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Il y aura un effet climat, mais pas forcément celui qu’on imagine

Depuis le début de l'année, des milliers de jeunes descendent dans les rues pour le climat comme ici à Lausanne le 15 mars. De nombreux observateurs se demandent combien d'entre eux se mobiliseront pour les élections fédérales en octobre (archives). KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) Depuis le début de l’année, la jeunesse suisse descend dans les rues du pays pour défendre le climat. En cette année d’élections fédérales, de nombreux observateurs se demandent si cette mobilisation se transférera dans les urnes. L’équation n’est pas si simple.

Plus de 50’000 jeunes ont défilé dans les rues suisses pour la première grève du climat au niveau mondial le 15 mars dernier. L’ampleur de la mobilisation contraste avec le très faible taux de participation des 18-24 ans (30%) lors des dernières élections fédérales.

Cette apparente contradiction n’en est toutefois pas totalement une pour René Knüsel, politologue à l’Université de Lausanne. “Les jeunes s’engagent pour défendre des causes mais pas forcément sur la durée. De plus, il n’est pas sûr que les manifestants perçoivent leur action comme un geste politique”, explique-t-il.

M. Knüsel n’exclut pas que ces manifestations incitent certains jeunes à s’engager politiquement à l’instar de la guerre du Vietnam qui avait en son temps mobilisé une partie de la jeunesse. L’universitaire rappelle toutefois que la plupart des manifestants sont des gymnasiens qui ne disposent pas encore du droit de vote.

Hausse des adhésions

Certaines jeunesses de parti ont en tout cas constaté une hausse des adhésions depuis le début du mouvement de grève. “En général, nous avions 20 à 30 nouvelles adhésions par mois. Depuis décembre, le rythme a plus que quadruplé avec plus de 100 nouveaux membres par mois”, indique Kevin Morisod, co-président des Jeunes Verts suisses.

Leur pendant libéral fait état d’une augmentation de presque 50% depuis l’année dernière et de nouvelles inscriptions chaque semaine. Les rangs de la Jeunesse socialiste se sont également garnis. “Il est impossible d’établir un chiffre précis sur les membres que nous gagnons par mois précisément en raison des grèves”, précise toutefois son vice-président Bertil Munk. Pas de hausse notable constatée en revanche du côté des Jeunesses PDC et PLR.

La participation des jeunes a également été plus importante lors des élections cantonales zurichoises qu’il y a quatre ans. Selon des chiffres détaillés pour la ville de Zurich, 23,5% des 18-29 ans se sont rendus aux urnes en 2019 contre 19,5 % en 2015. La hausse s’est révélée plus marquée chez les femmes (+ 4,7 points de pourcentage) que chez les hommes (+ 3,4 points de pourcentage). La participation totale s’est élevée à 36,1%.

Visibilité accrue

Pour René Knüsel toutefois, l’impact le plus important des grèves du climat réside dans la visibilité qu’elles donnent à la question climatique. “Le fait de voir les jeunes dans les rues indique l’importance du problème. Cela lui donne une visibilité immédiate”, relève-t-il.

Une visibilité immédiate qui a déjà eu un impact dans les urnes: lors des élections cantonales à Zurich, Lucerne et Bâle-Campagne, les Verts et les Vert’libéraux ont progressé. Les Verts n’ont pas seulement repris le terrain qu’ils avaient perdu lors des dernières élections, ils ont conquis de nouveaux sièges.

Cette croissance ne s’est pas faite au détriment du PS mais du camp bourgeois et de l’UDC, explique le politologue. Et de prédire pour les élections fédérales “qu’il y aura probablement un effet climat dont l’ampleur dépendra de la chaleur de l’été ou d’un autre événement hors du commun qui pourrait advenir. Ce sont les climato-sceptiques qui vont perdre des sièges”.

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