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Il faut agir contre la mutilation des femmes

Femmes somaliennes en campagne l'an dernier contre des pratiques qui touchent aussi la Suisse. Keystone

Selon l’UNICEF, 7000 femmes excisées vivent en Suisse. Ce type de pratique est théoriquement punissable en droit suisse, soulignent des experts.

L’agence de l’ONU pour la protection de l’enfance invite à une meilleure information et à une formation idoine pour les professionnels de la santé.

Pas moins de 2 millions de petites filles sont victimes d’excision dans le monde chaque année. Très concrètement, on leur coupe le clitoris et les petites lèvres de la vulve. Et parfois aussi les grandes lèvres. Leur sexe est ensuite presque entièrement recousu (infibulation).

Ces pratiques sont souvent menées dans des conditions d’hygiène catastrophiques. Elles engendrent de lourdes souffrances et parfois la mort.

L’excision touche avant tout le contient africain. Mais suite aux migrations, la Suisse est, elle aussi, concernée, constate l’UNICEF. Les 7000 femmes excisées (estimation) vivant en Suisse viennent de Somalie, d’Ethiopie et d’Erythrée principalement.

Un constat sans concession

Selon l’enquête de l’UNICEF réalisée en Suisse l’an dernier auprès du personnel médical et des services sociaux, 29% des 1800 personnes interrogées ont eu à faire avec des femmes excisées.

Cette proportion passe même à 28% chez les sages-femmes et à 61% chez les gynécologues. Pire même: 40% des sondés ont dû soigner des complications consécutives à l’excision.

En Suisse toujours, trois gynécologues, deux sages-femmes et un pédiatre se sont vus demander de pratiquer une excision. Et un quart d’entre eux ont été invités à «recoudre» une femme après un accouchement.

Ce type de mutilation est-il pratiqué en Suisse? Très probablement, constate l’UNICEF. 203 professionnels ont eu vent de cas concrets.

Prévention et sensibilisation

Face à des pratiques qui touchent désormais le territoire fédéral, l’organisation souhaite sensibiliser le grand public et mener une prévention ciblée sur les populations migrantes.

Elle note aussi que la plupart des professionnels de la santé demandent des cours médicaux et juridiques sur cette thématique.

Sur le plan juridique justement, une expertise demandée par l’UNICEF montre que l’excision est contraire au droit suisse. Toute personne exécutant ou faisant pratiquer une excision se rend coupable de lésions corporelles graves.

Et cela vaut aussi pour les parents qui font exciser leur fille dans leur pays d’origine, précisent les juristes mandatés.

Quant à la question de savoir si un médecin est en doit de réinfibuler une femme après accouchement, elle ne fait pas l’unanimité. En théorie, cet acte correspondrait à une lésion corporelle simple.

swissinfo et les agences

1799 professionnels de la santé et du social ont été interrogés dans le cadre de l’enquête de l’UNICEF.
518 d’entre eux ont été confrontés à des femmes excisées.
203 ont entendu parler de cas pratiqués en Suisse sur des jeunes filles.
Deux sages-femmes, trois gynécologues et un pédiatre ont été invités à pratiquer une excision.

– On compte dans le monde 130 millions de femmes excisées.

– En Suisse, elles sont quelque 7000 selon l’UNICEF.

– Selon la Convention européenne des droits de l’homme, dont la Suisse est signataire, la protection des filles contre cette pratique est obligatoire.

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