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Haro sur Matteo Renzi pour les statues antiques cachées à Rohani

(Keystone-ATS) Les dirigeants d’opposition et les médias italiens ont redoublé de critiques mercredi contre le président du Conseil Matteo Renzi. Motif: des statues antiques de nus féminins avaient été dissimulées lors de la visite à Rome du président iranien Hassan Rohani.

Les journaux ont publié en une des photographies des “boîtes” qui ont masqué ces statues aux yeux du dirigeant iranien.

Même le ministre de la Culture, Dario Franceschini, a parlé d’une décision “incompréhensible”. Hassan Rohani, a-t-il ajouté, aurait pu être accueilli ailleurs qu’au Capitole.

Demande de l’ambassade d’Iran

Dario Franceschini a affirmé que ni lui ni le président du Conseil n’avaient été informés de cette décision, prise à la demande de l’ambassade d’Iran.

Les services du chef du gouvernement ont accédé à cette demande sans même en informer M. Renzi, selon la presse italienne. Une enquête interne a été ouverte.

Interrogé à ce sujet à son départ de Rome, Hassan Rohani a dit tout ignorer de cette affaire et a remercié l’Italie pour “sa grande hospitalité”.

“Totale idiotie”

Francesco Rutelli, ancien maire de Rome et ancien ministre de la Culture, a déclaré que cacher les statues était “une totale idiotie et un sacrilège culturel”. “Fallait-il, pour ne pas offenser le président iranien, nous offenser nous-mêmes”, s’interroge le quotidien de gauche La Repubblica.

La Stampa critique “les petits génies du protocole” qui ont craint que Rohani ait un “choc hormonal” en voyant les statues et annule la signature de contrats. En couvrant les statues, l’Italie s’est “couverte de ridicule”, estime de son côté le journal d’opposition Il Giornale.

“Capitulation”

“Respecter les autres cultures, cela ne veut pas dire renier la nôtre”, avait déclaré mardi Luca Squeri, député du parti de droite Forza Italia. “Ce n’est plus du respect, c’est la négation des différences, une sorte de capitulation.”

Pour Barbara Saltamartini, députée de la Ligue du Nord, couvrir les statues est “un acte de soumission”. Le dirigeant de son parti, Matteo Salvini, a parlé de “folie”.

Lors d’un dîner officiel lundi soir, et à la demande des Iraniens, le vin ne figurait pas au menu.

L’an dernier, Matteo Renzi avait essuyé les mêmes critiques lorsqu’il avait fait couvrir des tableaux de nus à la mairie de Florence lors d’une visite du prince héritier des Emirats arabes unis.

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