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La Chine se met en quatre pour séduire les Vaudois

Cérémonie pour la signature d’un accord entre l'EPFL SIP Suzhou Alain Arnaud

Une importante délégation de l'Etat de Vaud et de la ville de Lausanne vient de passer une semaine en Chine. Elle a visité la riche province du Jiangsu, et y a signé cinq accords de collaboration, en particulier dans les domaines de la haute technologie.

«Y en a point comme nous!» L’adage est généralement attribué au peuple vaudois. Mais cette fois-ci, c’est bien la Chine qui a déployé les grands moyens pour convaincre ses visiteurs de l’excellence de ses projets, ses infrastructures, ses entreprises. Une bonne vingtaine de hauts fonctionnaires de l’Etat de Vaud et de la ville de Lausanne et quelques entrepreneurs étaient du voyage, présidé par le conseiller d’Etat Jean-Claude Mermoud, ministre vaudois de l’Economie.

Après trois jours passés dans la région de Shanghai, le gros de la délégation s’est rendu dans la province voisine du Jiangsu, dont la partie méridionale bénéficie depuis des millénaires d’une situation idéale dans le delta du fleuve Yangtze. Le dynamisme de cette riche région s’est révélé dès le départ, dans le train à grande vitesse qui relie Shanghai à la capitale Nankin, 300 km en 1h15.

Scepticisme et admiration

Jean-Claude Mermoud est visiblement impressionné par le dynamisme chinois: «J’en suis un peu envieux, parce que je pense que si on veut exister demain il faudra absolument qu’on améliore [en Suisse] nos infrastructures»… or «on n’en a pas posé la première pierre». Et le ministre des finances d’insister sur la nécessité de «réviser nos systèmes de décision, malgré une protection du pouvoir individuel qui est telle qu’elle nous paralyse un peu.., voire beaucoup».

Le pouvoir individuel, en Chine, compte peu. En Suisse, on ne pourrait pas «construire une voie de chemin de fer qui ne fait pas une seule courbe comme entre Shanghai et Nanjing, où on a exproprié tout ce qu’il y avait entre deux», constate Patrice Bulliard, le chef du service d’urbanisme de la ville de Lausanne. Même s’il se dit «un peu sceptique sur la manière de procéder», Patrice Bulliard n’en estime pas moins qu’«on est souvent trop timoré en Suisse». Dans ce sens, nous avons «beaucoup à apprendre des Chinois sur la manière de communiquer».

Le voyage passe par les métropoles de Nankin, Wuxi et Suzhou. A chaque étape, l’accueil est exquis, les banquets copieux, les présentations dithyrambiques. A Nankin, la municipalité expose sa vision de l’avenir: une maquette géante montre la ville telle qu’elle sera en 2020, film 3D à l’appui. La ville compte actuellement un tunnel sous le Yangtze, il y en aura dix en 2020. Les visiteurs vaudois en restent pantois, ils comparent avec Genève et sa traversée de la rade, toujours évoquée, jamais réalisée. «Ils ont des visions, pas nous!», s’exclame Michael Hildebrandt, expert fiscal chez Ernst & Young à Lausanne.

Leader mondiale du photovoltaïque

Les impressions sont encore plus fortes chez Suntech, leader mondial du photovoltaïque, ainsi que dans les différents parcs technologiques des trois villes. Là encore, présentations multimédia, maquettes géantes et films futuristes témoignent de l’ambition chinoise. La ville de Suzhou compte à elle seule deux fois plus d’habitants que l’ensemble de la Suisse, et son parc industriel plus que tout le canton de Vaud.

Cinq accords de collaboration sont signés durant le voyage, entre l’Etat de Vaud, ses parcs technologiques et les partenaires chinois. Malgré la démesure, les Chinois ont de toute évidence un intérêt majeur à s’intéresser aux Vaudois. Sun Yanyan est vice-présidente du parc technologique de Suzhou.

Selon elle, «la Suisse est très compétente dans la recherche et le développement. Dans certains domaines, elle est la meilleure au monde. Je crois que la signature entre les deux parties contribuera à renforcer les relations bilatérales, l’échange d’informations, et favorisera peut-être les investissements. C’est dans notre intérêt mutuel».

Le 2D et la réalité sociale

Le parc technologique Y-Parc d’Yverdon-les-Bains, le parc Biopôle d’Epalinges et le parc scientifique de l’EPFL étaient du voyage. Petits, mais efficaces, comme en témoigne Jacques Bally, le directeur d’Y-Parc: «Il ne faut pas se laisser impressionner par cette grandeur. La qualité de nos instituts et de nos chercheurs est reconnue». Ainsi donc, les accords conclus permettront-ils de faciliter les échanges entre chercheurs, d’encourager la pénétration des entreprises vaudoises sur le marché chinois et à terme d’attirer les entreprises chinoises en terre vaudoise.

La délégation venue de Suisse profite enfin du voyage pour visiter à Suzhou l’usine de Logitech, fleuron de l’industrie vaudoise. Parcourir les halles de production, les chaînes de montage, découvrir les centaines de petites mains qui s’affairent pour un bien maigre salaire, c’est l’occasion de se souvenir qu’au-delà du miracle, il y une réalité sociale que les présentations sur grand écran 3D ont quelque peu tendance à occulter.

8 pays. Depuis le 1er janvier 2010, les ministres de l’économie des cantons de Suisse occidentale (Neuchâtel, Fribourg, Berne, Vaud, Valais et Genève) ont décidé de créer un réseau d’acquisition à l’étranger – le GGBA -, opérationnel dans 8 pays: France, Allemagne, Italie, Etats-Unis, Brésil, Russie, Inde et Chine.

Représentants. Dans chacun de ces pays, des représentants locaux sont chargés de convaincre des sociétés de s’établir dans la région GGBA. Actuellement, GGBA emploie une seule personne pour toute la Chine. Mais «il devrait y avoir l’an prochain une adaptation du réseau en terme de représentants par pays», selon Jean-Frédéric Berthoud, directeur du développement économique du canton de Vaud.

5 protocoles. Le voyage de la délégation vaudoise dans le Jiangsu a abouti à la signature de 5 protocoles d’entente amicale.

Vaud-Jiangsu. Le premier est conclu entre les gouvernements du Jiangsu et de l’Etat de Vaud. Il porte sur tous les niveaux, y compris culturel, échanges d’étudiants, recherche etc …

Economie. Un accord spécifiquement économique a été signé entre ces deux mêmes parties.

Parcs technologiques. Trois accords spécifiques ont par ailleurs été conclus entre les trois parcs technologiques vaudois et les parcs technologiques de villes de Nanjing, Wuxi et Suzhou.

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