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Brexit: Boris Johnson persiste et signe devant le Parlement

Les députés ont "jusqu'à la fin de la séance aujourd'hui pour présenter une motion de défiance contre le gouvernement. Allez-y! Et nous pourrions la voter demain", a dit Boris Johnson. KEYSTONE/AP House of Commons sda-ats

(Keystone-ATS) Boris Johnson a mis au défi mercredi l’opposition de voter une motion de défiance, afin de débloquer la crise sur le Brexit. Il s’exprimait devant les députés réunis dans une ambiance surchauffée.

“Le Parlement doit soit se tenir à l’écart et laisser le gouvernement mettre en oeuvre le Brexit, soit présenter une motion de défiance”, a déclaré le Premier ministre conservateur, au lendemain de l’arrêt historique de la Cour suprême qui a annulé sa décision de suspendre le Parlement.

Les députés ont “jusqu’à la fin de la séance aujourd’hui pour présenter une motion de défiance contre le gouvernement. Allez-y! Et nous pourrions la voter demain”, a poursuivi Boris Johnson. “Auront-ils le courage de le faire ? Ou refuseront-ils d’en prendre la responsabilité ?”, a-t-il exhorté, haussant la voix pour couvrir les huées des bancs de l’opposition.

Parlement “saboteur”

“De quoi ont-ils peur ?”, a lancé le Premier ministre. Il a critiqué un “parlement paralysé” qui “continuera de saboter les négociations” sur le Brexit avec l’Union européenne, réitérant ses appels à organiser des élections législatives anticipées.

Cela lui permettrait de sortir du bourbier et d’avoir les coudées plus franches pour déployer sa stratégie sur le Brexit, jusqu’ici systématiquement mise en échec au Parlement depuis son arrivée au pouvoir fin juillet.

Mais le chef de l’opposition, le travailliste Jeremy Corbyn a rappelé que s’il souhaitait la démission de Boris Johnson, il ne soutiendrait pas la tenue d’élections tant que la menace d’un Brexit sans accord, ouvertement envisagé par Boris Johnson, ne serait pas écartée.

“Il doit partir”

M. Corbyn veut d’abord un report du Brexit pour ensuite tenir des élections. “Personne ne peut faire confiance au Premier ministre. Pour le bien de ce pays, il doit partir”, a-t-il déclaré.

Evoquant la décision de la Cour suprême, qui a annulé la veille l’ajournement du Parlement, Boris Johnson a déclaré: “Il n’est absolument pas irrespectueux de ma part de dire que je pense que la Cour s’est trompée”.

“Ce Parlement est mort! Il ne devrait plus siéger!”, avait fustigé plus tôt dans la journée l’attorney général (conseiller juridique du gouvernement) Geoffrey Cox, qui avait assuré le gouvernement de la légalité de la suspension avant qu’elle soit annoncée fin août.

M. Cox a aussi annoncé que l’exécutif désormais minoritaire déposerait “bientôt” une motion pour la tenue d’élections législatives anticipées, pour la troisième fois après deux précédentes tentatives mises en échec par les députés, trop “lâches” selon lui. Selon plusieurs sondages d’opinion, le Parti conservateur arriverait en tête en cas d’un scrutin anticipé.

“Manipulation cynique”

“Ce Parlement devrait avoir le courage d’affronter les électeurs, mais il ne le fera pas”, a accusé Geoffrey Cox. “Il ne le fera pas, parce que beaucoup d’entre eux (les députés) veulent réellement nous empêcher de quitter l’UE”.

Presque étranglé par la colère, le travailliste Barry Sheerman a rétorqué en dénonçant la “manipulation cynique” du gouvernement pour tenter de faire taire le Parlement avant le Brexit, qu’il souhaite mettre en oeuvre à tout prix le 31 octobre.

Sans expliquer comment, Geoffrey Cox a toutefois assuré que l’exécutif respecterait une loi votée dans l’urgence, avant la suspension, l’obligeant à demander un délai en cas de “no deal” avant l’échéance.

Suspendu depuis le 10 septembre, le Parlement devait le rester jusqu’au 14 octobre, à seulement deux semaines de la date prévue du Brexit. Mais cet ajournement a été jugée “illégal” par la plus haute juridiction du pays.

“Coup d’Etat constitutionnel”

Si elle a été saluée comme une bonne nouvelle pour la démocratie par les adversaires de Boris Johnson, la décision des juges suprêmes a fâché les Brexiters. Comme le ministre des Relations avec la Chambre des Communes, Jacob Rees-Mogg, qui a fustigé un “coup d’Etat constitutionnel”, selon les médias britanniques.

“Il y a beaucoup de gens qui veulent empêcher ce pays de sortir de l’UE”, avait-il réagi à New York où il participait à l’Assemblée générale de l’ONU.

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