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Les Suisses cherchent un meilleur accès au marché chinois

Chinese Vice President Wang Qishan (left) and Swiss President Ueli Maurer
Le vice-président chinois Wang Qishan (à gauche) et le président suisse Ueli Maurer (à droite) se sont entretenus lundi à Zurich sur diverses questions, notamment l'accès au marché et l'accord de libre échange entre les deux pays. © KEYSTONE / ENNIO LEANZA

La présence du vice-président chinois à la réunion annuelle du Forum de Davos intervient à un moment de ralentissement de la croissance économique dans l’empire du Milieu et de surveillance croissante des investissements chinois à l’étranger. La Suisse veut quant à elle renforcer ses échanges avec Pékin.

Obscurité. Appréhension. Préoccupation. Le vice-président chinois Wang Qishan, qui assiste actuellement au Forum économique mondial de Davos, doit préférer éviter la lecture de la presse locale lors de son séjour en Suisse.

La Neue Zürcher Zeitung, principal quotidien de la place économique zurichoise, a relevéLien externe «des nuages sombres dans le ciel chinois». «L’économie chinoise se refroidit et l’Occident en ressent les effets», a pour sa part soulignéLien externe le quotidien spécialisé Finanz und Wirtschaft, pointant le ralentissement des ventes des grandes marques internationales. Même 20 Minuten, tabloïd gratuit alémanique, fait état des perspectives défavorables pour la deuxième économie mondiale.

L’une des raisons de cette morosité est la publication trimestrielle des chiffres officiels de la croissance économique à Pékin lundi dernier. La deuxième économie mondiale a enregistré une croissance de 6,6% sur l’année, son rythme le plus lent depuis 1990, selon le Bureau national des statistiques de Chine. Les observateurs ont constaté un ralentissement au cours du second semestre de 2018 et ont remis en question, comme d’habitude, l’exactitude des chiffres officiels.

Effets en Suisse

Les médias suisses s’inquiètent des conséquences du ralentissement économique en Chine pour la Suisse, qui pourraient être importantes. La Chine est le principal partenaire commercialLien externe de la Suisse en Asie. Les entreprises suisses exportent davantage vers le géant asiatique que vers l’Autriche voisine.

Un ralentissement économique risque également de freiner les voyages de la classe moyenne chinoise, toujours en croissance. Cela pourrait nuire aux pôles touristiques suisses accueillant les touristes chinois, comme Lucerne, et les entreprises proposant des trajets pittoresques en montagne, à l’instar des chemins de fer de la Jungfrau.

Mais les chiffres ne brossent pas un tableau totalement sombre pour l’économie chinoise. Les dépenses de consommation et la production industrielle ont affiché une meilleure performance que prévu. En outre, alors que la croissance a ralenti en Chine, la demande reste importante.

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Acquisitions chinoises

La presse suisse s’inquiète également de plus en plus des acquisitions de sociétés chinoises dans le pays. Trois initiatives parlementaires émanant de différents partis politiques exigent des contrôles sur les investissements étrangers dans les entreprises locales. Ce faisant, ils réagissent à une série d’acquisitions prestigieuses, telles que Syngenta par le conglomérat de produits agrochimiques de ChemChina, et à des contrats impliquant le groupe HNA, actuellement en difficulté.

«Je crains une fuite de savoir-faire, des pertes d’emplois, mais aussi des conséquences pour la sécurité publique», a récemment déclaré à la télévision publique suisse SRF Beat Rieder, parlementaire démocrate-chrétien (PDC / centre-droit).

Contenu externe

Mais tout le monde ne partage pas cette analyse. La Fédération suisse des entreprises, economiesuisse, a écarté ces préoccupations dans un communiqué publié le 18 janvier. Elle qualifie l’idée d’une surveillance plus stricte de «mauvais diagnostic pour un problème inexistant». Et ce en précisant que la Suisse dispose déjà des mécanismes nécessaires pour protéger les infrastructures et les technologies critiques d’une intrusion venue de l’étranger.

Pour economiesuisse, il serait également contre-productif d’introduire de nouvelles restrictions tout en exigeant la levée de telles restrictions sur d’autres marchés. Les exportateurs suisses demandent en effet un plus grand accès au marché à l’étranger, y compris en Chine.

De son côté, le secrétariat d’État aux affaires économiques de la Suisse (SECO) insiste pour que le champ d’application de l’accord de libre-échange avec la Chine soit élargi. Des efforts qui n’ont pas encore donné de résultats appréciables, a notéLien externe la NZZ la semaine dernière.

Chute des investissements chinois 

Le président de la Confédération, Ueli Maurer, a eu des entretiens avec le vice-président chinois Wang à Zurich lundi. Au sujet de l’accord de libre-échange conclu entre les deux pays, Ueli Maurer a déclaré à télévision suisse que les deux gouvernements avaient convenu de travailler à l’amélioration de l’accès au marché. Un sujet qui sera au cœur du voyage du président suisse en Chine prévu en avril.

Ueli Maurer a rejeté les appels en faveur d’une surveillance renforcée des investissements étrangers: «Je ne pense pas que la Suisse veuille fixer des obstacles ici. Travailler avec des investisseurs importants contribue à la croissance économique et à la prospérité.»

Une étudeLien externe récente réalisée par l’American Enterprise Institute suggère que les investissements chinois à l’étranger ont fortement chuté l’an dernier et que le déclin s’est accéléré vers la fin de l’année. La surveillance accrue des Etats est l’une des raisons, parmi d’autres, du ralentissement économique chinois.

Traduit de l’anglais par Frédéric Burnand

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