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Grippe aviaire: oiseaux de zoo vaccinés avec succès

Cette oie de Magellan subit une prise de sang pour tester l'efficacité du vaccin. Keystone

Les autorités vétérinaires tirent un bilan positif de la vaccination contre la grippe aviaire de 365 oiseaux dans quatre zoos suisses à fin 2005.

Les jardins zoologiques de Bâle, Berne, Goldau et Zurich avaient demandé l’autorisation d’administrer ces vaccins après l’apparition du virus H5N1 en Suisse l’automne dernier.

La plupart des 365 oiseaux vaccinés des zoos ont bien supporté l’opération, indiquent jeudi à Zurich des responsables de l’Office vétérinaire fédéral (OVF) et de l’Université de Zurich.

Ce projet de recherche a dû être spécialement autorisé par l’OVF, car la vaccination d’animaux contre la grippe aviaire est en principe interdite en Suisse.

«Il ne s’agissait pas là d’un test pour la vaccination des volailles en Suisse, mais d’un projet scientifique visant à mieux connaître la vaccination sur les oiseaux exotiques. Les résultats sont déjà connus chez les poulets: les vaccinations les protègent contre la maladie, mais pas contre la transmission de l’infection» explique Marcel Falk, de l’OVF.

Qui ajoute: «La Suisse est actuellement exempte de cas de grippe aviaire et nous souhaitons que cela reste ainsi, raison pour laquelle nous ne vaccinons pas la volaille. Car en cas de vaccination, un oiseau peut tout de même être infecté et ne montrer aucun symptôme, et donc être vendu sans même que l’éleveur sache qu’il est infecté».

Pas de certitude

La situation des zoos est cependant particulière, souligne Marcel Falk, de l’OVF. Un grand nombre des oiseaux détenus ont beaucoup de valeur et certains appartiennent à des espèces menacées. De plus, les oiseaux de zoo n’entrent généralement pas en contact avec des volailles domestiques.

Dans le projet autorisé, des prélèvements sanguins ont été effectués 10, puis 26 semaines après la vaccination. Ils ont permis de mettre en évidence de grandes quantités d’anticorps considérés comme protecteurs chez plus de 80% des oiseaux appartenant à 11 ordres différents.

«Mais sans le test d’une épidémie, nous ne savons pas si les anticorps développés suffiraient à protéger contre la maladie», déclare le professeur Jean-Michel Hatt.

Vacciner annuellement

Les quantités d’anticorps des oiseaux ont par ailleurs rapidement diminué; elles étaient presque nulles après 26 semaines chez les pingouins de Humboldt et les grands-ducs d’Europe. «Cela prouve que la vaccination doit être renouvelée tous les ans», note un expert.

L’étude sera donc reconduite au cours de cet hiver, sur 600 oiseaux cette fois. Elle permettra de mesurer les anticorps 12 mois après la première vaccination, les réactions à une seconde vaccination et les réactions de nouvelles espèces d’oiseaux.

Plusieurs centaines d’autres zoos européens ont également fait vacciner leurs animaux.

Quelque 170 oiseaux d’eau vivants ou morts ont été analysés depuis juillet en Suisse, et aucun cas de grippe aviaire n’a été décelé, note Marcel Falk. Jusqu’au 30 avril, l’élevage en plein air est interdit sur une bande de 1 km autour des principaux lacs et cours d’eau du Plateau suisse.

swissinfo et les agences

2003-2004 : le virus H5N1 apparaît dans quelques pays asiatiques, en se propageant rapidement entre les oiseaux sauvages et la volaille. En Extrême-Orient sont signalés les premiers cas de transmission à l’homme.

2005 : après avoir atteint la Sibérie et l’Asie centrale, l’épidémie commence à se répandre, par le biais des oiseaux, à l’Europe orientale et à la Turquie.

Février 2006 : la grippe aviaire arrive en Afrique et en Europe occidentale.

Mars 2006 : en Suisse, la présence du virus est constatée sur une trentaine d’oiseaux aquatiques entre le 23 février et le 31 mars.

Décembre 2006: au cours de ces trois dernières années, la grippe aviaire a coûté la vie à plus de 150 personnes en Asie et en Egypte. En Europe, aucun cas de transmission à l’homme n’a été constaté.

La grippe est causée par une invasion de virus dans le corps humain, qui se multiplient rapidement dans les tissus et les organes.

La grippe saisonnière frappe chaque année des centaines de millions de personnes autour du monde, faisant des dizaines de milliers de morts.

Une pandémie de souches virales hautement pathogènes, comme le H5N1, a lieu en moyenne 3 à 4 fois par siècle.

En 1918, la grippe espagnole a provoqué la mort de 30 à 40 millions de personnes. La pandémie de 1957 avait fait 1 à 2 millions de victimes, et celle de 1968 de 800’000 à 1 million de morts.

Jusqu’à présent, le H5N1 s’est transmis à l’homme presque exclusivement par contact direct avec de la volaille infectée. Le virus pourrait entraîner une pandémie seulement s’il subissait une mutation qui permettrait la transmission d’humain à humain.

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