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Grèves des routiers : Brasilia mobilise l’armée, un syndicat recule

Des milliers de routiers brésiliens font grève depuis cinq jours pour protester contre la hausse du prix du pétrole. KEYSTONE/AP/ERALDO PERES sda-ats

(Keystone-ATS) L’un des principaux syndicats de transporteurs routiers du Brésil a appelé vendredi à lever les barrages qui paralysent le pays depuis lundi. Il s’exprimait après la décision du gouvernement de mobiliser l’armée pour dégager les grands axes.

L’Association brésilienne des camionneurs (Abcam) s’est dite “inquiète de la sécurité des chauffeurs”. Elle a demandé dans un communiqué “que les manifestations se poursuivent de façon pacifique, sans obstruer les voies”, explique ce syndicat, qui revendique 600’000 routiers indépendants.

Le ministre de la Défense Joaquim Silva e Luna venait d’annoncer que l’armée agirait “de façon rapide, coordonnée et énergique (…) pour libérer la circulation dans des zones critiques” comme les raffineries et les aéroports.

Situation critique

Le gouvernement a affirmé vendredi en fin de journée que 45% des barrages avaient déjà été levés. “La Police Routière Fédérale avait recensé 938 barrages, il n’en reste que 519”, a assuré le ministre de la Sécurité publique Raul Jungmann.

Mais la situation demeurait extrêmement critique au cinquième jour de cette grève pour protester contre la hausse des prix du diesel. Vols annulés, stations-service à sec, supermarchés à cours de produits frais: le Brésil était au bord du chaos.

“Nous n’allons par permettre que la population n’ait pas accès à des produits de première nécessité (…), que les hôpitaux n’aient pas les médicaments nécessaires pour sauver des vies”, a expliqué le président Michel Temer pour justifier l’intervention de l’armée.

“Négociations terminées”

Dans un communiqué conjoint, les leaders des principaux syndicats du pays ont affirmé que “la décision du gouvernement de mobiliser l’armée comme instrument de répression” revenait à “tenter d’éteindre l’incendie avec de l’essence”. Le maire de Sao Paulo, capitale économique du pays, a même décrété l’état d’urgence, une mesure extrême permettant notamment de réquisitionner du combustible.

Jeudi, considérant que les autorités n’avaient “pas répondu aux attentes”, l’Abcam avait décidé de quitter une réunion avec le gouvernement. D’autres syndicats en revanche ont signé à l’issue de la rencontre un accord pour une trêve de 15 jours dans cette grève menée contre la hausse des prix du diesel.

“Nous avons accepté les 12 revendications prioritaires des routiers, qui se sont engagés à mettre fin aux barrages immédiatement. Mais malheureusement une minorité radicale a continué de bloquer les routes”, a souligné vendredi le président Temer, en référence aux sept heures de négociations de la veille.

“Les négociations sont terminées, maintenant, nous attendons que les termes de l’accord soient respectés”, a ajouté le chef du gouvernement, Eliseu Padilha.

Crédibilité ébranlée

Les problèmes majeurs d’approvisionnement causés par cette grève ont affecté l’ensemble de l’économie, dans cet immense pays qui n’a quasiment pas de réseau ferroviaire et où 60% du transport de marchandises s’effectue par la route.

Cette situation chaotique porte un rude coup à la crédibilité du gouvernement de centre droit de M. Temer, à moins de cinq mois de l’élection présidentielle d’octobre, et touche une économie qui a du mal à se remettre sur pied après la récession historique de 2015-2016.

Les prix du diesel ont fortement augmenté récemment en raison de la hausse du cours du pétrole et d’une nouvelle politique de tarifs de Petrobras, qui s’est alignée depuis la fin 2016 sur les cours internationaux.

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