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Oui à des aliments de qualité

Rédaction Swissinfo

L’initiative dite «pour des aliments équitables» ne devrait pas faire augmenter les prix de l’alimentation, affirme le sénateur vert Robert Cramer, également co-président du comité qui la soutient. Pour lui, accepter ce texte est un acte de solidarité et un choix pour l’avenir.

Robert Cramer
Avocat de formation, Robert Cramer, né en 1954, a débuté en politique au parlement genevois en 1985. En 1997, après un passage de deux ans à l’exécutif de la ville, il devient le premier écologiste élu au Conseil d’Etat (gouvernement) du canton de Genève, où il dirige successivement les départements de l’intérieur, agriculture et environnement, puis du territoire. Il y reste jusqu’en 2009. Parallèlement, il fait en 2007 son entrée sur la scène fédérale, à la Chambre haute du parlement (Conseil des Etats), où il siège encore aujourd’hui. Keystone/Alessandro della Valle

Un premier sondage publié le 17 août donne 78% de oui à l’initiative «pour des aliments équitables» et 75% de oui à l’initiative «pour la souveraineté alimentaire». Mais nous ne voterons que le 23 septembre. Dans l’intervalle, on assistera à un véritable combat de David contre Goliath. Pour en donner la mesure, il faut savoir que le comité d’initiative «pour des aliments équitables» dispose d’un budget de 300’000 francs. Nos adversaires peuvent mobiliser des millions, voire des dizaines de millions – on ne le sait jamais précisément, ils ne publient par leurs comptes. C’est dire que la presse, les panneaux d’affichage, les réseaux sociaux vont être inondés de messages simplificateurs auxquels il sera impossible de répondre.

A titre préalable, je précise qu’en ma qualité de co-président du comité d’initiative «pour des aliments équitables» je ne m’exprimerai que sur ce texte quand bien même, à titre personnel, je suis également favorable à l’initiative agricole «pour la souveraineté alimentaire» qui sera mise en votation le même jour.

En substance, ce que nous réclamons c’est que les denrées alimentaires offertes à la consommation soient sûres, de bonne qualité, produites dans le respect de l’environnement, des ressources et des animaux, ainsi que dans des conditions de travail équitables. Ces exigences concernent également les produits importés, soit 40% des aliments consommés en Suisse – 50% si l’on tient compte des fourrages.

En effet, alors que les règles appliquées dans notre pays sont strictes s’agissant de la détention des animaux ou des conditions de travail dans l’agriculture, rien n’empêche d’importer de la viande issue d’élevages industriels, ou des légumes issus d’exploitations dont les conditions de travail ressemblent fort à une forme d’esclavage moderne.

Cela est inadmissible aussi bien socialement qu’éthiquement. Cela constitue aussi une forme de concurrence déloyale à l’égard des paysans suisses soumis à des règles beaucoup plus rigoureuses. Ainsi, chaque jour, deux à trois fermes arrêtent définitivement leur activité. Depuis 1990, notre pays a perdu 40% de ses fermes et 100’000 emplois dans le domaine de l’agriculture. Et cela n’est pas sans conséquence sur la qualité des aliments.

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En voulant combattre ce développement d’une nourriture banalisée, en voulant favoriser des produits régionaux et de saison, l’initiative est également un acte de solidarité avec les agriculteurs des pays exportateurs. Il n’est donc pas étonnant qu’elle soit largement soutenue, aussi bien par des associations de solidarité avec les pays du Sud que de protection des consommateurs, sans oublier les milieux agricoles, de protection des animaux et de la nature.

Il faut ajouter – et cela a été dit régulièrement par les initiants dans les débats parlementaires qui serviront de guide pour la législation d’application – que l’initiative n’exige pas de remettre en cause les traités internationaux auxquels la Suisse a adhéré. Elle demande de respecter les objectifs de durabilité préconisés par l’ONU!

Elle ne devrait non plus aboutir à une augmentation des prix de l’alimentation. Tout d’abord parce l’initiative crée un gros potentiel d’économie en demandant de réduire le gaspillage alimentaire, mais aussi parce qu’on économise de l’argent en achetant des produits de saison. Et le Suisse dépense en moyenne 6,3 % de son revenu pour la nourriture: moitié moins qu’en France rapporté au pouvoir d’achat. Un record probablement par rapport à tous les autres pays.

En substance, pour répondre à une autre objection, l’initiative ne restreint pas le choix du consommateur, elle l’élargit en faisant la promotion de la qualité, tout en ayant recours à des instruments juridiques éprouvés et peu bureaucratiques.

Autant de raisons de voter oui le 23 septembre. 

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