois femmes sur sept membres, ce qui n’est pas mal, même si en 2010 – 2011, on en a eu quatre.

Ce qui surprend, c’est le score. 148 voix pour Viola Amherd [sur 244] et même 154 pour Karin Keller-Sutter, toutes deux élues au premier tour. C’est exceptionnel. Et si l’on compte Doris Leuthard, élue au premier tour en 2006 – avec tout de même un score un peu moins écrasant -, on voit que dans les 30 dernières années, les trois seuls élus au Conseil fédéral en un seul tour sont des élues.

C’est un joli signe pour les femmes en Suisse, après tout ce qu’elles ont dû supporter, y compris le fait de devoir attendre 1971 pour pouvoir voter au niveau fédéral. C’est une journée dont nous allons nous souvenir.

Facebook live – avant le verdict

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Indépendamment de cette question du genre, nous avons désormais un gouvernement un peu plus à droite.

Oui, mais le virage ne date pas d’aujourd’hui. Les changements ont eu lieu en 2015 et 2017. En 2015, l’UDC [droite conservatrice] a réussi, avec Guy Parmelin, à reconquérir un deuxième siège [gagné en 2003 par Christoph Blocher, puis perdu quatre ans plus tard]. Puis en 2017, le libéral-radical Didier Burkhalter, plutôt porté à faire des compromis avec le centre et la gauche, a été remplacé par son collège de parti Ignazio Cassis, nettement plus marqué à droite, comme on a pu le voir ces derniers mois.

On a donc quatre conseillers fédéraux de droite, contre trois de centre et de gauche. Viola Amherd a un profil centriste, un peu comme Doris Leuthard, à qui elle succède. Karin Keller-Sutter, par contre, est perçue depuis longtemps comme une femme de droite. Donc, pas de grand changement d’équilibre.

Cela dit, Mme Keller-Sutter pourrait créer la surprise. Elle pourrait avoir – sur quelques questions, et peut-être sur la question environnementale -, une sensibilité qui la porte à faire plutôt des alliances avec le centre gauche. Ce qui n’était pas le cas avec son prédécesseur Johann Schneider-Ammann.

Alors, laissons-nous surprendre. Après tout, Doris Leuthard, à son élection, était perçue comme pronucléaire, mais c’est elle, après Fukushima, qui a trouvé une alliance au Conseil fédéral pour mener le pays vers la sortie de l’atome…

Justement, l’abandon du nucléaire implique une nouvelle orientation. C’est la Stratégie énergétique 2050, acceptée par le peuple l’année dernière, et qui mise beaucoup sur les énergies renouvelables. Avec ce nouveau gouvernement, la Suisse est-elle armée pour la mettre en œuvre?

Difficile à dire, je pense que la personne clé sur cette question va justement être Karin Keller-Sutter. On connaît les positions de la gauche et des démocrates-chrétiens sur le sujet. Mais Mme Keller-Sutter est quand même très proche des milieux économiques, elle a siégé dans plusieurs conseils d’administration. Si elle est très influencée par ce lobby, on aurait un changement de politique.

La question, c’est aussi de savoir qui va reprendre le Département de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication, qui a été celui de Doris Leuthard. Les conseillers fédéraux en décident entre eux, et en principe, ce sont les plus anciens qui se «servent» en premier. Ce département-clé pour l’avenir énergétique pourrait intéresser la socialiste Simonetta Sommaruga, qui est au gouvernement depuis huit ans. Alors, attendons pour voir…

Facebook live – après le verdict

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