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Fribourg et la Landwehr à la conquête de la Chine

Choc des cultures: la Landwehr à Shanghai. swissinfo.ch

La Chine a un goût prononcé pour l'harmonie. La Landwehr et la ville et canton de Fribourg viennent d'effectuer une tournée dans trois grandes villes de Chine, pour charmer les foules et pour nouer des liens économiques. Mission accomplie!

Heureux qui comme Fribourg dispose d’un corps de musique officiel tel que la Landwehr. Les quelque cent musiciennes et musiciens de cette prestigieuse harmonie viennent de passer une grosse semaine en Chine, leur seconde tournée dans l’Empire du milieu, après celle de 1980, qui avait marqué les 30 ans de l’établissement de relations diplomatiques entre la Suisse et la Chine.

Cette fois-ci, la Landwehr a fait vibrer des milliers de Chinois en leur délivrant un programme musical exigeant, à la fois respectueux de la tradition (Le Vieux Chalet, Le Ranz des Vaches) et ouvert aux oeuvres contemporaines.

Les prestations musicales ont englobé une parade pour l’ouverture des Swiss Days à Shanghai, deux concerts de gala très fréquentés, l’un à Hangzou, l’autre à Pékin, et une aubade à l’ambassade de Suisse, en l’honneur de la ministre Eveline Widmer-Schlumpf pour sa première visite en Chine, et qui du coup ne s’est pas sentie trop dépaysée. Quant au public chinois, il a visiblement apprécié. André Liaudat, président de la Landwehr: «Les chants populaires, surtout, ont eu un grand succès. Le ‘Lioba’ a récolté le plus d’applaudissements, ainsi qu’une pièce composée pour la Landwehr et trois cors des Alpes.»

Derrière l’harmonie, l’économie

Si les airs des montagnes charment les auditeurs chinois, si la précision et la discipline toute militaire et bien helvétique d’un corps de musique en parfaite harmonie les séduit, il y a là une occasion que les autorités fribourgeoises n’ont pas manqué de saisir pour promouvoir leurs ville et canton.

«Il s’agit d’une tournée musicale, culturelle et économique, précise André Liaudat. Le canton de Fribourg voulait renforcer ses liens économiques avec la Chine, signer des nouveaux contrats. La Landwehr a l’habitude de jouer un rôle d’ambassadrice dans tous les pays où elle se rend.» Ainsi une trentaine d’accompagnants dont plusieurs représentants du monde politique et économique fribourgeois étaient-ils du voyage.

Directeur cantonal du département de l’économie, le Conseiller d’Etat Beat Vonlanthen se frotte les mains: «La Landwehr est une formidable ambassadrice, nous avons établi de nombreux contacts grâce à elle. Voici plusieurs années que nous entretenons des relations avec la province du Zhejiang. J’ai signé hier un accord pour concrétiser cette collaboration, qui est vraiment très importante pour les liens entre les deux régions.»

Et le ministre fribourgeois de révéler que la province du Zhejiang sera l’hôte d’honneur d’Energissima 2010 (Salon suisse des énergies renouvelables, à Fribourg), tandis que Fribourg sera l’invité d’honneur lors de la foire des biens de consommation de Ningbo, dans le Zhejiang, en 2011.

Concurrence cantonale

Fribourg cherche-t-elle à devancer les autres cantons? « Oui, c’est un rapport de concurrence, mais nous essayons de collaborer, précise Beat Vonlanthen. Les cantons de la Suisse occidentale se sont regroupés pour faire de la promotion économique ensemble sous le signe de Greater Geneva Berne Area», rappelle-t-il.

«La Landwehr est une excellente porte d’entrée, estime pour sa part Thierry Mauron, directeur de la promotion économique du canton de Fribourg. Mais nous sommes conscients qu’il faut d’abord mettre la Suisse en avant. Et surtout, les économies suisse tout comme fribourgeoise ont un grand défi à relever: rester compétitives face à un pays qui est en train de se développer très rapidement.»

Pour l’heure, les échanges sont fructueux. Plusieurs entreprises fribourgeoises travaillent en sous-traitance en Chine, et dans l’autre sens, le chinois Johnson Electric a racheté Saia Burgess, assurant plusieurs centaines d’emplois dans le canton de Fribourg.

Saisissante évolution

La Chine, 3ème puissance économique au monde! Impensable il y a 30 ans. Quelques vétérans de la Landwehr étaient de la première tournée chinoise, en 1980.

«A l’époque on nous disait que le Pékinois se nourrissait d’un bol de riz par jour», se souvient Marcel Mauron, 50 ans de clarinette dans les rangs de la Landwehr. «Aujourd’hui ils ont des salaires qui leur permettent d’acheter des voitures, de rouler avec des vélos électriques, et la construction de ces buildings, de ces gratte-ciel … c’est assez extraordinaire.»

Quant au doyen de la Landwehr, Roger Baeriswyl, clarinettiste aussi, il admire le chemin parcouru: «A l’époque, on nous montrait ce qu’on voulait bien nous faire voir, on avait accès à un seul magasin d’Etat. Maintenant c’est tout différent. Même s’ils n’ont pas la liberté totale, les Chinois en ont bien plus qu’avant.»

Alain Arnaud, Pékin, swissinfo.ch

Trois ans. La Landwehr a l’habitude des défis, et des voyages aux antipodes. Mais l’organisation de cette tournée en Chine s’est révélée particulièrement ardue. «Cela nous a pris trois ans», révèle le président André Liaudat.

Administration pointilleuse. «Les problèmes administratifs ont été légion, bien davantage que lors de notre tournée au Canada, par exemple.» Les autorités chinoises ont exigé les passeports de tous les musiciens 6 mois avant leur départ, et ont tenu à consulter toutes les partitions musicales avant de donner leur feu vert.

Financement. Quant au financement du voyage, il est assuré pour un tiers par les membres de la Landwehr, pour un tiers par des sponsors, et pour le reste par le fonds de voyage du corps de musique.

Fribourg-Changha. Le canton de Fribourg et la Chine entretiennent d’excellentes relations depuis le début des années 90, date à laquelle les deux parties ont signé un accord d’amitié avec la ville de Changha (Hunan) et un accord de coopération avec la province du Zhejiang.

Séminaire. L’Etat de Fribourg et sa Promotion économique ont profité de la tournée de la Landwehr pour organiser un séminaire à Hangzhou et y présenter Fribourg et la Suisse à quelque 70 chefs d’entreprise chinois.

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