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Deux talents dans la cour des grands à Garmisch

Wendy Holdener pourrait bien devenir la championne du ski suisse de demain. Keystone

A eux deux, ils ont ramené 6 médailles des récents Championnats du monde juniors à Crans-Montana. Brillants dans toutes les disciplines, Justin Murisier et Wendy Holdener représentent l’avenir du ski suisse. Rencontre en marge de leur premier grand rendez-vous mondial.

Justin Murisier est un fonceur, sur les pistes et dans la vie. Brut de décoffrage, le solide jeune homme de 19 ans n’est pas un adepte des détours alambiqués. Sa devise pourrait être celle de l’Olympique de Marseille: droit au but.

Lorsqu’on lui demande ce que ça lui fait d’être présenté par les médias de son pays comme le futur grand champion du ski suisse, sa réponse fuse: «Je m’en fiche, je skie pour moi». Et quelle impression ressentira-t-il dans le portillon de départ de Garmisch-Partenkirchen? «Des slaloms et des géants, on en fait toute la saison. Ce sont des courses comme les autres.»

Forte tronche, mais incapable de prendre la grosse tête tant il a les deux pieds bien ancrés dans son Val-de-Bagnes natal, Justin Murisier vivra cette fin de semaine son premier événement majeur chez les «grands».

L’exploit de Val d’Isère

Sa place, il l’a conquise à la force de ses mollets, d’une volonté à toute épreuve et d’un talent certain. Dès ses débuts en Coupe du monde, l’hiver dernier à Adelboden, le Valaisan fait forte impression. Parti avec le dossard 74, il rate sa qualification en seconde manche pour 5 centièmes.

Après une opération à l’épaule cet été, il revient plus motivé que jamais. Et plus vite que prévu. «J’ai un peu mis la pression sur l’encadrement», avoue-t-il. «Justin est impatient et déjà très sûr de lui. Ca ne rend pas la collaboration facile, mais c’est bon pour le sport», affirme Reto Schläppi, son entraîneur.

En décembre, à Val d’Isère, il réalise son premier exploit en Coupe du monde en terminant 8e du slalom, sur une pente raide et verglacée comme il les aime. Lors de Mondiaux juniors courus à domicile, Justin Murisier se pare de trois médailles, deux d’argent et une de bronze.

A l’image de Collombin

Bûcheron-forestier de formation – il vient de terminer son apprentissage – Justin Murisier vit à quelques kilomètres de l’ancien champion Rolland Collombin, tête brûlée notoire des années ’70. On tente la comparaison. «Il y a beaucoup de coureurs qui foncent tête baissée, je pourrais ressembler à Collombin comme à quelqu’un d’autre.» Techniquement, Justin Murisier se situe bien au-dessus de son illustre aîné. Arme du skieur moderne, la polyvalence n’est pas un vain mot chez le Valaisan.

Pour progresser, il dit s’inspirer de chaque skieur, avec toutefois un petit faible pour Daniel Albrecht, dont il regarde souvent les vidéos. «Il était techniquement un modèle avant sa chute», dit-il.

En dehors des pistes, il s’adonne volontiers au motocross et au trial. «Mais j’essaye de diminuer, ce sont des sports dangereux.» Pas doué pour les langues, il se met peu à peu à l’allemand, langue incontournable dans le milieu du ski suisse. Mais pas question d’arrondir les angles ou de travailler son image pour plaire davantage. «Je me présente tel que je suis, ça marche pas mal.»

Une intégration rapide

Plus réservée que Justin Murisier, Wendy Holdener n’en est pas moins un autre joyau brut du ski suisse. A 17 ans, la Schwytzoise a déjà été classée trois fois dans le top-30 en Coupe du monde cette saison, en slalom et super-combiné. Parfaite polyvalente, elle a surtout été la révélation des derniers Mondiaux juniors de Crans-Montana, remportant l’or du combiné et terminant sur le podium de la descente et du géant.

Après avoir déjà disputé la Coupe des nations et le géant (29e), Wendy Holdener skiera une nouvelle fois sans pression lors du slalom de samedi. «Je ne suis pas là pour gagner une médaille, simplement pour engranger un peu d’expérience.» Sa participation aux Mondiaux, elle la doit beaucoup à Mauro Pini, le nouveau patron de l’équipe féminine, qui l’a intégré dans l’équipe de Coupe du monde dès la préparation estivale.

«Il est fondamental de donner l’opportunité aux jeunes talents de faire le grand saut rapidement. Contrairement aux garçons, dont  le processus de maturation dure trois à quatre ans de plus, certaines filles sont déjà prêtes physiquement à 17 ans. L’exemple de Lara Gut l’a démontré», souligne Mauro Pini.

Un noyau de polyvalentes

Depuis 2009, Wendy Holdener est inscrite à l’école d’hôtellerie d’Engelberg, dans une filière sport-études. Projetée sur le devant de la scène, la jeune fille n’a pas encore dessiné un plan de carrière précis.  

Mauro Pini, lui, a déjà une idée en tête: «Les Vonn, Riesch, Görgl et Fenninger sont toutes capables de gagner dans plusieurs disciplines. Nous voulons aussi avoir un noyau de polyvalentes, avec Lara Gut, Denise Feierabend, Wendy Holdener et d’autres. Le chemin est clair. Il s’agit d’abord de progresser dans les disciplines techniques, la base, tout en engrangeant des expériences en vitesse.»

Wendy Holdener avoue un modèle, mais du côté masculin. «Je suis une fan de Didier Cuche», dit-elle avant de s’éclipser discrètement devant des micros qui semblent encore l’impressionner. Elle devra pourtant s’y habituer rapidement si elle poursuit son ascension expresse.

Justin Murisier est un skieur valaisan de 19 ans. Bûcheron-forestier de profession, il mesure 1,75 mètres pour 85 kg. Il a fait ses débuts en Coupe du monde en janvier 2010 lors du slalom d’Adelboden. Son meilleur résultat est jusqu’ici une 8e place, décrochée lors du slalom de Val d’Isère en décembre dernier. Début février, il a terminé à trois reprises sur le podium des Mondiaux juniors de Crans-Montana.

Wendy Holdener est une skieuse schwytzoise âgée de 17 ans. Elle est inscrite à l’école d’hôtellerie d’Engelberg et mesure 1,65 m pour 56 kg. Elle a fait ses débuts en Coupe du monde en octobre 2010, obtenant pour meilleur résultat une 18e place en slalom. Le 3 février, elle a été sacrée championne du monde juniors de combiné. Elle y a également décroché la médaille de bronze du géant et l’argent de la descente.

Les Championnats du monde de ski alpin ont lieu du 7 au 20 février dans la station allemande de Garmisch-Partenkirchen.

Située en Bavière, à quelques kilomètres de la frontière autrichienne, Garmisch-Partenkirchen est une station de sports d’hiver qui a notamment accueilli les Jeux olympiques d’hiver en 1936.

C’est la deuxième fois que cette ville de 25’000 habitants organise des championnats du monde après 1978. La ville est partie prenante de la candidature de Munich pour les Jeux olympiques de 2018.

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