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La nouvelle directrice de Locarno dévoile ses plans pour la prochaine édition

Hinstin e Marco Solari, presidente do Festival de Locarno, sob uma tela de cinema
Marco Solari, président du Festival de Locarno, présente à la presse la nouvelle directrice artistique, Lili Hinstin, en avril 2018. KEYSTONE/TI-PRESS/SAMUEL GOLAY

Le festival du film de Locarno a une nouvelle directrice. Entrée en fonction le 1er décembre dernier, la Française Lili Hinstin, âgée de 42 ans, devra assurer la présence et la réputation du festival de cinéma le plus prestigieux de Suisse. Elle évoque ses projets à swissinfo.ch.

Lili Hinstin remplace Carlo Chatrian, nommé directeur de la Berlinale en juin de l’an dernier, peu avant que le Locarno FestivaLien externel signe, en août, une «charte pour la parité» qu’ont également adoptée de nombreuses autres manifestations cinématographiques dans le monde. Le choix de la Française est certainement un geste dans cette direction, bien qu’elle ne soit pas la première femme à prendre les rênes du festival, Irene Bignardi l’ayant précédée de 2000 à 2005. Auparavant directrice du festival international du film Entrevues BelfortLien externe, Lili Hinstin est une programmatrice expérimentée et une productrice de films accomplie.

Née à Paris où elle a grandi, la nouvelle directrice artistique sort d’une famille marquée par des personnages hauts en couleurs.

L’un de ses arrière-grands-pères était un des générauxLien externe qui ont dirigé la répression de la Commune de Paris en 1871 – « Pas vraiment quelque chose dont la famille peut être fière. C’est pourquoi nous n’en avons jamais beaucoup parlé», dit-elle. Le frère du général, Gustave Hinstin, était enseignant et il pourrait avoir été l’amant du poète Isidore Ducasse, Comte de Lautréamont, qui lui a dédié ses Poésies: «À Monsieur Hinstin, mon ancien professeur de rhétorique».

Le grand-père de Lili, Charles Hinstin, a pour sa part été un grand aventurier. Mécanicien à Chicago dans les années 20, chercheur d’or au Cameroun, combattant de la résistance pendant la guerre, il a fini sa vie à Kaboul, en Afghanistan. C’est là que peu avant sa mort il a rencontré l’écrivain français Joseph Kessel. L’auteur de Belle de Jour en a fait le personnage principal d’une de ses nouvelles, Le zombie.

Vies multiples

C’est ainsi que Lili Hinstin a fait connaissance de ce grand-père qu’elle n’a jamais vu et qui s’est suicidé à Kaboul. «Le zombie» est alors devenu le titre d’un documentaire qu’elle a réalisé sur les traces des multiples vies de Charles et qui est sorti en 2008. À ce moment-là, elle était déjà à la Villa Médicis de Rome où elle assurait la programmation des activités cinématographiques de l’Académie de France. Elle a ensuite pris la tête du festival de Belfort, à proximité de la frontière suisse.

La directrice explique que le passage de productrice à programmatrice s’est produit de manière assez naturelle parce qu’il était difficile de gagner sa vie avec des documentaires. Elle a pour le cinéma un appétit omnivore et ne veut pas travailler sur la base de la distinction ordinaire entre cinéma commercial et cinéma d’auteur – «L’important, c’est que les films soient bons», dit-elle.

Elle n’a pas peur de réaliser des expériences et d’intégrer dans les programmes les nouvelles technologies telles que la réalité virtuelle ou le transmedia. Elle ne voit pas non plus de problème à s’adapter à un environnement dans lequel Netflix et Amazon s’imposent désormais comme des acteurs déterminants de la production cinématographique.

Pour sa première à Locarno  (du 7 au 17 août prochains), elle entend conserver la section «Signs of Life» consacrée aux films expérimentaux et novateurs. Mais elle changera son nom, indique-t-elle, sans dire comment il s’appellera et l’influence que cette nouvelle dénomination doit avoir sur la sélection des films qui y seront présentés.

Plus

Quant à la couverture géographique du festival – lors des récentes éditions, certains critiques ont ignoré le large choix de films asiatiques ou africains – Lili Hinstin confesse qu’elle est particulièrement attirée par la production du Maghreb, Tunisie, Algérie et Maroc notamment. Au point qu’elle a engagé un conseiller chargé d’y repérer les talents émergents. Elle est aussi attentive à ce qui se fait en Afrique subsaharienne, même si la production de cette région est retombée après le boom des années 70 et 80

Rétrospective Blake Edwards

Le programme définitif du festival ne sera annoncé qu’à la mi-juillet, mais Lili Hinstin a confié à swissinfo.ch que la rétrospective sera consacrée cette année au réalisateur américain Blake Edwards (1922-2010), qui répond parfaitement à sa conception du cinéma. Il travaillait au sein du système hollywoodien, mais sa filmographie s’avère très personnelle et relève presque du cinéma d’auteur. 

Cela apparaît déjà dans ses premiers chefs-d’œuvre, Diamants sur canapé (1961) et Le Jour du vin et des roses (1962), puis dans la série de la panthère rose avec Peter Sellers (et le film hilarant La Party, également avec cet acteur – 1968), ou encore avec Victor, Victoria (1982). Et on peut sans se tromper affirmer qu’on rira beaucoup cet été sur la Piazza Grande.

Blake Edwards e sua mulher, a atriz Julie Andrews em 1969
Blake Edwards en tournage avec l’actrice Julie Andrews, son épouse. Keystone

Billets gratuits pour rencontrer Lili Hinstin

Si vous souhaitez mieux connaître Lili Hinstin, elle sera le 5 février au Musée national Zurich pour la première de trois conférences en langue française agendées dans cette institution pour 2019.

En tant que partenaire média des conférences du mardi du Musée national, swissinfo.ch offre à ses lecteurs un nombre limité de places gratuites. Elles seront attribuées selon le principe du premier venu, premier servi. Il n’y aura ni tirage au sort ni questionnaire à remplir: envoyez simplement un courriel à thomas.waldmeier@swissinfo.ch  avec votre nom complet et vos informations de contact.

 

Traduit de l’anglais par Olivier Hüther

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