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Dürrenmatt dans un écrin d’ardoise

Pour Mario Botta, il ne s'agissait pas de faire un musée, mais un espace plus complexe. swissinfo.ch

Le Centre Dürrenmatt de Neuchâtel, conçu par l'architecte tessinois Mario Botta, a été inauguré samedi. «Ni musée, ni mausolée», il est destiné à être un lieu d'échange, de travail et de réflexion critique.

C’est à la fois sobre et somptueux. Adossée à la colline, sur le versant nord du Vallon de l’Ermitage, la maison où habita Friedrich Dürrenmatt, simple et blanche, domine une vaste terrasse, puis la forêt et le lac, tout en faisant face aux Alpes. Il y a vécu de 1952 à 1990, année de sa mort. Mais, juste à côté d’elle, se dresse désormais un cube sombre, aux proportions équivalentes. Une «tourette» recouverte d’ardoise qui sert à la fois d’entrée au Centre et de puits de lumière.

Les salles d’exposition se trouvent en sous-sol, dans la terre. Mario Botta a voulu un bâtiment «en hypogée», bâti dans la montagne, et cela afin que le lieu «dialogue avec le paysage et la situation existante». Ardoise à l’extérieur, béton à l’intérieur, le camaïeux de gris permet aux oeuvres de Dürrenmatt d’exploser avec d’autant plus de force.

«Dürrenmatt n’était pas principalement un peintre. Il ne s’agissait donc pas de faire un musée», explique Mario Botta. «On a imaginé un espace plus complexe, moins neutre. On a cherché à ce que l’espace crée une atmosphère, qu’il y ait une complicité entre littérature, peinture et architecture, en tant que discipline qui organise l’espace.»

Derrière l’option résolument esthétique qu’a choisie Botta se cache pourtant la «tension éthique», prioritaire selon lui. L’écrin, froid et esthétique, se réfère par ailleurs au labyrinthe, présent dans l’œuvre de Durrenmatt. Un jeu de mise en abîme, en quelque sorte.

D’un coût total de 6 millions de francs, la construction du Centre a été prise en charge par la Confédération, le canton de Neuchâtel et des mécènes privés. La Ville de Neuchâtel participe aux frais de fonctionnement de ce lieu qui dépend de la BNS, la Bibliothèque Nationale Suisse. «Un projet compliqué, qui a connu tout un tas de péripéties… Depuis huit ans, j’ai un peu l’impression d’être dans une pièce de théâtre de Dürrenmatt», commente Jean-Frédéric Jauslin, directeur de la BNS. On se souvient en effet que Zurich souhaitait ardemment ce centre, et que Berne n’y aurait pas été hostile. On se souvient également qu’un premier directeur ne garda pas son poste très longtemps…

Pour Neuchâtel, la présence de ce centre qui sera indéniablement prestigieux est un atout. Neuchâtel, dont l’automne est d’ailleurs particulièrement riche: après le Centre Dürrenmatt, ce sont deux autres lieux culturels qui seront prochainement ouverts: le Théâtre du Passage, ainsi que le nouveau Musée d’archéologie, sur les rives du lac.

Bernard Léchot

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