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Feu vert pour le nouveau fonds routier

Malgré la densité du réseau, les autoroutes suisses sont souvent saturées. Keystone

Sans surprise, les Suisses ont nettement accepté ce dimanche la création d’un nouveau fonds routier (62% de oui). Doté de trois milliards de francs par an, il servira à financer les autoroutes et le trafic d’agglomération. Seuls les Verts et une partie de la gauche s’y opposaient.

En 2014, les Suisses approuvaient à 62% le fonds ferroviaire. Trois ans plus tard, ils soutiennent avec la même force son jumeau routier. «La population approuve une utilisation complémentaire des transports», et promeut ainsi un «mode de financement pionnier en Europe», s’est réjouie Doris Leuthard, ministre en charge de l’Environnement, des Transports et de l’Energie, au soir de la votation.

Le gouvernement veut rapidement mettre en œuvre le projet. Il mettra en consultation les ordonnances correspondantes le mois prochain et entend transmettre son message au Parlement sur le premier programme d’aménagements financés par le FORTA à la fin de l’année. Il table sur un premier financement quadriennal pour début 2020. L’augmentation de 4 centimes du prix de l’essence ne devrait pas intervenir avant 2019-2020.

Le fonds pour les routes nationales et le trafic d’agglomération (FORTALien externe) a donc convaincu 62% des électeurs, et tous les cantons. Les champions du oui sont Neuchâtel (76,9%) et Vaud (74,3%). Tous deux attendent la manne fédérale pour construire entre autres les contournements du Locle et de Morges.

Mais le FORTA ne va pas servir qu’à développer et entretenir les autoroutes. Un montant de 390 millions de francs est prévu pour le cofinancement (avec les cantons et les villes) des Projets d’agglomérationLien externe. Il s’agit ici non seulement de trafic routier, mais également de trams, de métros, et même de mobilité douce (cycliste et piétonne) dans les villes et les agglomérations.

En outre, les cantons participeront à hauteur de 60 millions de francs par an à l’intégration de 400 km de routes cantonales au réseau national. Idée repoussée par le peuple en 2013, car couplée à l’époque à la hausse de la vignette autoroutière à 100 francs (au lieu des 40 actuels).

Fin de la «guerre des transports»

Le oui au FORTA fait des heureux du côté des cantons, des villes et des milieux routiers. La «guerre des transports» devrait prendre fin, et des projets importants pourront voir le jour.

L’Union des villes suisses se dit «très satisfaite» du vote de dimanche. Et pour les cantons, comme Vaud et Genève, le bout du tunnel est en vue. FORTA permet une vision à long terme qui facilitera la gestion des budgets et des calendriers, estime le chef des transports genevois Luc Barthassat. Ce vote illustre un «bon équilibre, à la Suisse».

La responsable vaudoise des transports Nuria Gorrite accueille elle aussi ce résultat avec une très grande satisfaction. Selon elle «la population a démontré son attachement à un développement multimodal», ce qui permettra de sortir de l’opposition néfaste entre les moyens de transports.

Mais le fonds n’est pas important que pour l’Arc lémanique et les pôles économiques du pays. Il servira aussi aux régions périphériques qui attendent de pouvoir développer leurs infrastructures.

Quant aux organisations de professionnels et d’usagers de la route, elles se réjouissent sans surprise du résultat. ASTAG (transporteurs), VAP (chargeurs), TCS et Routesuisse (usagers) ont fait part de leur grande satisfaction à l’issue du scrutin, de même que les faîtières des entrepreneurs et des PME.

Pilule amère

Pour les Verts, la pilule est amère. Leur présidente Regula Rytz, quelque peu irritée par l’engagement de membres des partis de gauche dans le camp du oui, estime que le FORTA va à l’encontre des efforts de protection du climat et «aura pour conséquence une augmentation du trafic routier».

Membre de l’Initiative des Alpes, Mathias Reynard s’attendait à un tel résultat. Le député socialiste craint maintenant un déséquilibre dans le financement du fonds. Pour lui, «il n’est pas logique de demander autant à la caisse fédérale, et si peu aux automobilistes».

Même son de cloche à l’Association transports et environnement (ATE): sa présidente Evi Allemann estime que les citoyens ont choisi de puiser largement dans les caisses fédérales. C’est en ceci que pèche l’architecture financière du fonds, selon elle.

Trois milliards par année

Le FORTA disposera chaque année de plus de 3 milliards de francs, fournis par la surtaxe sur les huiles minérales (1,9 milliard), l’impôt sur les véhicules automobiles (400 millions), la vignette autoroutière (320 millions), 10% de l’impôt sur les huiles minérales (250 millions), la redevance sur les véhicules électriques (90 millions, dès 2020) et les compensations des cantons pour l’intégration de routes cantonales dans le réseau des routes nationales (60 millions).

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