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Le «lanceur d’alerte» de Julius Bär arrêté

L'ex-banquier Rudolf Elmer a livré des données compromettantes au site Wikileaks. Keystone

Rudolf Elmer, le whistleblower de la banque Julius Bär, a été condamné à une peine pécuniaire avec sursis pour violation du secret bancaire. Il a été ré-arrêté mercredi soir, pour avoir remis au site wikileaks une série de données compromettantes pour la banque et certains de ses clients.

Le tribunal de première instance de Zurich a reconnu Rudolf Elmer, 55 ans, coupable d’avoir violé le secret bancaire à plusieurs reprises ainsi que de coercition et de menace dans plusieurs cas, mais l’a jugé non coupable d’une alerte à la bombe dont avait fait l’objet son ancien employeur Julius Bär.

Le juge Sebastian Aeppli a condamné Rudolf Elmer à une amende pécuniaire d’un total de 7200 francs suisses, assortie d’un sursis de deux ans. Le juge a retenu que le prévenu avait fait «partie pendant des années du monde bancaire» et en avait «profité». Le motif de Rudolf Elmer n’a pas été la lutte contre l’évasion fiscale, selon Sebastian Aeppli, mais «son licenciement».

Rudolf Elmer, qui a été un dirigeant de la banque Julius Bär aux îles Caïmans pendant huit ans, était accusé d’avoir transmis des noms de clients à des médias et au fisc suisse, après avoir été licencié par son employeur en 2002, l’une des premières banques privées suisses, en raison de «désaccords».

«Un tour criminel»

Il avait emporté avec lui de nombreux documents internes avant de quitter l’établissement. A la suite de ces informations, selon la presse suisse, des poursuites pour évasion fiscale dans plusieurs pays ont été engagées contre certains des clients de la banque.

Devant la cour, Rudolf Elmer s’est longuement défendu mercredi matin, expliquant avoir peu à peu perçu, grâce à sa fonction de directeur, que les activités de Julius Bär aux îles Caïmans étaient «immorales, non conformes à l’éthique et avaient pris un tour criminel». Ce constat l’avait amené, a-t-il poursuivi, «à agir contre le système bancaire offshore (pour le compte de clients non résidents)».

Rudolf Elmer a fourni à deux reprises des informations à WikiLeaks. Une fois en 2007 puis lundi, directement au fondateur du site Julian Assange, à qui il a fourni deux nouveaux CD contenant, selon lui, les noms de clients de banque ayant cherché à échapper au fisc.

Coup de théâtre à Zurich pour l’ancien collaborateur de la banque Julius Baer, Rudolf Elmer.

Procédure pénale. L’ex-banquier a à nouveau été arrêté mercredi soir et une procédure pénale a été ouverte contre lui en raison de soupçon d’infraction à la loi bancaire, ont indiqué le ministère public zurichois et la police cantonale.

Les raisons de cette nouvelle procédure et la réitération de l’arrestation sont les deux disques de données bancaires que Rudolf Elmer a remis lundi à Londres au fondateur de WikiLeaks Julian Assange.

Loi. Selon le communiqué, il s’agit maintenant d’élucider si Rudolf Elmer a ainsi enfreint la loi bancaire suisse.

Rudolf Elmer, 55 ans, a travaillé durant presque deux décennies pour Julius Bär. Le plus important groupe suisse de private banking l’a licencié en 2002, après avoir constaté la disparition de documents relatifs à la clientèle.

1994. Il est transféré à la succursale de la banque aux Iles Caïman, dont il devient directeur opérationnel. Il affirme que durant cette période, il a tenté de fournir à ses patrons des preuves d’abus sur des comptes offshore, lesquelles ont été ignorées.

2005. Trois ans après son licenciement, Rudolf Elmer approche des agences de presse, mais rien ne sera publié. La même année, il dépose une plainte contre le secret bancaire suisse à la Cour européenne des droits de l’homme.

Décembre 2007. Il transmet ses données au site wikileaks, qui commence la publication le mois suivant.

2008. Julius Bär obtient la fermeture du site aux Etats-Unis, mais la décision est cassée en appel. En mars, la banque abandonne ses poursuites contre wikileaks.

19 janvier 2011. Rudolf Elmer comparaît devant le Tribunal de district de Zurich pour violation du secret bancaire, espionnage industriel et coercition d’employés de banque.

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